Biographie rouennaise/Texte entier

Th. Lebreton
(p. 1-366).

BIOGRAPHIE


ROUENNAISE.
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PRÉFACE.

Nulle province de France, plus que la Normandie, ne peut, on Ta souvent répété, revendiquer la gloire d’avoir donné le jour à un aussi grand nombre de personnages illustres. Il suffit, pour s’en convaincre, d’ouvrir les archives biographiques de cette province, où aucun genre de célébrité ne fait défaut. Là, en effet, se trouvent réunis les noms les plus recommandables dans les sciences, les lettres et les arts ; là brillent de tout leur éclat les noms d’ecclésiastiques pleins de savoir et d’éloquence, de magistrats, de jurisconsultes éminents, de guerriers, de marins et de navigateurs pleins de courage ; les noms des promoteurs de nos progrès dans le commerce et dans l’industrie. C’est en explorant ces riches et glorieuses annales, qu’inspiré par un sentiment d’orgueil patriotique auquel s’est joint aussi un sentiment de reconnaissance, nous avons eu l’idée de réclamer, pour la cité du grand Corneille, la part qui lui revient dans cet essaim d’illustrations. Cette part est considérable, ainsi que nous avons pu le constater en fouillant les nombreuses archives où sont enfouis, et en quelque sorte voués à l’oubli le plus complet, des noms qui nous ont paru dignes d’être exhumés de leur poussière biographique. Rouen, nous sommes-nous dit, si fier à juste titre de ses enfants les plus illustres ; Rouen, qui porte au front un riche diadème de gloire, ne tiendrait-il pas à honneur d’y voir ajouter quelques fleurons moins brillants, il est vrai, mais qui, cependant, peuvent jeter encore un certain éclat ? Nous avons pensé qu’il en devait être ainsi, et nous nous sommes mis à l’œuvre ; nous avons pensé qu’il pouvait être utile de réunir en un volume une nomenclature de tous les Rouen nais célèbres à différents titres et à différents degrés, ouvrage qui jusqu’alors n’a point encore été exécuté.

C’est surtout dans le but de faire connaître à leurs ompatriotes et de rappeler à des familles encore existantes un bon nombre de personnages dont la vie et les talents n’ont pu, dans une sphère plus modeste, atteindre jusqu’à la renommée ; c’est aussi dans le but de faciliter des recherches pouvant éclaircir certains points d’histoire et de littérature locale, que nous avons entrepris ce Dictionnaire Biographique, dans lequel nous avons cru devoir nous abstenir de faire entrer les personnages vivants. La forme de dictionnaire, que nous avons adoptée de préférence pour ce travail, indique assez que nous avons dû nous borner à des articles de peu d’étendue, et dans lesquels nous ne pouvons donner que peu de place aux appréciations critiques et littéraires, laissant d’ailleurs cette tache à des biographes plus érudits, à des écrivains plus habiles. Quant aux illustrations qui tiennent le premier rang dans les fastes rouennais, n’ayant rien à ajouter à l’éclat de leur brillante auréole, il nous a suffi de citer leurs noms et leurs ouvrages.

Les sources où nous avons puisé les documents propres

à la composition de ce Dictionnaire sont les biograPage:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/11

BIOGRAPHIE ROUENNAISE

A

ADAM (Édouard), né le 11 octobre 1768, d une famille de négocians honorables, suivit lui-même a Rouen la carrière du commerce. Ayant vu ses affaires entravées et sérieusement compromises par les suites de la Révolution, il prit le parti de quitter sa ville natale pour aller se fixer à Nîmes, où l’étude des sciences physiques tourna son esprit vers une invention qui devait être bientôt une source de richesses pour sou pays, l’invention d’un nouvel appareil à distiller les vins. Sorti triomphant des expériences qu’il fit de cet appareil devant des hommes compétens, il en monta de semblables dans vingt brûleries des départemens du Midi, s’associant à plusieurs capitalistes pour cette entreprise, où il fut versé plus d’un million.

Ruiné par les procès qu’il eut à soutenir contre les nom. breux contrefacteurs de ses appareils, qui se coalisèrent dans le but de faire tomber ces établissemens, il mourut à Montpellier le 10 novembre 1810, laissant sa veuve et deux enfans dans le plus complet dénûment.

Le gouvernement impérial fit à chacun de ces enfans une pension de 600 fr., et la ville natale d’Édouard Adam, reconnaissante des travaux auxquels la France est redevable de tout ce que l’art de distiller a reçu de perfectionnemens dans ces derniers tems, a décoré de son nom une de ses nouvelles rues, exemple suivi par la ville de Montpellier.

Une plaque commémorative a été placée en 1843 sur la maison où il est né, rue Eau-de-Robec.

La Revue de Rouen de 1836 et 1837 contient sur ce personnage des articles très étendus, par M. J. Girardin. Son portrait se trouve dans la collection de la bibliothèque publique de Rouen.

ADAM ( André-Nicolas-François), né en 1767, débuta dans la carrière du barreau sous les auspices de son compatriote Ducastel. Il fut membre de la première administration municipale de Rouen et juge au tribunal de première instance do la môme ville depuis 1800 jusqu’en 1811, où il fut nommé vice Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/13 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/14 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/15 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/16 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/17 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/18 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/19 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/20 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/21 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/22 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/23 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/24 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/25 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/26 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/27 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/28 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/29 dans sa ville natale, près de sa famille qu’il n’avait jamais oubliée, il y mourut le 12 décembre 1793.

(Voir les Mémoires Biographiques de Guilbert et les Biographies Normandes manuscrites, par Adrien Pasquier.)


BENCE (Jean), né en 1568, appartenait à la maison de Sorbonne et fut l’un des premiers prêtres qui entrèrent dans la congrégation de l’Oratoire, qui venait de se former en France. Il communiquait à ses confrères, depuis plusieurs années, ses lumières sur l’Écriture-Sainte, lorsqu’il fut envoyé par le cardinal de Bérulle en Bourgogne, puis à Lyon, ville dans laquelle il fit une longue résidence et où il composa, à l’usage du séminaire qu’il y dirigeait, les ouvrages suivans sur les Évangiles et les Épîtres des Apôtres : Manuale in quatuor Evangelia, 1626 et 1628, in-12 ; Manuale in omnes Pauli Epistolas et in septem Epistolas canonicas, 1628 et 1638, 2 vol. in-12. Le P. Bence mourut le 24 avril 1642.

(Voir le Dictionnaire de Moréri.)


BENETOT (Jacques-Maur) naquit en 1613 et fit profession dans l’abbaye du Bec, le 28 septembre 1632. Il possédait une vaste érudition et se montra fort habile dans la controverse avec les réformés. Ayant acquis de grandes connaissances en bibliographie, il donna le catalogue d’un grand nombre d’ouvrages ascétiques, dont Luce d’Achery enrichit l’édition qu’il publia en 1671. Benetot avait souvent prêché avec succès dans l’abbaye de Fécamp. Outre ses sermons, qui n’ont point été publiés, il a composé une Histoire de l’Abbaye de Saint-Jean-de-Laon, dont il avait été prieur. Il mourut près de Clermont en Auvergne, le 17 juillet 1664.

(Voir la Bibliothèque de dom François, tome 1er, le Dictionnaire de Morériet l’Histoire littéraire des Bénédictins de la congrégation de Saint-Maur.)


