Biographies des principaux astronomes/Al-Mamoun

Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciencesGide3 (p. 162-163).
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AL-MAMOUN


Al-Mamoun, calife de la famille des Abbassides, fils d’Haroun al Reschid, naquit à Bagdad, au mois de septembre 786 de notre ère ; il mourut le 10 août 833, à l’âge de quarante-sept ans.

Al-Mamoun se montra animé d’une véritable passion pour les sciences. Il avait réuni à Bagdad des savants de toutes les croyances, qu’il traitait magnifiquement et avec la plus complète tolérance. Al-Mamoun envoya même des émissaires dans la Grèce pour y recueillir les manuscrits les plus célèbres, et les fit traduire en arabe. On raconte que, vainqueur de l’empereur de Constantinople, il lui imposa comme condition de la paix la remise d’un exemplaire manuscrit de l’Almageste.

Al-Mamoun doit être cité pour avoir fait exécuter, dans les plaines de la Mésopotamie deux opérations destinées à déterminer la valeur d’un degré terrestre. Il nous est aujourd’hui impossible d’apprécier l’exactitude de ce travail, dans l’ignorance où nous sommes de la véritable grandeur de l’étalon auquel les longueurs mesurées ont été rapportées.

Les astronomes d’Al-Mamoun trouvèrent que la plus grande équation du centre du Soleil était de 1° 59′. Ils fixèrent la position de l’apogée de cet astre en 830 à 82° 39′. La constance d’Al-Mamoun à persévérer dans l’étude de la vérité doit être d’autant plus remarquée, que pour avoir proclamé une vérité incontestable il devint l’objet de la haine et de l’animadversion de ses fanatiques coreligionnaires. Les malheurs de son règne tinrent, en effet, en grande partie à ce qu’il proclama que le Coran n’était point un livre éternel, mais qu’il avait été créé.