Brèves apologies de nos auteurs féminins/Auteurs de demain

AUTEURS DE DEMAIN



Par une heureuse indiscrétion d’une de nos femmes auteurs — les femmes de lettres n’en commettent pas d’autres — nous avons appris précisément au moment de la mise en pages de notre travail que deux de nos écrivains féminins les plus accrédités dans le public étaient à préparer un ouvrage pour être livré au public dans un avenir assez rapproché.

Comme les femmes de lettres ont toujours un pardon dans le cœur, Mmes  Donat Brodeur et D. Boissonnault nous pardonneront sans doute si nous commettons l’indiscrétion à notre tour de confier cette bonne nouvelle à la dernière page de notre livre, et de reproduire même leurs photographies que leur amie intime nous a transmises à notre demande.

Toutes deux ont pour nous des titres particuliers à notre attention. Québec est le lieu de naissance de Mme  Brodeur, connue dans le monde des lettres sous le pseudonyme de Louyse de Bienville, et Trois-Pistoles est le village natal de Mme  Boissonnault, connue autrefois dans le Journal sous le pseudonyme de Solange.

Mme  Brodeur évoque encore le souvenir ému de notre grand historien Garneau, dont elle est la petite-fille par sa mère, et de Joseph Marmette, ce délicat romancier dont elle est la fille, et que nous avons connu à Québec, alors que jeune écolier au Petit Séminaire, son nom était si populaire et son meilleur roman, François de Bienville, l’objet de nos convoitises. Mme  Boissonnault nous rappelle aussi le souvenir de son père, M. Jules Dumais, un des notaires les plus appréciés de son temps.

Ces deux femmes de lettres nous sont connues depuis longtemps.

Louyse de Bienville est cet écrivain épris d’art et de littérature qui a collaboré plusieurs années au Soleil de Québec, et qui ensuite dans le Journal de Françoise et la Bonne Parole nous donnait ces articles remarquables intitulés « L’Art dans la vie », « Le culte du Beau », et des causeries sur le bon vieux temps et l’esprit familial. La Revue Moderne, de Madeleine, la compte aussi comme une de ses collaboratrices.

La revue Pour vous, Mesdames, à laquelle elle a aussi collaboré et que dirigeait Gaëtane, disait un jour d’elle :

« Son talent sérieux, qui semble tenir de son double ascendant littéraire, lui permet d’essayer avec la même sûreté de touche, les genres les plus divers. Qu’elle écrive une nouvelle, ou qu’elle traite les graves questions d’intérêt social, elle sait toujours prendre le ton qu’il faut et le maintenir jusqu’au bout. Dans la nouvelle, la tendance imaginative et mystique de l’écrivain déploie largement ses ailes, et, par la magie des mots, nous entraîne à sa suite jusqu’aux limites de la vraisemblance, et si elle développe un sujet positif, c’est toujours en s’appuyant sur une argumentation sûre et abondante ; sans perdre de vue son sujet, Louyse de Bienville nous promène alors à travers des citations nombreuses, qui disposent l’esprit à accepter toutes ses conclusions. »

Louyse de Bienville a aussi fait sa réputation comme conférencière. Elle s’est fait entendre à Montréal en plusieurs circonstances et sur des sujets intéressants, tels que : Beaumarchais, Molière, Loti, La jeune fille moderne. L’idéal et les femmes, Jeanne d’Arc. Deux héroïnes de la Nouvelle-France : Hélène Boullé et Madeleine de Verchères, Aperçu sur la littérature au 17e siècle, Nos fils. Nos filles, L’Action Sociale et les femmes.

Ces conférences ont été données à Montréal, au cours des dernières vingt années, au Cercle littéraire, à la Société des Antiquaires, section féminine, au Cercle artistique des femmes, à l’École d’Enseignement supérieur pour les jeunes filles, à la Fédération Nationale St-Jean-Baptiste.

Mme  Boissonnault est aussi une de nos meilleures plumes dans le journalisme à Québec. Elle est surtout connue comme poète. L’Événement' et L’Action Catholique ont publié depuis plusieurs années un bon nombre de ses poésies ; elles sont d’une belle inspiration et dénotent un beau talent.

