C’est faillir grandement de penser que notre âme
Les Œuvres poëtiques du sieur Bernier de la Brousse, Julian Thoreau, (p. 196).
LXXIX.
C’eſt faillir grandement de penſer que noſtre ame
En l’abſence de l’œil qui la domte en aymant,
Recognoiſſe amoindrir ſon amoureux tourment,
Et viue ſans ſoucy, ſans danger, & ſans blaſme.
Non, cela n’eſt point vray, ie le ſçay bien, Madame,
Car ores eſlongné de mon contentement,
Ton ſouuenir parfait me nuit plus durement
Que ne fait pres de toy le doux traict qui m’entame :
Les bois n’ont peu cacher ſoubz leurs rameaux touffus
Mes dures paſſions qu’ont cauſé tes refus,
Bien que ſoubs ceſt eſpoir i’euſſe fuy ta preſence :
Las ! on ne peut forcer l’ordonnance des Cieux,
Amour eſt inuaincu de tous temps, en tous lieux,
Et par diuers effects nous monſtre ſa puiſſance.