Biographie universelle ancienne et moderne/2e éd., 1843/WOERIOT ou WOEIRIOT (Pierre)

Texte établi par Michaud, A. Thoisnier Desplaces (Tome 45p. 8).

WOERIOT ou WOEIRIOT[1] (Pierre), habile graveur lorrain. Les mono grammatistes et les historiens de la gravure ne donnent sur cet artiste que des renseignements inexacts et incomplets. Christ (Dirlionnaire des monogrammes, p. 255), Papillon (Histoire de la gravure enbois), etc., persuadés que c’était à Woeiriot qu’on devait attribuer les estampes en bois, marquées de la double croix de Lorraine, qu’un trouve dans divers ouvrages ímpriniés depuis 1528, placent sa naissance dans les premières années du 16° siècle. Joubert (Manuel de Famateur d’estampes, t. 3, p. 185) s’est donné plus de latitude que ses devanciers, en la mettant de 1510 à 1525, et cependant il n’a pas mieux rencontré. Le portrait de Woeiriot, qu’on trouve à la tète de l’ouvrage dont on parlera tout à l’heure, le représente à Page de vingt-quatre ans. Ce portrait est de 1556, ou au plus tôt de l’année précédente. Ainsi Woeiriot était né en 1531 ou 1532. Dans son monogramme, il joint aux initiales de son nom la lettre B. On en a conclu qu’il était de Bar-le-Duc. Mais une estampe de cet artiste, qu’on voit au cabinet du Louvre, est signée P. Woeriotius Bozœus, qui certainement n’a jamais signifié de Bar-le-Duc. Ce n’est donc point dans cette ville, mais à Bozé ou Bouzy, qu’il avait vu le jour. L’éducation de Woeiriot n’avait point été négligée, même sous le rapport littéraire. Il possédait le latin et le grec. Il s’appliqua de bonne heure à l’art de ciseler et de graver les métaux, et il y fit de rapides progrès. S’il eût nommé le maître dont il reçut les premières leçons, il est probable que l’on connaîtrait l’artiste lorrain à qui l’on est redevable des jolies estampes qui décorent les ouvrages de Geoiï. Tory (voy. ce nom) et plusieurs livres imprimés par les Colines, les Estienne et les plus célèbres typographes de Paris, dans la première moitié du 16e siècle. Woeiriot s’établit à Lyon vers 1555. Quoique bien jeune, il égalait déjà les meilleurs artistes par la force et la délicatesse de son burin. L’année suivante, il y publia : Pinaa : ironieus antiquorum ac rariorum in sépultures rituum ea : Lilío Gregorio (Gyraldi0 Cynthio) excerpta, etc., Lugduni, apud Clément. Baldinum, 1556, petit in-8° obl. de 32 feuillets non chiffrés. Cet ouvrage est fort rare et la plupart des auteurs qui l’r›nt cité ne paraissent pas l’avoir vu. Indépendamment du frontispice, du portrait de l’auteur et de la marque du libraire, placée sur un feuillet séparé, le volume contient neuf gravures en cuivre, toutes signées P. Woeiriot, dont le nom est surmonté de la croix de Lorraine[2]. Dans la dédicace au duc Charles de Lorraine, Woeiriot compare œ prince à Alexandre, ce qui l’amène naturellement à se comparer lui-même à Lysippe et à Apelles. « c’est, dit-il, leur exemple que je me « suis efforcé d’imiter dans l’un et l’autre art « qu’ils ont cultivés, non-seulement par la gravure, mais dans tous les ouvrages que j’ai, « comme un autre Tubal, exécuté en bronze, en « fer, en argent et en or[3]. » il nous apprend ensuite qu’après avoir gravé ses estampes, il les avait imprimées lui-même, et rend compte brièvement de ses procédés ; ce qui prouve qu’ils étaient alors encore peu répandus en France[4]. Le nom de Woeiriot se lit au bas du portrait de Jacques Bornonius, jurisconsulte, avec la date de 1573[5]. Une autre pièce de ce maître, conservée au cabinet des estampes du Louvre, est datée de 1576. On lui attribue les gravures qui décorent le Discours d’Antoine le Pois sur les médailles, imprimé en 1579. Woeiriot était alors âgé de cinquante-sept à cinquante-huit ans ; mais on ne connaît de lui aucun ouvrage qui soit postérieur à ceux qu’on vient d’indiquer. Outre plusieurs pièces qu’il a gravées d’après ses propres dessins, tels que le Sacri/ice d’Abraham et Moïse sauvé des eaux, il a gravé d’après Raphaël, le Peruzzi et quelques autres peintres d’Italie. Christ. Basan (Dictionnaire des graveurs), Huber (Manuel des curieux), les auteurs des Notices sur les graveurs (voy. B/ivrziuan), Joubert, Brulliot (Dictionnaire des monogrammes), n’ont indiqué qu’un très-petit nombre des morceaux de cet artiste. Il faudrait des recherches longues et difficiles pour parvenir à donner le catalogue complet de son œuvre. W—s.

  1. Il écrit de cette manière son nom, que les auteurs de l’Histoire de la gravure ont presque tous défiguré.
  2. On un trouve une description de ce volume dans le Peintre graveur français de M. Robert Duméril t. 7, p. 86. Cet iconographe décrit 401 estam es gravées par Wœiriot. Consultez aussi l’ouvrage de M. Noël,
  3. Ego iloque ad illorusn ezeuspluui, quorum ulramque arlen, non modo in grapliicis labulis. sed etiam in : muni opéra, ut Tuba ! ille Helmzus, cris et ferri, argenli sl auri studios : sun conalus znutlnri.
  4. Tabulas equiden ez en /udi et ezpolii : espolinas imaginum fine amen lis ad snosuogranusos usque quam fieri poluil, spacioriuisns depisizi : deinde tic delineaias scalpels ac carlo ezarauir dessiqua ezaratas pfeli tonne silo et eacausli GITBHCHÈ szcudi. Le libraire. dans son avertissement. ajoute encore quelques détails sur cet art. qui méritent d’être recueillis : Perleeimus tandem, ul mirc izle tabulc elaboralilrsimo arli/îcio absolulœ, et sion ad typolgrapliicuns prnlusn, sed ad rotarum volunms excuse magnis aboribus ac mullo temporis se rri dispemlio quam emaeulalissime expresse. Le Pina : est donc un des premiers essais de la gravure en cuivre qui aient été faits en France. Cette considération seule doit lui donner un grand prix aux yeux des amateurs.
  5. Huber, Joubert, etc., disent que ce portrait est ea boia, mais un examen plus attentii tait présumer qu’il est en cuivre. C’eat l’opinion de plusieurs connaisseurs dont le nom paraîtrait une autorité décisive, s’ils nous avaient permis de le révéler.