La Verdure dorée/Tu ne crois plus aux beaux cheveux

La Verdure doréeÉditions Émile-Paul frères (p. 211-212).

CXXV


Tu ne crois plus aux beaux cheveux,
Aux seins qu’une rose décore,
Et, le cœur morose, tu veux
Cependant les chanter encore.

Un beau regard, s’il te sourit,
Tu le railles, mais tu regrettes
Ces printemps morts où ton esprit
Était plein d’étoiles secrètes.

Herbes chaudes, lilas mouillés,
Bleus platanes sous l’azur ivre,
Et l’amour, tu t’émerveillais,
Tu dansais, tu riais de vivre,

Roses rouges, feuillages verts,
Tumulte des gloires physiques,
L’univers sonore et divers
N’était que couleurs et musiques,

Et tu chantais, mais cette voix,
Ténor naïf, n’était que celle
Du printemps ivre dans les bois
Et de la vie universelle.


Et pourtant, ce temps était beau
Mais où sont les vieilles rosées ?
Tu promènes sous ton chapeau
Des constellations brisées,

Et te penchant sur le décor
De l’ancienne frénésie,
Tu la veux respirer encor
Ainsi qu’une rose moisie.