Bourassa et l’Anti-Laurierisme/La loyauté de M. Bourassa

LA LOYAUTÉ DE M. BOURASSA.

UNE IMPOSSIBILITÉ POLITIQUE.


Relevant une accusation de déloyalisme portée contre lui par le « Chronicle » de Québec, M. Bourassa écrit dans son journal.

« Les hommes de bonne foi connaissent la nature et le nombre des idées positives que j’ai formulées ou appuyées depuis quinze ans, soit dans la politique fédérale, soit dans la politique provinciale. »

Nous ne croyons pas que le public de bonne foi voie si clair que cela dans les opinions de M. Bourassa et dans le programme qu’il préconise.

Lorsqu’il a fondé son groupe nationaliste, nombre de gens ont cru trouver dans ses discours la voie vers une politique nouvelle, à plusieurs invitante, encore qu’incomplètement définie.

Mais, tandis qu’il promettait de bouleverser l’ordre de choses existant à Québec, il a trouvé en sir Lomer Gouin un adversaire qui l’a maté. En trois sessions, il a diminué plutôt que grandi le prestige de l’opposition. Ses tirades, ses grands discours ont eu l’effet de coups de bâton dans l’eau.

Au lieu de faire clairement voir quel but il veut atteindre, tout ce qu’a dit et fait M. Bourassa n’a fait qu’enténébrer la conception première que le public s’était formée de l’idéal nationaliste.

Depuis sa tapageuse entrée dans l’arène provinciale, il n’a commis que des violences de langage.

Dans le débat, sur la marine, il a tout fait pour soulever l’une contre l’autre les deux races qui habitent en ce pays.

Il faut qu’il soit totalement aveuglé pour croire qu’il aboutira à réconcilier à ses intransigeantes théories, nos compatriotes des provinces anglaises.

Il rêve l’impossible, parce que la politique qui doit prévaloir dans une nation constituée comme la nôtre, ne doit pas, comme sa politique à lui, considérer comme méprisables les honorables compromis, les concessions mutuelles nécessaires pour entretenir l’accord entre les Canadiens de différente origine.

Au surplus, M. Bourassa ne peut pas dire qu’il ait un programme défini. Il paraît en ce moment avoir un pied dans l’arène provinciale et l’autre dans l’arène fédérale.

Où ira-t-il choir ; nous n’essaierons pas de le conjecturer.

Pourtant, malgré l’incohérence de sa situation, il ne rate pas une occasion de réveiller les susceptibilités de race et de jeter l’injure à tout le monde.

Sa vanité est telle qu’il croit personnifier la raison, l’esprit et la droiture : il n’a pour tout ce qui existe en dehors de lui que le plus noir mépris.

Aussi, tous ceux qui l’approchent ne tardent-ils pas à être dégoûtés de sa phénoménale suffisance.

Sur sa promesse de coopération loyale le parti conservateur a accepté son alliance ; en quelques semaines, il s’était rendu si désagréable que le pacte était rompu.

M. Bourassa ne parle et n’écrit jamais sans insulter les conservateurs les plus éminents.

Les politiciens qui ne pensent pas comme lui sont des bandits, les journalistes qui refusent de lui brûler de l’encens sous le nez sont des ignorants, des êtres méprisables, etc., etc.

A-t-on jamais vu un homme public, qui aspire à jouer un rôle parmi les siens, se livrer à pareilles impudences, afficher autant d’égoïsme et de vanité insolente

M. Bourassa est devenu une impossibilité politique.

(Patrie — 17 mai 1911.)


LES TROIS PLACES DE M. BOURASSA


M. BOURASSA (à la foule) — Honte aux créchards aux vendus, au solliciteurs de places !
UNE VOIX — Et le Bureau de Poste ? et le Commissariat de Paris ? et le siège de Député-Orateur ?