Biographie universelle ancienne et moderne/1re éd., 1811/Thabaud de Bois-la-Reine (Guillaume)


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THABAUD de Bois-la-Reine (Guillaume), conventionnel régicide, né à Châteauroux, le 27 nov. 1755, de l’une de ces familles de la bourgeoisie que la révolution trouva si disposées au renversement de la noblesse dont elles convoitaient les privilèges, était avant 1789, prévôt de la connétablie de Châteauroux, et, bien qu’il ne pût se dissimuler que cette charge, alors très-honorable, serait supprimée par les novateurs, il se montra l’un de leurs plus chauds partisans, et fut, en conséquence, dès le commencement de la révolution, administrateur du district, puis député du département de l’Indre à la Convention nationale, où il se réunit, dès les premières séances, aux plus ardents révolutionnaires. Son opinion dans le procès de Louis XVI est assez remarquable pour que nous la citions textuellement. « Je vote pour la peine de mort, dit-il, parce que je suis intimement convaincu des crimes de Louis Capet ; mais je me réserve de motiver mon opinion, pour déterminer le moment de l’exécution du jugement. » On dut penser, d’après cette réserve, qu’il serait favorable au sursis ; mais, loin de là, il s’y opposa formellement, vota contre l’appel au peuple et pour l’exécution immédiate ; ce qui le rangea irrévocablement du parti des plus fougueux montagnards. Toutefois il se montra peu dans la cruelle époque de la terreur, et ne s’y fit remarquer que par sa constante adhésion aux mesures de violence et d’oppression. Il n’eut qu’une mission de surveillance à l’armée de réserve qui fut créée sous les murs de Paris en 1792. S’étant rangé du parti thermidorien, après la chute de Robespierre, il fit partie de la commission qui fut chargée de poursuivre Joseph Lebon, et il eut beaucoup de part à sa condamnation. Lorsque la Convention nationale fut dissoute (1795), Thabaud devint, par la voie du sort, membre du conseil des Cinq-Cents, d’où il sortit la même année. Alors il obtint des directeurs, ses collègues, une de ces sinécures qu’ils réservaient à leurs amis, et devint administrateur de la loterie nationale. Elu de nouveau député, l’année suivante, par son département, il entra au conseil des Anciens, d’où il ne sortit que par la révolution du 18 brumaire, à laquelle cependant il ne s’était pas montré fort opposé. S’étant alors retiré dans son département, il y vécut en paix, jouissant d’une fortune qui s’était passablement accrue par les vicissitudes de la révolution. Le gouvernement impérial le créa baron ; et ce fut dans cette position que le trouva la chute de Napoléon en 1814. Cette révolution ne parut pas d’abord l’atteindre, mais en 1815, après le retour de l’île d’Elbe, lorsqu’il vit la plupart de ses anciens collègues reparaître sur la scène, il accepta la nomination du département de l’Indre à la chambre des représentants, où il se fit peu remarquer. Il se hâta aussitôt après la dissolution de cette chambre de retourner dans ses terres ; et il se flattait d’y vivre en paix, lorsque la loi d’exil qui fut prononcée contre les régicides en 1816, le força de quitter la France. Il se réfugia en Belgique, et ne revint qu’après la révolution de 1830 dans sa patrie, où il mourut quelque temps après. M—dj


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