BERNARD (Mlle Catherine), née en 1632, était parente des deux Corneille et de Fontenelle. Élevée dans la religion réformée, elle fit, lors de la révocation de l’édit de Nantes, abjuration du calvinisme, ainsi que cela se trouve consigné dans le Mercure Galant du mois d’octobre 1685. Deux romans : les Malheurs de l’Amour et le Comte d’Amboise, qu’elle publia sous le titre modeste de Nouvelles, romans dans lesquels on admire, dit de Vizé, la délicatesse de l’expression et la finesse des pensées, commencèrent sa réputation. Vinrent ensuite un discours en prose et deux pièces de poésies, qui lui valurent, de 1691 à 1697, trois couronnes au concours de l’Académie Française. Elle obtint également trois autres couronnes à l’Académie des Jeux Floraux de Toulouse.

À ces triomphes académiques vinrent aussi s’ajouter les triomphes encore plus éclatans du théâtre. Mlle Bernard donnait, le 4 février 1689, une tragédie de Laodamie qui eut quelque succès. Brutus, autre tragédie, représentée le 18 décembre 1690, en eut un très grand, ce qui fit dire à de Vizé, dans son Mercure, que Mlle Bernard était une rivale très dangereuse pour ceux qui suivaient alors la carrière du théâtre.

Voltaire, qui, trois ans plus tard, traitait le même sujet, se souvint de quelques-uns des meilleurs passages de cette pièce, et fit plus que de les imiter.

Ces deux tragédies, qui avaient attiré sur leur auteur les regards de Louis XIV, lui valurent de ce monarque une pension de deux cents écus. Mme la chancelière de Pontchartrain, dont les conseils avaient déterminé Mlle Bernard a renoncer à écrire pour le théâtre, lui faisait aussi une pension et l’honorait de son amitié.

La réputation que s’était acquise par ses ouvrages cette compatriote et alliée des Corneille et de Fontenelle lui fit ouvrir les portes de la célèbre académie de Ricovrati, de Padoue. Mlle Catherine Bernard mourut à Paris dans l’année 1712, et fut inhumée dans l’église Saint-Paul.

Les ouvrages qu’elle a laissés et qui ont été imprimés sont : les Malheurs de l’Amour (Eléonore d’Ivrée), Paris, Michel Groult, 1687, in-12. — Le Comte d’Amboise, Paris, 1689. — Brutus, tragédie, 1691. — Inès de Cordoue, nouvelle espagnole, Paris, 1696, in-12. — On attribue encore à Mlle Bernard une tragédie de Bradamante, que l’on croit être la même que celle qui se trouve dans le théâtre de Thomas Corneille ; ce qui n’est pas mieux prouvé que la prétendue collaboration de Fontenelle à la tragédie de Brutus, fait trop légèrement avancé par quelques biographes. L’éloge de cette Rouennaise, dont le talent littéraire mériterait d’être plus connu, se trouve dans l’Histoire du Théâtre français, des frères Parfait.

(Voir une courte Notice biographique publiée par M. Cassin dans la Revue de Rouen, numéro d’octobre 1845.)


BERRUYER (Joseph—Isaac), né le 9 novembre 1681, entra de bonne heure dans la congrégation des Jésuites, où il devint professeur d’humanités. Doué d’une imagination vive et colorée, il écrivit l’Histoire du Peuple de Dieu, dans un style qui dut paraître avec raison peu conforme à la simplicité des saintes Écritures. Le ton romanesque et beaucoup trop poétique qui domine dans cet ouvrage, des peintures un peu risquées et l’altération du texte dans quelques endroits, ayant paru des défauts que ne pouvaient atténuer des passages pleins de chaleur et d’élégance, firent regarder l’ouvrage comme répréhensible. La Sorbonne et plusieurs évêques le soumirent à la censure ; deux papes, Benoît XIV et Clément XIII, le condamnèrent, et le Parlement, intervenant à son tour, en ordonna la suppression. Une polémique des plus vives s’engagea entre les partisans et les adversaires de Berruyer, qui, malgré tout le bruit Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/32 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/33 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/34 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/35 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/36 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/37 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/38 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/39 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/40 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/41 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/42 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/43 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/44 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/45 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/46 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/47 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/48 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/49 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/50 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/51 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/52 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/53 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/54 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/55 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/56 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/57 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/58 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/59 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/60 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/61 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/62 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/63 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/64 sant l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés pour retraite, il se livra à l’étude des langues et à des travaux historiques ; il commença par la traduction de plusieurs ouvrages, dont voici les principaux : Défense de l’Abbaye de Saint-Germain-des-Prés, de Dom Robert Quatremaire. — Introduction à la Sagesse ou la Petite Morale de L. Vivez, Paris, J.-B. Coignard, 1670, in-12.- De l’emploi des Ecclésiastiques ou Petit Traité des Sacrements, Paris, J.-B. Coignard, 3 vol.-Il traduisit aussi l’Épître dédicatoire qui se trouve en tête des ouvrages de saint Augustin, et les Dialogues de saint Grégoire-le-Grand. Les ouvrages qu’il a composés, sont : Histoire monastique d’Orient, Paris, P. de Bate. - Abrégé de l’Histoire de l’Ordre de Saint-Benoit, J.-B. Coignard, 1684, et P. de Bate, 1694. Défense du sentiment de Lactance sur l’Usure. - Le Faux Dépôt ou Réfutation de quelques erreurs populaires touchant l’Usure, Mons, 1675, in-12. Louis Bulteau mourut à Paris, frappé d’apoplexie, le 6 avril 1693. H (Voir Dupin, Histoire du dix-septième siècle, tome IV, et le P. Niceron, tome XI.)

BULTEAU (Charles), né en 1626, était frère du précédent, auquel il succéda dans la charge de secrétaire du roi. Son goût pour la culture des lettres lui ayant aussi donné le goût des livres, il se composa une bibliothèque d’ouvrages rares et curieux. Il est l’auteur des Annales de France, imprimées avec les ouvrages de Grégoire de Tours, Paris, 1699, in-folio (texte latin), et d’un Traité de la préséance des rois de France sur les rois d’Espagne, Paris, in-4º. Il mourut en 1710.

BUNOU (Philippe), né vers 1680, entra dans la Compagnie de Jésus et enseigna la théologie au collège de Rouen. Nommé recteur au collège de Rennes, il s’appliqua à l’étude de diffé- rentes sciences avec toute l’assiduité d’un religieux. Les ma- thématiques, la physique et la géographie l’occupèrent cons- tamment. Il a fait paraître à Rouen, chez Lallemant, en 1710, un Traité sur les Baromètres, et en 1716, un Dictionnaire Géographique latin et français. La traduction en vers français de quelques pièces de poésie du P. Commire a donné la preuve que Bunou pouvait aussi réussir dans ce genre. Il termina sa carrière le 11 octobre 1739.

C.

CABISSOL (Jacques-Balthazar-Nicolas), issu d’une famille originaire de Toulouse, naquit en 1749. Il fut d’abord avocat à Rouen et secrétaire particulier de M. de Belbeuf, procureur général au Parlement de Normandie, puis il devint procureur Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/66 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/67 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/68 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/69 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/70 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/71 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/72 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/73 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/74 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/75 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/76 trouve encore des détails sur notre infortuné compatriote dans la Description de la Louisiane, par le P. Hennepin, 1683 ; dans l’Histoire de la Nouvelle-France, du P. Charlevoix, 1744, et dans l’Histoire philosophique et politique des Établissemens européens dans les deux Indes, par Raynal, 1770.

