Bulletins d’arboriculture, de floriculture et de culture potagère/Pêche Alexandra Nobless

Pêche Alexandra Nobless
Bulletins d’arboriculture, de floriculture et de culture potagère (p. 80-82).

Pêche Alexandra Nobless.

Les membres du Cercle qui ont visité la grande Exposition de fruits tenue à Gand le 21 septembre, se rappelleront encore le superbe fruit dont la chromolithographie ci-contre donne un fidèle portrait. Dans le splendide lot de fruits variés exposés par M.  de Ghellinck de Walle, notre honorable Président, figuraient encore malgré la saison avancée, quelques-unes de ces belles et bonnes pêches anglaises, dont il a réuni un grand assortiment dans son jardin fruitier à Wondelgem. Ces fruits étaient à leur apogée de conservation, aussi M.  De Pannemaeker, notre artiste, a-t-il du faire ses modèles sur place.

La pêche Alexandra Nobless est une nouvelle variété obtenue d’un noyau de la pêche que les Anglais nomment Nobless et qui est tout simplement une sous-variété peu distincte de notre excellente pêche Double Montagne, sinon tout à fait la même variété. L’obtenteur de cette pêche remarquable est M.  Rivers, l’habile et heureux semeur de Sawbridgeworth, qui l’a mise au commerce en 1867. C’est, nous assure-t-on, le meilleur de ses gains.

La pêche Alexandra Nobless est d’un gros volume et de forme ovale arrondi, se terminant brusquement par un très petit mamelon en pointe ; le sillon est peu ou point prononcé.

Peau finement veloutée, vert jaunâtre et a joue d’un rouge léger (délicate red-cheeked), veiné cramoisi foncé. La chair est blanche, un peu striolée de rouge vineux près du noyau, dont elle se détache franchement. Elle est juteuse, fondante et très fine ; maturité dernière quinzaine d’août. Les feuilles sont d’ampleur et de couleur ordinaires, à glandes nulles. Fleurs grandes. L’arbre est d’une végétation robuste et vigoureuse,

M.  Rivers la dit remarquable par ses nombreuses qualités, tant au point de vue du fruit que de la production volontaire en espalier, en pots, et en culture sous verre.

C’est surtout sous ce dernier rapport que la pêche Alexandra Nobless est une acquisition précieuse : avec la grosse Mignonne hâtive[1] et la Madeleine Hanche qui la précèdent et la Double Montagne qui la suit, elle fera une bonne série de succession. On peut dire qu’elle sera le trait d’union entre ces deux dernières, qui occupent une si large place dans les cultures de primeur. La pêche qu’on cultive presque exclusivement en Hollande, et avec tant de succès sous châssis, sous le nom de Witte dubbel Montagne ou Double Montagne à noyau blanc, est la Madeleine blanche. La Double Montagne ordinaire ne jouit pas seulement d’une haute réputation et est cultivée dans l’Europe entière, mais elle est abondamment répandue en Amérique. L’Alexandra Nobless, en venant combler l’interruption de récolte entre ces deux variétés, compose un beau et bon trio carpophile. Espérons que les pépiniéristes seront bientôt à même de répandre ici les pèches anglaises comme elles le méritent. Les cartons du Cercle d’arboriculture renferment encore quelques modèles de variétés les plus remarquables, dont la publication se fera après la récolte prochaine, lorsque nous aurons pu les soumettre à une nouvelle étude.

En terminant, nous ajouterons que, parmi les variétés suivantes de pêches anglaises dégustées une première fois cet été, la variété Alexandra Nobless se trouve au premier rang, ainsi qu’il résulte du livre de notes de notre digne Président.

Nous avons sous les yeux un extrait de ces intéressantes annotations.


Early Rivers. Dagmar.
Ea"ly Beatrice. Nectarine Peach.
Ea"ly York. Golden rare ripe (chair jaune).
Ea"ly large Mignonne (var. distincte de l’ordinaire). Lady Palmerston.
Abec. Lord       "
Alexandra Nobless. Princess of Wales.



  1. La rectification faite par M.  De Mortillet à notre description des fleurs de la pêche Mignonne hâtive, à propos de la Rivers Early, est parfaitement exacte, et nous regrettons de ne pas avoir été en mesure de consulter à ce moment-là, le travail spécial fait sur la Pêche par le célèbre pomologue. Nous aurions acquis la conviction, que la pêche répandue dans presque tous les jardins des Flandres, sous le nom de Mignonne ou Mignonne précoce ou hâtive et qui est bien à petites fleurs rouge brique, n’est pas la vraie et pourrait n’être autre chose que la petite Mignonne ancienne, que M.  De Mortillet a détachée du groupe des Mignonnes en lui rendant son nom de Double de Troyes.