Bouquets et prières/La Ronce

Pour les autres éditions de ce texte, voir Solitude (« Pour me plaindre ou m’aimer je ne cherche personne »).


LA RONCE.


I Seek no sympathy.
Nor relief…

Byron.


Pour me plaindre ou m’aimer je ne cherche personne ;
J’ai planté l’arbre amer dont la sève empoisonne.
Je savais, je devais savoir quel fruit affreux
Naît d’une ronce aride au piquant douloureux :
Je saigne. Je me tais. Je regarde sans larmes
Des yeux pour qui mes pleurs auraient de si doux charmes :
Dans le fond de mon cœur je renferme mon sort,
Et mon étonnement, et mes cris, et ma mort.

Oui ! je veux bien mourir d’une flèche honteuse ;
Mais sauvez-moi, mon Dieu ! de la pitié menteuse.
Oh ! la pitié qui ment, oh ! les perfides bras,
Valent moins qu’une tombe à l’abri des ingrats.