(Voir un article étendu publié dans la Revue de Rouen, numéro d’avril 1852.)

CHAMPMESLÉ (Marie Desmares), née en 1644, était fille d’un sieur Desmares, exerçant à Rouen la profession de marchand, qu’il avait embrassée à la suite d’une mésalliance qui, dit-on, l’avait fait déshériter par son père, lequel, d’après plusieurs biographes, aurait été conseiller au Parlement de Normandie[1].

Marie, qui, dès sa plus tendre jeunesse, avait, ainsi que son frère, laissé percer une vocation bien décidée pour le théâtre, auquel elle devait se livrer exclusivement, débuta à Rouen dans le courant de l’année 1668, alors qu’un même penchant y faisait également débuter, sous le nom de Champmeslé, Charles Chevillet, fils d’un marchand de Paris.

Cette conformité de goût et de condition ne tarda pas à faire naître entre les deux débutans cette vive sympathie qui devait bientôt les rendre inséparables, et, à peu de tems de là, Rouen, qui venait d’être témoin de leurs premiers pas dans la carrière dramatique, le fut aussi de leur union. Marie Desmares, devenue l’épouse de Champmeslé, se vit presque aussitôt appelée à le suivre à Paris, où celui-ci, après avoir fait ses preuves de capacité, venait d’être admis à tenir un emploi sur le théâtre du Marais. Quant à la Champmeslè, son talent de comédienne avait eu jusqu’alors si peu d’éclat, qu’elle ne parvint à se faire admettre dans cette troupe qu’en considération du succès que son mari venait d’y obtenir. Ce fut cependant sur le même théâtre qu’un nommé Laroque, acteur assez médiocre, mais homme d’un goût sûr et d’une extrême sagacitė, distingua d’abord dans la jeune actrice le germe d’une véritable aptitude à exprimer les grandes passions. Il lui donna d’excellens conseils, dont elle profita si bien, qu’au bout de quelques mois elle jouait les premiers rôles au bruit des applaudissemens de la foule, qui augmentait à chacune de ses représentations.

Ce n’était là, toutefois, qu’un prélude des triomphes qui l’attendaient sur un théâtre d’un ordre plus élevé où elle venait d’être engagée, celui de l’hôtel de Bourgogne, scène illustrée par le génie de Corneille, qu’on y voyait encore briller de tout son éclat, et où commençait à poindre le génie de Racine, qui se montrait déjà si pur et si rayonnant dans Andromaque.

Ce fut dans cette pièce que la Champmeslé parut devant de nouveaux spectateurs, composés en majeure partie de tout ce que la France comptait alors de plus distingué. Jamais le rôle d’Hermione, dans les passages où sont exprimées avec tant d’énergie les passions les plus contraires et les plus violentes de l’âme, n’avait été rendu avec un pathétique aussi entrainant, avec une vérité d’expression aussi frappante. Témoin de ce brillant coup d’essai qui révélait tout-à-coup une grande tragédienne, une femme venait de s’écrier : Il n’y a plus de Descillets » C’était l’actrice de ce nom, qui, elle aussi, avait obtenu tant de succès dans le même rôle, et à laquelle, assure- t-on, un sentiment de justice plutôt que de jalousie arrachait cette exclamation en faveur d’une rivale qui la détrônait. Louis XIV lui-même, qui assistait à cette représentation, manifesta avec sa bienveillance accoutumée toute la satisfaction que le talent de la comédienne venait de lui faire éprouver. Quant a l’auteur d’Andromaque, qui n’avait assisté à cette épreuve qu’aux pressantes sollicitations de ses amis, tant il craignait de voir défigurer son œuvre par la débutante, il fut si étonné, si satisfait de la manière dont celle-ci avait interprété les parties les plus saillantes d’un rôle qu’il aimait de prédilection, que dans son enthousiasme il courut près de l’actrice, à laquelle il s’empressa d’adresser à genoux des éloges et des remercimens. Il fit plus : il promit de lui donner le rôle principal dans sa tragédie de Bérénice, qu’il venait de terminer, et il tint parole. Aussi, bientôt guidée par ses conseils, qui, on le sait, étaient ceux d’un excellent maître en fait d’éloquence et de sentiment, la Champmeslé allait encore obtenir, ainsi que la pièce nouvelle, de glorieux suffrages et de nouveaux applaudissemens.

À ce rôle si harmonieusement élégiaque de Bérénice devaient bientôt succéder les rôles d’Atalide et de Roxane de Bajazet, qu’elle jouait alternativement, au gré de l’auteur, avec un égal succès ; le rôle de Monime dans Mithridate, d’Iphigénie dans la tragédie de ce nom, et enfin le rôle du principal personnage de cette admirable tragédie de Phèdre, chef-d’œuvre inspiré au poète par l’actrice qu’il dirigeait dans l’étude de son art, et près de laquelle ses assiduités comme maître avaient pris depuis longtems un caractère beaucoup plus tendre que celui de l’estime et de l’admiration. Ce chef-d’œuvre, qui mat- tait le comble à la gloire de l’auteur, le mettait aussi à la réputation de l’actrice, dont le talent s’était surpassé ; mais, par malheur, ce rôle était le dernier qu’elle dût créer dans les pièces du célèbre tragique, qui, pour des motifs diversement interprétés, allait renoncer au théâtre. Les comédiens de l’hô- tel de Bourgogne ne devaient pas non plus conserver long- tems une pensionnaire dont le concours leur était devenu si précieux, mais qu’une troupe rivale devait enfin parvenir à leur enlever. A la rentrée de Pâques 1679, la Champmeslé et son mari passèrent, en effet, au théâtre de la rue Mazarine, vulgairement appelé théâtre Guénégaud, où, indépendamment de leur part comme sociétaires, il leur fut accordé à chacun, par un contrat particulier, une pension annuelle de 1, 000 livres.

Une pièce du répertoire de ce théâtre, l’Ariane de Thomas Corneille, fut choisie par la tragédienne pour se faire connaître sur cette nouvelle scène, où elle allait encore se montrer digne de sa renommée.

Lorsque la troupe de l’hôtel de Bourgogne et celle du fau- bourg Saint-Germain se furent réunies, la Champmeslé resta en possession des premiers rôles, et régna en souveraine sur un théâtre où elle était plus que jamais applaudie, plus que jamais sans rivale. Son triomphe ne se bornait pas seulement au théâtre de Paris ; appelée souvent à Versailles avec les comédiens de sa troupe, pour y représenter ses meilleures pièces dans les appartemens du dauphin, le jeune prince et toute sa cour se plaisaient à lui témoigner, par leur empressement à assister à ces représentations, combien ils estimaient un talent aussi vrai et aussi communicatif.

Ce fut au commencement de l’année 1698 que la Champmeslé, atteinte d’une grave indisposition, se vit forcée de suspendre les représentations d’une pièce nouvelle de La Grange-Chancel, Oreste et Pylade, pièce qu’elle venait de faire réussir. Dans l’espoir d’un prompt rétablissement, elle s’était aussi décidée à quitter Paris pour aller habiter une maison qu’elle possédait au village d’Auteuil ; mais là, le mal, qui s’était encore aggravé, fit de si rapides progrès, qu’il ne fut bientôt plus permis de rien espérer cette maladie était mortelle.

