La Verdure dorée/Reste dans ta coquille et dédaigne, escargot

CIX

À Jean Pellerin.


Reste dans ta coquille et dédaigne, escargot,
Cet humide parfum de rose et d’abricot ;
Ta solitude sera douce si tu l’ornes
De beaux rêves ; il pleut ; tu mouillerais tes cornes.
L’averse drue et chaude écrase le gazon,
Et les tonnerres illuminent la maison
Et la muraille où tu te colles sous les toiles
D’araignées ; et le vent a soufflé les étoiles
Et la lune a roulé dans l’herbe comme un fruit.
Rentre tes cornes ; loin des éclairs et du bruit,
Médite sur toi-même et dore tes pensées.
L’orage fauche l’herbe et les feuilles froissées ;
Il siffle et fait voler les ardoises du toit.
Laisse le monde s’écrouler autour de toi.