Bulletins d’arboriculture, de floriculture et de culture potagère/Pêche Dagmar

Pêche Dagmar
Bulletins d’arboriculture, de floriculture et de culture potagère (p. 177-178).

Pêche Dagmar.

Le Comité du Cercle d’arboriculture de Belgique qui déjà a pu apprécier le mérite de quelques-unes des pêches anglaises cultivées au château de notre honorable président, ne peut résister au désir de faire connaître à ses lecteurs encore une de ces belles et bonnes productions de nos confrères d’Outre Manche.

La pêche Dagmar est bien digne, en effet, de venir à la suite des Early Bivers et Alexandra Nobless, publiées dans ce même recueil.

La pêche Dagmar est une variété demi hâtive, mûrissant vers le 15 août. D’après son obtenteur M.  Rivers — toujours l’heureux M.  Rivers — ce gain est issu d’un noyau d’une de ses productions : Rivers Prince Albert ou tout court Early Albert, qui elle-même est un précieux fruit, au dire du savant pépiniériste anglais, qui la recommande for general culture. D’ailleurs, on est si habitué en Angleterre et même en Amérique aux pêches de M.  Rivers, que son seul nom est pour ces fruits un certificat d’excellence.

Comme le montre la planche qui accompagne ces lignes, la pêche Dagmar est un fruit d’un beau volume et d’un aspect fort séduisant par son teint chaud cramoisi-pourpre. Hâtons-nous de dire que ces belles apparences ne sont pas trompeuses ; sous l’épicarpe un peu plus duveteux que chez d’autres variétés, se trouve une chair fine, fondante, en un mot et pour nous servir d’une expression anglaise, rich. Les membres du Comité de pomologie qui ont dégusté les exemplaires apportés au Casino de Gand, seront unanimes à déclarer que notre appréciation ne peut être qualifiée d’exagérée.

L’arbre est d’une bonne croissance. Notre confrère M.  Van Herzeele, jardinier chef de M.  de Ghellinck de Walle, en a des spécimens conduits en U double qui témoignent hautement qu’en dehors des vastes cultures artistiques de plantes de serres, on peut s’occuper aussi avec goût et talent de la modeste arboriculture.

S’il nous est agréable de reconnaître que la pomologie doit beaucoup à M.  Rivers pour la persévérance avec laquelle il s’est appliqué à la régénération d’une quantité de pêches, nous ne pouvons d’un autre côté assez appeler l’attention des semeurs sur l’importance de procéder par fécondation artificielle. Sans doute M.  Rivers a procédé par cette voie que ses cultures en pots lui rendaient facile.

En présence des résultats obtenus par ce célèbre cultivateur, on ne saurait prétendre qu’il ait agi au hasard et semé au petit bonheur.

Ainsi en 1867, M.  Rivers a mis au commerce les pêches Alexandra Nobless, Lord Palmerston, Lady Palmerston, Early Victoria, Early Beatrice, Early Louise, Early Rivers, Nectarine Peach, Dagmar. Nous en omettons peut-être d’autres.

Il faut donc bien admettre que le semeur a travaillé avec intelligence et perspicacité. Le hasard n’est jamais si généreux.