Le curé de Saint-Sulpice, qui s’était présenté chez elle pour la préparer au funeste passage qui lui avait toujours causé tant d’appréhension, ayant surtout insisté sur la nécessité qu’il y avait, pour l’absoudre, à ce qu’elle déclarât formellement renoncer au théâtre, eut beaucoup de peine à l’y déterminer, la mourante déclarant, au contraire, qu’elle trouvait glorieux pour elle de mourir comédienne. Mais, en voyant s’approcher le moment suprême, elle se soumit à tout ce qu’on exigea d’elle, et, après avoir reçu les sacremens de la main du curé d’Auteuil, qui parvint à lui faire envisager la mort avec résignation, mais non à l’empêcher de regretter la vie, elle expira le 15 mai 1698.

Le lendemain, son corps fut porté à Paris et inhumé à Saint- Sulpice, sa paroisse. (Voir l’Histoire du Théâtre-Français, des frères Parfait, et une notice biographique avec portrait publiée dans la Revue de Rouen, nuniéro de décembre 1847.)

CHAPAIS DE MARIVAUX (Charles-Bernard), baron de l’Empire, naquit le 12 février 1754, d’une famille noble qui exer- çait le haut commerce. Il avait été, avant 1789, premier avocat général à la cour des aides et finances de Rouen, et se tint constamment éloigné des affaires pendant la Révolution. Nommé en 1803 procureur général au criminel dans le ressort de Rouen, il retrouva dans cette éminente et difficile fonction toute la supériorité de talent et toute l’énergique éloquence qui avaient signalé ses débuts dans la magistrature. Nul mieux que Chapais de Marivaux ne sentit la dignité de l’homme ap- pelé à dispenser la justice, ne comprit le respect dont doivent être entourées les décisions du magistrat ; et s’il exigeait ce respect de l’individu privé, il ne tenait pas moins à celui du souverain, ainsi que le prouve la réponse courageuse que nous allons citer. Se trouvant à la cour de Napoléon comme mem- bre d’une députation de la ville de Rouen, alors qu’il venait d’être rendu dans cette ville une décision judiciaire peu con- forme au vœu de l’empereur, le souverain s’en étant plaint à son procureur géneral, celui-ci lui répondit avec dignité : • Sire, les magistrats de Rouen remplissent leur devoir avec impartialité et ne méritent aucun reproche. » Nommée, en 1811, conseiller à la cour impériale et chevalier de la Légion-d’Honneur, le baron Chapais de Marivaux, qui fut aussi élu plusieurs fois membre du conseil général, se mon. tra dans ces fonctions ce qu’il avait toujours été, homme éclairé et magistrat intègre. L’étude de la belle littérature qu’il aimait occupait ses momens de loisir, qu’il savait encore employer en prenant une part active aux travaux des sociétés savantes de sa ville natale. Cet honorable magistrat, qui unissait à une grande noblesse de sentimens une grande fermeté de caractère, ne put résister au coup que lui porta la mort de sa fille unique, sur laquelle il avait reporté toutes ses affections. Il mourut en 1832, des suites de cette douleur paternelle. (Voir les Biographies Manuscrites par A. Pasquier, et le Bul- letin de la Société libre d’Emulation de Rouen, année 1832.) CHAPELLE (Pierre-Daniel-Augustin), musicien distingué, né en 1756, dirigea pendant plusieurs années l’orchestre de la Co- médie-Italienne. Il composa et fit représenter sur ce même théâtre dix opéras en un acte, dont voici les titres : l’Heureux Dé- pit, 1785 ; le Double Mariage, 1786 ; —le Bailli Bienfaisant, - Digitized by Google Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/81 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/82 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/83 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/84 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/85 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/86 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/87 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/88 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/91 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/92 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/93 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/94 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/95 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/96 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/97 a pour texte la Cène, et a été imprimé, la même année, à Rouen, chez P. Seyer.

(Voir les Biographies Normandes manuscrites, par A. Pasquier.)

CRIBLIER (Guillaume-Nicolas) entra au service le 15 avril 1796, fit plusieurs, campagnes et se trouva à la bataille de Marengo, où, quoique blessé d’un coup de feu, il garda son rang et continua à combattre. Il était sergent-major lorsque, le 14 octobre 1805, au passage du Danube, près d’Elchingen, il se signala par plusieurs traits de bravoure, qu’il renouvela en 1813, devant Leipsick. Nommé capitaine et chevalier de la Légion-d’Honneur, en récompense de ses actions d’éclat, Criblier continua à servir bravement son pays jusqu’à la chute de l’Empire, où, rentré dans la vie civile, il alla habiter la ville de Troyes. Cet officier rouennais avait été au nombre des braves qui, le 15 mai 1810, étaient parvenus à s’évader du ponton la Vieille-Castille, sur lequel ils étaient prisonniers en Angleterre.

(Voir la Biographie militaire française, dans les Victoires et Conquêtes.)

CROIXMARE (Nicolas de), né en 1629, avait reçu de la nature les plus heureuses aptitudes pour l’étude de toute espèce de sciences ; il cultiva les lettres en vers et en prose, devint savant dans les mathématiques, dans la physique et la chimie, et parvint à fondre un miroir métallique concave, le plus grand qui ait été vu en France à cette époque. Une timidité excessive, qui l’éloignait du monde, rendit ses talents inutiles pour sa fortune et sa réputation. Il mourut à Caen, le 2 juin 1680.

(Voir les Origines de Caen, par Huet.)

D

DAMBOURNEY (Louis-Alexandre), né le 10 mai 1722, d’une famille exerçant à Rouen le haut commerce, commença par cultiver les arts d’agrément, et devint bon peintre, excellent musicien et littérateur distingué.

Ayant aussi acquis des connaissances très étendues dans les sciences et dans leurs principales applications, il voulut encore, pour compléter son instruction, visiter les villes les plus importantes de France. Admis, lors de son retour, à l’Académie de Rouen, il y fit lecture d’un Mémoire sur la culture de la garance, qu’il venait d’acclimater dans notre pays, résultat inappréciable pour les teinturiers, qui trouvaient ainsi chez eux une garance supérieure à celle de Smyrne et de Hollande.

Nommé intendant du Jardin Botanique de Rouen, cette place le mit à même d’observer, dans diverses plantes, l’existence des principes colorants pouvant être substitués avec avantage à ceux des Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/101 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/102 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/103 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/104 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/105 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/106 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/107 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/108 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/109 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/110 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/111 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/112 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/113 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/114 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/115 Considérations sur l’état politique de l’Europe en 1800 ; Appel à l’opinion des habitants du Haut-Rhin ; plusieurs Mémoires relatifs a la diplomatie et à l’administration.

(Voir la Biographie nouvelle des Contemporains, et les Biographies manuscrites, par A. Pasquier.)


DESPORTES (Benjamin), frère puîné du précédent, naquit en 1765. Possédant, quoiqu’il lut jeune encore, toutes les qualités nécessaires pour être placé à la tête d’une grande administration, il obtint, en 1800, par le crédit de son frère, l’emploi de directeur général des hôpitaux de Paris. Il prit une part très active à toutes les améliorations opérées dans ces établissements, et se signala, lors de l’invasion étrangère, en 1814, en improvisant des hôpitaux pour trente mille malades ou blessés que dévorait le typhus. M. Benjamin Desportes, reçut du gouvernement de la Restauration, en récompense de son courage et de son infatigable activité, des félicitations publiques et la décoration de la Légion-d’Honneur.

