Bladé - Contes populaires de la Gascogne, t. 2, 1886.djvu/Le Vendredi

VIII

le vendredi



Il ne faut jamais rien entreprendre un vendredi, parce que, ce jour-là, Notre-Seigneur Jésus-Christ est mort. Les gens qui se mettent alors en voyage, risquent de tomber de cheval, ou de se noyer, en passant à gué les rivières.

Les femmes qui font la lessive le vendredi, risquent fort de perdre leur temps. Ceux qui tirent le vin au fin ce jour-là, courent la male chance de le trouver piqué, et trouble comme de la bouillie de maïs. Il est même arrivé que ceux qui ont fait alors cuire du pain un vendredi, ont trouvé du sang dans le four, et les miches toutes rouges.

Pourtant, le vendredi est un bon jour pour faire le vinaigre. Les barils que l’on augmente, à trois heures du soir, sont bien plus forts que ceux qui sont augmentés les autres jours. Cela tient à ce que, pendant qu’il était en croix, Notre-Seigneur fut abreuvé de fiel, de suie, et de vinaigre, le jour du Vendredi saint, à trois heures du soir[1].

  1. Dicté par ma grand’mère paternelle, feu Marie de Lacaze, de Réjaumont (Gers).