Paul Ollendorff (p. 29-30).
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XVIII


Juin,
par la poste.


Je n’ai pas dans mes mains tes petites mains blanches,
Mais le juste avenir me garde des revanches ;
Dans dix ans, je rirai de tes dérisions.
Tu baisseras tes yeux si pleins d’impertinences,
Et plus heureux que toi j’aurai des souvenances.
Tu n’évoqueras pas, ô cœur sans visions,
Le cortège pensif des amours disparues.
Tu pourras cheminer tranquille dans les rues,

On ne te suivra pas ; et, poète calmé,
Je ne t’enverrai plus mes strophes coutumières ;
Tu maudiras alors tes duretés premières :
Tu seras vieille et laide et n’auras pas aimé.