Ne connaissant qu’une seule cause, celle de l’humanité, il préservait, aux journées de juillet 1830, l’Hôtel-Dieu d’un grand péril, et, en 1832, lorsque le choléra vint fondre sur Paris, il donnait une nouvelle preuve de son zèle et de son dévoûment. Calme, intrépide, il se multipliait à toute heure et pourvoyait à tout, sans songer un seul instant que lui-même pouvait être atteint par le fléau épidémique. La reconnaissance des pauvres et la satisfaction d’avoir bien rempli son devoir avaient toujours suffi au bonheur de cet excellent fonctionnaire, et ce bonheur, il le goûtait depuis longtemps, lorsque la mort vint l’enlever à sa famille et à ses nombreux amis, le 30 novembre 1840.

M. Desportes n’a point laissé de fortune. Rappeler cette honorable pauvreté d’un administrateur qui, pendant quarante ans, eut le maniement île plusieurs millions, est le plus bel hommage que l’on puisse rendre à sa mémoire.

(Voir la Biographie nouvelle des Contemporains et le Moniteur de 1840.)


DU BOCCAGE (Pierre-Joseph Fiquet), dont le nom est devenu célèbre par sa femme, Marie-Anne Le Page, naquit au commencement du dix-huitième siècle. Il fut pourvu de la charge de receveur des tailles à Dieppe, cultiva les lettres et s’occupa surtout de traductions. Il a publié un recueil ayant pour titre:Mélanges de différentes pièces de vers et de prose, traduites de l’anglais d’après Elise Heywood, Suzanne Centlivre, Pope, Southern, etc.; Paris, 1751, 3 vol. in-8 —. — Fiquet Du Boccage a également fait passer dans notre langue:des Lettres sur le Théâtre anglais, les tragédies KOronoko et de l’Orpheline, l’Avare, comédie de Shadwell; la Femme de Campagne, comédie de Wickerley, 1752, 2 vol. in— 12. Il termina sa carrière a Paris, en 1767.

(Voir les Mémoires Biographiques de Guilbert, et la France Littéraire de J.-M. Quérard.)


DU BOCCAGE (Marie-Anne Le Page), une des femmes dont la célébrité dans les lettres fut des plus éclatantes, naquit le 22 novembre 1710. Fille d’un honorable négociant de Rouen, elle épousa, à dix-sept ans, Fiquet du Boccage, et se fit bientôt connaître dans la littérature par des œuvres dignes d’être remarquées. Jamais renommée littéraire ne s’étendit plus rapidement que celle de notre compatriote, dont les poésies, traduites en plusieurs langues, lui valurent, lors de ses pérégrinations en Angleterre, en Hollande et en Italie, d’être recherchée et fêtée par des personnages de la plus haute distinction. Reçue comme en triomphe à la cour de Londres, elle l’était également en Hollande par le prince de Nassau, et à Rome, Benoît XIV, auquel elle avait dédié son poëme la Colombiade, mit le comble aux louanges qui lui étaient adressées de toutes parts en lui témoignant la haute estime qu’il avait pour son beau talent.

Recherchée pour les charmes de son esprit, les grâces de sa physionomie, de ses manières, et surtout pour les excellentes qualités de son cœur, Mme Du Boccage ne cessa d’être entourée d’une cour composée des hommes éminents de son époque, cour au milieu de laquelle elle trônait en reine de la beauté et de l’intelligence. Elle avait pour courtisans assidus Fontenelle, Condillac, Lalande, Marmontel, Condorcet, Gentil-Bernard, Marivaux et de Bréquigny. Jamais auteur ne reçut, à l’occasion de ses ouvrages, un aussi grand nombre d’éloges en vers et en prose que n’en reçut cette aimable muse de la cité de Corneille, dont le sexe autant que le talent, fort remarquable d’ailleurs, motivait, nous devons le dire, ce tribut d’hommages et de galantes adulations, dont la réunion formerait un gros recueil.

Après avoir reçu de Voltaire, qu’elle alla visiter en passant à Ferney, une couronne de fleurs que lui-même lui avait posée sur la tête en disant que c’était le seul ornement qui manquât à sa coiffure, Mme Du Boccage, qui venait de donner au théâtre sa tragédie des Amazones, recevait encore de l’illustre poëte philosophe, à propos du succès de cette tragédie, une gracieuse épître dans laquelle il lui disait : « Vous vous êtes couronnée de myrtes et de lauriers ; vous joignez l’empire de la beauté à celui de i’esprit et des talents. Les femmes n’osent pas être jalouses de vous, et les hommes vous aiment et vous admirent. »

Demoustier, le galant auteur des Lettres à Émilie, qui avait également fait respirer à la moderne Sapho plus d’une fleur poétique, lui adressait, alors qu’elle était plus qu’octogénaire, les vers suivants, qui sans doute ne sont pas les moins heureux du genre :

« On regrette le temps passé sans vous connaître.
» Combien on eût joui d’un commerce aussi doux !
» Il semble que plus tôt on aurait voulu naître,
» Pour avoir le plaisir de vieillir avec vous.

» Lorsque, vers son déclin, le soleil nous éclaire,
» L’éclat de ses rayons n’en est point affaibli.
» On est vieux à vingt ans si l’on cesse de plaire,
» Et qui plaît a cent ans meurt sans avoir vieilli. »

Fontenelle, le compatriote et l’un des plus fervents admirateurs de cette femme célèbre, qu’il appelait familièrement sa fille, composait dans t<a centième année, pour placer au bas de son portrait, ce quatrain si délicatement laudatif :

« Autour de ce portrait couronné par la gloire

» Je vois voltiger les amours,

» Et le temple de Gnide et celui de Mémoire

» Se le disputeront toujours. »

Mme Du Boccage, pour laquelle on avait fait cette devise :

« Formel Venus, arte Minerva, »

était associée à l’Académie des Arcades de Rome, à celles de Bologne, de Padoue, de Lyon, de Rouen, etc., et elle vivait encore lorsque son buste fut couronné publiquement au Lycée des Arts, dans la séance du 30 germinal an II.

Ainsi, toute la vie de notre compatriote devait être une suite de triomphes littéraires dont elle savait, dans sa modestie, apprécier tout le charme, ce qui lui faisait souvent répéter :

« Que je suis heureusement née ! »

Elle avait été cependant, au milieu de ces enivrements, soumise à une rude épreuve et frappée bien cruellement dans ses affections par la perte de son mari, dont la société avait été pour elle une source de jouissances intellectuelles. « Je n’aurai jamais, disait-elle, » assez de larmes pour déplorer la perte d’un homme dont je fus si » constamment chérie. » Elle survécut trente-cinq ans à cette séparation douloureuse, et mourut à Paris, le 18 août 1802, dans sa quatre-vingt-douzième année.

Louée avec enthousiasme en vers et en prose pendant sa vie, elle le fut encore après sa mort, même dans plusieurs langues. Son éloge, écrit et publié par M— # Fanny de Beauharnais, à laquelle elle avait été fort attachée, fut fait aussi par Dom Gourdin, pour l’Académie de Rouen, et par Guilbert, pour la Société d’Emulation.

