Bladé - Contes populaires de la Gascogne, t. 3, 1886.djvu/Le Lièvre
I
le lièvre
n jour, le petit garçon du métayer de Cruzos[1], qu’on avait envoyé garder les brebis, rentra tout essoufflé chez ses parents.
— « Père, père, prenez vite votre fusil. J’ai vu là-bas, là-bas, au fond du chaume, un lièvre au moins gros comme notre Caubet[2].
— Petit, au moins gros comme notre Caubet, c’est beaucoup.
— Je vous dis, père, qu’il est au moins gros comme notre jument poulinière.
— Petit, au moins gros comme notre jument poulinière, c’est beaucoup.
— Je vous dis, père, qu’il est au moins gros comme un veau d’un an.
— Petit, au moins gros comme un veau d’un an, c’est beaucoup.
— Je vous dis, père, qu’il est au moins gros comme une brebis.
— Petit, au moins gros comme une brebis, c’est beaucoup.
— Je vous dis, père, qu’il est au moins gros comme un agneau.
— Petit, au moins gros comme un agneau, c’est beaucoup.
— Je vous dis, père, qu’il est au moins gros comme un chat.
— Petit, au moins gros comme un chat, à la bonne heure. Je te crois. Pourtant, on a vu des lièvres encore plus petits.
— Je vous dis, père, qu’il est au moins gros comme un lapin.
— Petit, au moins gros comme un lapin, à la bonne heure. Je te crois. Pourtant, on a vu des lièvres plus petits.
— Je vous dis, père, qu’il est au moins gros comme un rat.
— Petit, au moins gros comme un rat, à la bonne heure. Je te crois. Pourtant, on a vu des lièvres encore plus petits.
— Je vous dis, père, qu’il est au moins gros comme une mouche.
— Et moi, petit, je te dis que tu mens, et que tu n’as rien vu du tout[3]. »