Bladé - Contes populaires de la Gascogne, t. 2, 1886.djvu/Les Bécuts
III
les bécuts
e Bécut[1] « personnage légendaire était
autrefois un objet d’effroi pour les enfants
et les paysans du pays ; il avait de commun
avec l’ogre la férocité et la voracité, mais il
s’en distinguait par un œil unique qui s’ouvrait
au milieu du front. En l’absence de documents
sur la croyance aux Bécuts, il nous a semblé
qu’ils pourraient rappeler les premiers officiers
francs, barons ou possesseurs de fiefs, imposés
par la conquête aux Gallo-Romains devenus
serfs. C’étaient des hommes de haute stature, de
race forte, rudes, se présentant la tête couverte
d’un heaume de fer qui ne laissait respirer que
par une ouverture grillée figurant un grand œil
au milieu du visage ; cet œil flamboyant joint aux instincts grossiers de ces hommes du Nord, terrifièrent
nos douces populations, qui en firent un
objet de crainte. Ces premières impressions ne
s’effacèrent jamais totalement ; on menaçait les
enfants indisciplinés du Bécut, et peu à peu, le
Bécut passa à l’état d’être légendaire
[2]. »
- ↑ Voir t. I, p. 32 et seq. Le Bécut.
- ↑ Dompnier de Sauviac, Chroniques de la Cité et du Diocèse d’Acqs, l. II, p. 134. Il est bien entendu que je laisse à l’auteur toute la responsabilité de ses hypothèses, romantiques comme son style. En gascon becut, comme bequin, signifie pourvu d’un bec. Ceze becut ou ceze bequin, pois chiche, parce que le pois chiche a un bec, qui manque au pois vert. Becut signifie, par extension, vorace, glouton, ogre. Cette dernière acception existe notamment dans les Landes, où l’on donne aussi le même nom aux cousins et moustiques, fort nombreux dans ce pays de marécages. Je n’ai jamais rencontré la croyance aux Bécuts, que dans la partie de la Gascogne correspondant aux départements des Hautes-Pyrénées, des Basses-Pyrénées et des Landes.