Les œuvres poétiques de Mme du Boccage se composent de cinq poëmes, qui sont : le Paradis terrestre, — la Mort d’Abet, — le Temple de la Renommée, - la Colombiade ou la Foi portée au Nouveau-Monde, le Prix alternatif entre les Belles-Lettres et tes Sciences, poëme qui mérita à son auteur le premier prix décerné, en 1746, par l’Académie de Rouen. Il faut ajouter à ces ouvrages un grand nombre de poésies diverses et la tragédie des Amazones, pièce représentée le 24 juillet 1746, et qui fut applaudie pendant plusieurs représentations.

Le recueil des Œuvres poétiques a été publié à Lyon, par Périsse frères, en 1762, 1764, 1774, 3 vol. in-8* ; à Paris, par Nyon aîné, 1788, 2 vol. in-12. Les Poésies diverses ont été publiées avec une notice biographique par Lepeinteur, à Paris, chez Mme Dabo-Butschert, 1825, in-12.

Le portrait de Mme Du Boccage se trouve dans la collection de la Bibliothèque de Rouen.


DU BOSC (Nicolas) naquit dans le quatorzième siècle sur la paroisse Saint-Vincent, de Martin Du Bosc, seigneur de Tendos, qui avait été l’un des otages donnés pour la rançon du roi Jean, fait prisonnier à la bataille de Poitiers. Devenu successivement bailli de Rouen et de Gisors, archidiacre du Grand-Caux, professeur de droit canon, chanoine de la Cathédrale de Rouen, puis évôque de Bayeux, en 1375, Nicolas Du Bosc fut nommé plus tard président de la chambre des comptes de Paris et garde des chartes.

Considéré pour ses lumières comme l’un des hommes les plus éminents de France, ce prélat, pour lequel le roi Charles VI avait une haute estime, fut employé par ce prince dans plusieurs négociations importantes pour l’Eglise et pour la couronne. Envoyé à Ardres, en 1389, pour y traiter d’une trêve avec les Anglais, il obtint. une suspension d’armes de trois ans ; puis fut aussi choisi pour assister à deux assemblées convoquées par le roi, la première composée des grands du royaume, et dans laquelle fut signé un traité où Gênes se déclarait soumise a la France ; la seconde, composée de prélats appelés à examiner les remontrances de l’Université de Paris contre Pierre de Lune, qui venait d’être nommé anti-pape sous le nom de Benoît XII. Du Bosc assista, en sa qualité de grand dignitaire ecclésiastique, à la translation des reliques du chef de saint Louis de l’abbaye de Saint-Denis à la Sainte-Chapelle, et termina sa carrière à Paris, le 19 septembre 1408. Son corps, transporté à Bayeux en 1412, fut inhumé dans l’église cathédrale.

Voici ce qu’on lit dans Y Histoire de Rouen, par Farin, touchant la sépulture de la famille de ce prélat : En 1407, Nicolas Du Bosc, » natif de la paroisse Saint— Vincent, fit une pieuse fondation pour » les âmes de son père et de sa mère et autres parents inhumés » dans la même église, à laquelle il donna trente livres tournois » de rentes pour y faire célébrer la messe à perpétuité. »

On a de cet éminent prélat un ouvrage intitulé : Voyage de Nicolas Du Bosc, garde-des-sceaus de France, pour négocier la paix entre les couronnes de France cl d Angleterre, près d’Ardres. Cet ouvrage, que le P. Le Long Indique comme manuscrit, a été publié par Dom Martène, à la fin du tome 2 de ses Voyages Littéraires.

( Voir l’Histoire du diocèse de Bayeux, par Hermant.)

DU BOSC (Siméon), de la même famille que le précédent, naquit dans le quatorzième siècle ; il s’appliqua avec beaucoup de zèle à l’étude des belles-lettres, et obtint le diplôme de docteur en décret. Il devint successivement prieur de Saint-Martin-de-Sigey, Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/120 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/121 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/122 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/123 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/124 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/125 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/126 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/127 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/128 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/129 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/130 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/131 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/132 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/133 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/134 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/135 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/136 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/137 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/138 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/139

ESNEVAL (Anne-Robert-Claude d’), marquis de Grémonville, etc., fils du précédent, naquit à Rouen, le 21 mars 1686, et fut président à mortier au Parlement de Normandie. Aimant à encourager les lettres, que lui-même il se plaisait à cultiver, ce magistrat se montra plein de générosité envers les poëtes des Palinods de Rouen, devint prince de cette Académie, et mourut au lieu de sa naissance, le 20 novembre 1766. Il fut inhumé à Pavilly, dans l’une de ses terres. (Voir l’Éloge des Normands, par l’abbé de la Rivière ; les Annonces de Normandie de novembre 1766, et la Notice historique sur l’Académie des Palinods de Rouen, par M. A.-G. Ballin.) ÉTIENNE, surnommé de Rouen, à cause du lieu de sa naissance, naquit vers le milieu du douzième siècle. Neveu de Bernard, qui, en 1134, devint abbé du Mont-Saint-Michel, Étienne embrassa, comme lui, la vie monastique dans l’abbaye du Bec, où il parvint jusqu’au diaconat. Ce religieux s’appliqua, pendant plusieurs années, à transcrire des manuscrits, travail des plus utiles à cette époque encore si éloignée de l’invention de l’imprimerie, puis il écrivit en latin un grand nombre d’ouvrages en vers et en prose.

La bibliothèque de Saint-Germain-des-Prés conserva jusqu’à la Révolution un très volumineux et curieux manuscrit de ce laborieux Bénédictin. Il contenait les pièces suivantes : Poëme sur la naissance du Sauveur, - Poëme funèbre en l’honneur de Valéran, comte de Meulan, publié dans le premier volume de la grande collection de Dom Martène, — Éloge de Geofroy, comte d’Anjou, Complainte sur la mort de Thibaut-le-Grand, comte de Champagne, Complainte sur le trépas de l’impératrice Mathilde, — Poëme sur l’élection de Bernard à l’abbaye du Mont-Saint-Michel, Vers sur la manière d’étudier, Abrégé de l’exposition d’Huimon sur Isale, — Abrégé des Institutions oratoires de Quintilien, avec un éloge de ce rhéteur, Dialectique de Martianus Capella, — Extrail des Partitions de Cicéron. Dom Brial attribue encore à Etienne le Draco Normanicus, ouvrage dont on ne connaît que la préface et les commentaires.

(Voir l’Histoire Littéraire de la France par les Bénédictins, tome 12.)

ÉTOILE (Mme de l’), née dans la première moitié du dix-huitième siècle, fit connaître fort jeune son penchant pour la poésie. Elle fut couronnée deux fois aux concours de l’Académie des Palinods de Rouen : la première en 1770, pour une ode imitée du magnifique cantique de Moïse, le Passage de la mer Rouge ; la seconde en 1771, pour une idylle sur la Mort d’Abel. Ces deux pièces ont été imprimées séparément en 1772.

(Voir les Biographies manuscrites, par A. Pasquier.)

EUDEMARE ( François d’), né dans la seconde moitié du seizième siècle, était chanoine de la Cathédrale de Rouen. Il publia, en 1626, une histoire de Guillaume-le-Conquérant, sous le titre d’Histoire excellente et héroïque du roi Williaume-le-Bâtard, jadis roi d’AnPage:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/141 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/142 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/143 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/144 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/145

FLÉCHEUX (Maria), artiste lyrique distinguée, naquit en 1815, et commença à se faire connaître, en 1834, sur le second théâtre de Rouen, où elle chanta dans deux concerts. Douée d’une voix fraîche, bien timbrée et des plus sympathiques, la jeune Maria, appelée à Paris, y fut bientôt remarquée et chaleureusement encouragée. Le 7 novembre 1835, elle fit à l’Opéra un brillant début dans le rôle d’Alice de Robert-le-Diable, et créa l’année suivante, avec beaucoup de succès, le rôle du page dans les Huguenots.