Feuilles d’érables. Mes larmes, Prière de Bébé, Rêvez, Profils de la Nouvelle France, Trois-Pistoles, sont des poésies que nous avons goûtées et que nous avons recueillies avec soin.

Ce sont ces poésies, entre autres, qu’elle nous présentera bientôt en recueil.

Seront-elles des « fleurs de givre » ou des « fleurs de printemps ? »

Nous avons connu aussi en villégiature Mme  Boissonnault au Progrès du Saguenay et au St-Laurent de Fraserville,

Dans l’article de Madeleine : Nos femmes écrivains, en date du 23 juin 1901, que nous avons souvent cité, nous avons de Mme  Boissonnault un juste éloge :

« Mlle  Dumais, connue dans le monde littéraire sous le joli pseudonyme de Solange, nous vient des chères contrées d’en bas de Québec, du joli village des Trois-Pistoles. Le style de Solange respire la plus haute piété et il fait bon de se réchauffer à ce foyer de vive chaleur. Elle semble avoir pour devise : “ Tout pour Dieu ”, et elle met tant de chaleur dans l’expression de sa foi, que ses écrits doivent faire le plus grand bien. Solange a une plume charmante, un fond de gaîté qui résonne en agréables éclats de rire ; on les entend entre chaque ligne, et l’on sent la belle âme tranquille goûter les plus petites joies avec une infinie satisfaction. Et bonne, autant qu’il est permis de l’être, gracieuse et sincèrement accueillante, sans jamais une ombre à sa belle gaîté, telle est la Solange qu’admirent ses lecteurs et qu’aiment ses amis. La charmante écrivain est poète à ses heures, et outre la collaboration soignée qu’elle donne au Journal, Solange écrit aussi pour une couple de revues étrangères. »

On ne peut mieux la faire connaître.




Une nouvelle indiscrétion commise cette fois par un homme — chose inouïe — nous permet encore, au moment où notre ouvrage va sous presse, d’annoncer qu’une de nos distinguées Québécoises est à faire la riche cueillette des causeries musicales et littéraires qu’elle a publiées dans la revue : La Musique, pour les présenter bientôt sous forme de volume au public amateur d’art musical.

Hâtons-nous de dévoiler son nom, puisque nous en sommes à révéler des confidences, c’est celui de Mlle  Blanche Gagnon, dont les connaisseurs apprécient les mérites et les talents comme critique d’art musical.

Ceux qui ne la connaissent pas apprendront avec plaisir qu’elle est fille de feu M. Ernest Gagnon, dont le nom est si estimé.dans la province.

C’est dire qu’elle a hérité dans une large mesure des qualités supérieures de son père : dons d’esprit, de goût et de dilettantisme.

Les lecteurs de son livre se plairont à le reconnaître comme l’ont déjà reconnu ceux qui ont lu ses causeries et ses articles publiés dans la page de Ginevra, sous le pseudonyme de Frimaire, et dans

l’Almanach de l’Action Catholique.
NOS AUTEURS FÉMININS
Pages
Les anciens 
 9
Laure Conan 
 12
Mme Dandurand 
 24
Françoise 
 30
Mlle Hermine Lanctôt 
 36
Mme Duval-Thibault et Marie Sylvia 
 39
Mme Gérin-Lajoie 
 43
Mlle Adèle Bibaud 
 49
Lady Jetté 
 52
Madeleine 
 56
Atala 
 69
Gaëtane et Ginevra 
 72
Colombine 
 77
Mlle Marie Beaupré 
 80
Mlle Clara Lanctôt 
 82
Mlle Blanche Lamontagne 
 86
Fadette 
 96
Mlle Marie-Claire Daveluy 
 100
Mlle Marie-Justine Gérin-Lajoie 
 104
Mme A.-B. Lacerte 
 107
Mmes Théry et L.-J. Turgeon 
 113
Mlle Michelle LeNormand 
 118
Mlle Yvonne Charette 
 118
Mlle Andrée Jarret 
 118
Mlle Marie-Rose Turcot 
 118
Monique, (Mme E.-P. Benoît.) 
 118
Auteurs de demain 
 133
Mme Brodeur 
 133
Mme Boissonnault 
 133
Mlle Blanche Gagnon 
 133