Biographie universelle ancienne et moderne/1re éd., 1811/Cyrille (S.), archevêque de Jérusalem


◄  Cyriaque-Pizzicolli
Index alphabétique — C
Cyrille d’Alexandrie  ►
Index par tome


CYRILLE (S.), archevêque de Jérusalem, né dans cette ville, vers l’année 315, s’appliqua de bonne heure à l’étude des livres saints, et lut aussi les écrits des philosophes païens. Maxime archevêque de Jérusalem, l’ayant ordonné prêtre vers l’an 345, le chargea de prêcher l’Évangile et d’instruire les catéchumènes qui ne recevaient alors le baptême qu’après deux ans d’épreuves. Cyrille remplissait avec autant de zèle que de succès les fonctions de catéchiste, lorsque vers la fin de l’an 350, il fut choisi pour succéder à Maxine. Socrate, Philostorge et l’auteur de la Chronique d’Alexandrie, rapportent que le 7 mai 351, à neuf heures du matin, on vit dans le ciel une grande lumière en forme de croix, qui s’étendait depuis le Calvaire jusqu’à la montagne des Oliviers, dans un espace de quinze stades (près de trois quarts de lieue), et qui brilla pendant plusieurs heures avec tant d’éclat, que le soleil même ne pouvait l’obscucir. Ce phénomène était entouré d’une iris en cercle lumineux. Cyrille en donne la description dans la lettre qu’il écrivit à ce sujet à l’empereur Coustance, et que Cive a recueillie. Sozonène, Théophane, Eutychius, Jean de Nicée et plusieurs autres regardent cette lettre comme authentique. André Rivet croit qu’elle est supposée ; mais un autre protestant, Blondel, est d’un avis contraire. Quelques critiques modernes ont preteudu que les croix miraculeuses qui parurent dans les airs sous les règnes de Constantin et de Constance, étaient des halos naturels, c’est-à-dire des couronnes de lumière qu’on aperçoit quelquefois autour du disque du soleil, et que celle qui fut vue pendant la nuit, sous Julien, n’était qu’une parasélène ou cercle luninueux qui se forme autour de la lune (Voyez l’Optique de Smith et l’Essai de physique de Musschenbroek, traduit par Massuet). Mais les auteurs ecclésiastiques répondent que ces phénomènes n’ont, ni ne peuvent avoir, suivant les principes de la physique, la figure d’une croix. Les Grecs célèbrent le 7 mai la mémoire du phénomène qui signala l’avènement de Cyrille à l’épiscopat. Acare, en sa qualité d’archevêque de Césarée , prétendait à la suprématie de juridiction sur le siège apostolique de Jérusalem. Cyrille défendit ses droits ; il s’éleva entre les deux évêques une dispute assez vive, et la différence d’opinion sur la consubstantialité du verbe acheva de les diviser. Cyrille, quoi qu’en dise Sozomène, était attaché à la foi de Nicée. Acace, arien, eu semi-arien, le cita plusieurs fois ; il refusa de comparaître ; et, après deux ans de citations sans effet, l’archevêque de Césarée fit prononcer dans un concile qu’il présidait, la déposition de Cyrille. Les évêques ariens le condamnèrent comme ayant dissipé les biens de l’église; et, en effet, pendant une grande famine qu’affligeait la Judée, Cyrille avait vendu une partie du trésor et des ornements sacrés pour nourir les pauvres qui périssaient de misère. Il appela de sa déposition à un trihunal supérieur. Arace lui faisant un crime de cet appel le chassa de Jérusalem. Cyrille se retira d’abord à Antioche, et ensuite à Tarse en Cilicie. Il fut rétabli l’an 359 dans le concile de Séleucie, qui prononça la déposition d’Acace et de plusieurs autres évêques ariens ; mais l’année suivante Acace et ses partisans réussirent a faire déposer encore Cyrille dans un concile tenu à Constantinople. Il rentra dans son église sous Julien, vers l’an 361. On sait que ce prince voulut relever les murs du temple de Jérusalem, pour faire mentir les prophètes, et que le prodige qui empêcha l’exécution de ce dessein est attesté non seuleument par les auteurs ecclésiastiques, mais encore par Ammien-Marcelin, par Libanius et par Julien lui-même, quoi-qu’il ait cherché à le dissimuler (Voyez Julien). Cyrille était alors à Jérusalem, et avant que les flamnes fussent sorties des foadements du temple pour empêcher sa réédification, il assura que les prophéties auraient leur entier accomplissement. Il devint odieux à Julien, qui avait résolu, suivant Orose, de sacrifier ce pontife à sa haine après son retour de la guerre de Perse; mais il périt dans cotte expédition. Cyrille fut encore exilé l’an 367 par l’empereur Valens, qui avait embrassé l’arianisme. Cet exil dura près de dix ans. Cyrille ne revint à Jerusalem qu’en 378, lorsque Gratien, parvenu â l’empire, fit rétablir sur leurs siéges les évêques qui étaient unis de communion avec le pape Damase. Cyrille gouverna son église sans trouble pendant huit ans sous le règne de Théodose. Il assista l’an 381 au concile général de Constantinople. Les pères s’exprimèrent en ces termes à son égard : « Pour l’église de Jérusalalem, nous reconnaissons le vénérable évêque Cyrille, qui a beaucoup souffert en divers lieux de la part des aiens. » Cyrille souscrivit la condamnation des semi-ariens et des macédoniens, et mourut en 586, dans la 70e année de son âge, et la 35e de son épiscopat. Il est honoré par les Grecs et les Latins le 18 mars, qui fut le jour de sa mort. Les Œuvres de S. Cyrille consistent dans vingt-trois instructions connues sous le nom de Catéchèses, qu’il composa lorqu’il remplissait à Jérusalem les fonctions de catéchiste. Ce Père est exact et précis dans l’explicalion du dogme, et l’ou regarde ses catéchèses, dont le style est en général simple et familier, comme l’abrégé le plus ancien et le plus parfait de la doctrine de l’église. Les calvinistes ont voulu prouver qu’elles étaient supposées ; mais les protestants d’Angleterre out reconnu que Cyrille en était l’auteur. D’ailleurs Théodoret, Léon de Byzance et le septième concile général ne laissent aucun doute à cet égard. Les Catéchèses ont été traduites en français avec des notes et des dissertations par Grancolas, Paris, 1715, in-4o. On a encore de S. Cyrille une Homélie sur le paralytique de l’Évangile, et sa Lettre à Constance sur l’apparition de la croix lumineuse. Jean Grodecius et Jean Prévost ont donné une version latine et deux éditions des Œuvres livres de S. Cyrille, Paris, 1631 et 1640, in-fol. L’édition de Thomas Milles, Oxford, 1703, in-fol., est plus complète et plus exacte pour le texte grec et pour la version latine ; mais on désirerait dans les notes plus de bonne foi et de sincérité. D. Ant. Aug. Touttée avait préparé une nouvelle édition de S. Cyrille, lorsqu’il mourut en 1718. D. Prudent Maran, sou confrère, la fit paraître à Paris, 1720, in-fol. Le texte, corrigé sur plusieurs manuscrits, est éclairci par de savantes notes, et la version latine est estimée pour son exactitude. Cette édition est la plus recherchée. V—ve.


◄  Cyriaque-Pizzicolli
Cyrille d’Alexandrie  ►