Ayant quitté l’Opéra, cette cantatrice se fit entendre dans plusieurs théâtres de province, et fut pendant quelques années engagée au théâtre de Bruxelles, où elle tint son emploi avec distinction. Maria Flécheux mourut à Paris, le 20 septembre 1842. (Voir la Biographie des Acteurs de Paris, etc.)

FLEURY (Pierre-Dominique), né en 1768, fit ses études au collège des Jésuites de Rouen et remporta, en 1786, les prix de botanique et de mathématiques fondés par la ville. Joignant à l’amour des sciences la lecture des poëtes latins, il cultivait aussi, parmi les arts, le dessin et la musique ; mais, donnant la préférence aux sciences mathématiques, il entra dans le génie civil et fut nommé ingénieur au Havre. Ayant refusé de prêter serment lors de la Révolution, il fut porté sur une liste de suspects, mais parvint à se soustraire aux poursuites jusqu’à la chute de Robespierre.

Revenu dans sa ville natale, il travailla, avec le savant Dom Gourdin, au classement des livres qui se trouvaient alors dans les greniers de l’Ecole centrale, livres qui devaient servir plus tard à fonder la Bibliothèque publique de Rouen. Cette occupation développa chez notre compatriote le goût de la bibliographie, et il embrassa la profession de libraire. M. Fleury fut, en cette qualité, honoré de l’estime et de la confiance du cardinal Cambacérès, archevêque de Rouen. Passionné pour les bons livres et plein de discernement dans leur choix, il acquit, à bon droit, la réputation de bibliophile distingué. Il termina sa carrière dans sa ville natale, le 7 décembre 1850.

(Voir une Notice biographique en tête du Catalogue des livres ayant appartenu à M. Fleury père.)

FONTAINE (Marie-Pierre), né le 7 février 1712, embrassa l’état ecclésiastique et remplit, pendant plusieurs années, les fonctions de vicaire de Notre-Dame-de-la-Ronde. S’étant livré avec beaucoup d’ardeur à la culture des lettres, et surtout à celle de la poésie, il publia, en 1736, sous le voile de l’anonyme, un recueil de pièces anacréontiques intitulées Muse Normande, et, en 1745, il adressa au roi Louis XV une églogue à l’occasion de sa convalescence.

Reçu membre de l’Académie de Rouen, l’abbé Fontaine défraya pendant dix ans les séances publiques et particulières de cette compagnie par la lecture des Odes d’Horace, d’Anacréon et de Pindare, qu’il traduisait en vers français. Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/147 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/148 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/149 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/150 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/151 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/152 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/153 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/154 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/155 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/156 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/157 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/158 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/159 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/160 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/161 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/162 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/163 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/164 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/165 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/166 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/167 tion, dans l’église Saint-Vincent, où elles firent partie d’un nouveau dallage. C’est là qu’en 1842 elles furent reconnues par M. A. Deville, qui s’empressa de les signaler comme offrant un certain intérêt, au point de vue de l’archéologie et de l’histoire locale. Ces deux pierres, levées en 1844, ont été scellées dans le mur de l’un des bas-côtés de cette même église, près des fonts baptismaux.

(Voir l’Histoire de Rouen, par Farin, et la Revue de Rouen, année 1842.)

GODEFROY (Antoine), célèbre maitre d’escrime, naquit en 1735. Il servit d’abord dans le régiment de Provence, ce qui lui fit donner le surnom de Cadet de Provence, et passa ensuite dans un régiment de dragons, où il devint sous-officier. Il mourut aux Invalides, le 20 novembre 1787.

Le portrait de Godefroy se trouve dans la collection de la Bibliothèque de Rouen.

GODEFROY (Mlle Madeleine), née dans le dix-huitième siècle, remporta, en 1764, à l’Académie de Rouen, le prix de dessin d’après la bosse. A. Pasquier dit, à propos de cette récompense, que notre jeune compatriote se distingua dans l’art du dessin et dans celui de la peinture, mais il ne fait connaître aucun de ses ouvrages.

(Voir les Biographies manuscrites, par A. Pasquier, et les Annonces de Normandie du 31 août 1764.)

GODEFROY (François), né en 1743, à Rouen, selon les Mémoires Biographiques de Guilbert, et dans la commune du Boisguillaume, selon la Notice de Lecarpentier, entra fort jeune à l’école de dessin de Rouen, dont il devint l’un des meilleurs élèves. Désireux de se perfectionner dans un art pour lequel il montrait de si heureuses. dispositions, Godefroy alla se fixer à Paris et fut admis, dès son arrivée, dans l’atelier du célèbre graveur Lebas. Il fit sous ce maître de rapides progrès dans l’exercice de la pointe et du burin, et, sorti de cette école, le jeune artiste entreprit de graver le tableau pour son propre compte.

La première planche qui mit Godefroy en réputation fut un Repos de Soldats, d’après Loutherbourg, œuvre bientôt suivie de deux jolis paysages, d’après Fragonard, et des Nappes d’eau, d’après Leprince, gravure qui eut un très grand succès parmi les amateurs. — À ces belles estampes, qui révélaient dans notre compatriote un graveur de premier ordre, il faut joindre les Géorgiennes au bain, de La Hire ; les Etrennes, sujet de sa composition ; une Vue perspective de la ville de Rouen, prise du Grand-Cours, d’après le tableau original de Hue ; Spectacle historique, gravé d’après les médailles du cabinet du roi et de celui de Sainte-Geneviève ; Galerie de Florence, d’après les dessins de Wicar. Godefroy enrichit aussi de plusieurs planches Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/169 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/170 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/171 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/172 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/173 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/174 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/175 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/176 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/177 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/178 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/179 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/180 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/181 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/182 Almanach de la Ville, Châtellenie et Prévolé de Corbeil, 1789, in-18 ; Notice périodique de l’Histoire ancienne et moderne de la ville et district de Corbeil, 1792, in-18 ; Mélanges historiques, oratoires el poétiques, relatifs à quelques événements de la fin de l’an VIII et du commencement de l’an IX, Corbeil, 1801, in-18 ; Hymnes el Proses en l’honneur de saint Spire et de saint Leu, patrons de Corbeil, mises en vers français, 1801, in-18 ; Adieux d’un Curé à ses paroissiens, 1802.

Les manuscrits autographes laissés par l’abbé Guiot sont très nombreux ; ceux que nous connaissons contiennent : Sermons pour l’Avent et le Carême ; Biblia Litteratorum, supplément à la Bibliothèque Sacrée du P. Le Long, où sont indiquées les poésies, les peintures, les sculptures, gravures et toutes les compositions musicales relatives à l’Ecriture-Sainte ; Fasti Corbolienses, manuscrits dont il a été publié plusieurs fragments ; le Moreri des Normands, appartenant à la Bibliothèque de Caen ; Clio Rothomagensis, grand in-folio, qui, ainsi que plusieurs autres manuscrits également autographes du même auteur, se trouve à la Bibliothèque de Rouen.

L’abbé Guiot a aussi composé un grand nombre d’éloges d’académiciens, et édité les pièces couronnées au concours des Palinods de 1760 à 1767.

(Voir les Biographies manuscrites par A. Pasquier, la Biographie Universelle, Notice historique sur l’Académie des Palinods, par M. A.-G. Ballin, et une Notice biographique autographiée, par M. E.-T. Pinard.)

GUYOT (Alexandre-Toussaint), frère du célèbre abbé Guyot-Desfontaines, naquit dans la seconde moitié du dix-septième siècle. Il fut pourvu d’une charge de maître des comptes à la cour des aides et finances de Rouen, puis se livra, dans ses moments de loisirs, à son goût pour la littérature et pour les études historiques. On connaît de Guyot les deux ouvrages suivants : Histoire de Jeanne première et de Jeanne seconde, r’eines de Naples et de Sicile, Paris, Barbin, 1700, in-12 ; le Chemin du Ciel, traduit du latin d’après Bona, Paris, 1708, 1716, 1727, in-16.

(Voir les Mémoires Biographiques de Guilbert et la France Littoraire de J.-M. Quérard.)


H.

HACHARD (Marie-Madeleine), née vers la fin du dix-septième siècle, se fit religieuse dans le couvent des Ursulines de Rouen, sous le nom de sœur Stanislas. Elle se livra à l’éducation des jeunes filles, et fut envoyée en 1727, avec plusieurs de ses compagnes, fonder à la Nouvelle-Orléans un établissement de son ordre. Cette religieuse écrivit à sa famille des lettres dans lesquelles elle donnait d’intéressants détails relatifs à son voyage et à cet établissement. Ces lettres ont été imprimées en recueil, à Rouen, chez Prevot, 1728, in 12.

("Voiries Biographies manuscrites par A. Pasquier et la Bibliothèque Française du P. Le Long.)

HAILLET (Jean-Baptiste-Guillaume), sieur de Couronne, naquit d’une famille noble, le 14 avril 1728. Après avoir terminé ses études à Paris au collège Louis* le-Grand, il prit du service en qualité de cornette dans le régiment d’Harcourt, fit deux campagnes, et quitta, sur les instances de sa mère, la carrière des armes pour embrasser celle de la magistrature. Il acheta la charge de lieutenant général civil et criminel au bailliage et siège présidial de Rouen, charge héréditaire dans sa famille, et se livra, sans rien négliger de ses importantes fonctions, à son amour pour les lettres et pour les études historiques.

Ce magistrat littérateur, qui était membre et juge de l’Académie des Palinods de Rouen, membre et secrétaire de l’Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de la même ville, a beaucoup écrit sur l’histoire, la poésie, la bibliographie, et a fait plusieurs éloges d’académiciens. Amateur distingué des livres anciens et des éditions rares, il se composa dans ce genre une riche et curieuse bibliothèque qu’il conserva jusqu’à sa mort, arrivée à Paris le 29 juillet 1810.

M. Haillet de Couronne a laissé à l’état de manuscrit les ouvrages dont voici les titres:Histoire Littéraire de Normandie ; Dictionnaire bibliographique des Livres rares, curieux et intéressants ; Traité comparatif de la Poésie ancienne et moderne ; Considérations sur la Poésie dans son origine, ses progrès et sa décadence; Histoire de l’Académie de Rouen et de ses travaux.

Les notes autographes que cet académicien destinait à la composition d’un nouveau Dictionnaire biographique des femmes célèbres se trouvent dans la Bibliothèque de Rouen, collection Leber.

(Voir le Précis des travaux de l’Académie de Rouen, année 1811, et le Supplément de la Biographie Universelle.)

HALLÉ ( Daniel), père de Claude-Guy et aïeul de Noël Hallô, peintres distingués, naquit au commencement du dix-septième siècle, et exerça lui-même avec talent l’art de la peinture. Il prit à Rouen les premières notions de cet art, ainsi que le constatent les lignes suivantes, extraites du registre des maîtres de la corporation:« Dudit jour mardi 4 novembre 1631, Daniel Hallô a été juré apprentif du me8tier de paintre et sculpteur, etc. »

Cet artiste, qui, dans la suite, alla se fixer à Paris, s’y fit connaître par des portraits et des tableaux d’église, et termina sa carrière en 1674.

Nous ne possédons à Rouen qu’un seul tableau de Daniel Hallé; il a pour sujet la Multiplication des pains, et décore la chapelle de Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/185 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/186 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/187 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/188 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/189 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/190 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/191 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/192 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/193 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/194 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/195 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/196 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/197 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/198 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/199 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/200 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/201 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/202 196 JOU

JOUVENET (Jean), l’un des plus illustres peintres de l’école française, naquit sur la paroisse Saint— Lô de Rouen, vers la fin d’avril 1644. Il commença l’étude de la peinture sous son père, et alla ensuite se perfectionner a Pnris. Enthousiaste de son art, il s’affranchit des entraves de l’école, prit la nature pour guide, et, donnant l’essor à ses talents, il se fit bientôt un nom par son beau tableau du Mai représentant la Guérison du paralytique. Plusieurs autres tableaux, dans lesquels se révélait un génie plein de force et tout-à-fait original, mirent Jouvenet en grande réputation, et le peintre Le Brun, qui l’estimait beaucoup, se l’associa pour l’eiécution de quelques ouvrages importants, commandés par le roi i Saint-Germain, aux Tuileries, S Versailles, etc.

Reçu en 1675 membre de l’Académie de Peinture, dont il devint directeur en 1705 et recteur perpétuel en 1707, cet artiste, qui tra « * vaillait avec une facilité prodigieuse, put à peine, à partir de cette époque, suffire aux nombreux travaux dont il fut chargé, et le roi, de plus en plus satisfait de ses ouvrage ?, augmenta considérablement la pension dont il le gratifiait depuis longtemps. Atteint en 1713 d’une paralysie à la main droite, Jouvenet parvint a rendre la gauche assez habile pour peindre de cette main plusieurs grandes toiles, entre autres le Magnificat ou Visitation de la Sainte Vierge, que l’on voit encore aujourd’hui dans Notre-Dame de Paris, et le tableau qui servait de plafond a l’une des salles d’audience du Parlement de Rouen, représentant Innocence poursuivie par le Mensonge et cherchant un refuge dans les bras de la Justice (1).

Jean Jouvenet mourut â Paris, le 5 avril 1717, léguant à la postérité un nombre considérable de tableaux, exécutés, la plupart, pour des églises et des communautés religieuses. Les principaux sont : Eslher devant Assuérus ( son tableau de réception à l’Académie) ; Jésus chassant les vendeurs du Temple, Saint Bruno en prières (donnés au musée de Lyon) ; Jésus-Christ au jardin des Olives ( donné au musée de Grenoble) ; le Christ en croix ( donné au musée de Dijon) ; le Centenier aux pieds de Jésus (donné au musée de Tours) ; Présentation au Temple (donné au musée du Mans) ; le Mariage de la Sainte— Vierge (donné à la bibliothèque d’Alençon) ; Jésus chez Simon le Pharisien.

Le Musée de Rouen possède de notre compatriote les tableaux représentant un Ex-Voto, — Jsaac bénissant Jacob, — l’Annonciation,

-Jésus-Christ présenté au Temple, — l’Ascension, — Vision de sainte Thérèse, — Mort de saint François, — les douze Apôtres, esquisses exécutées en grand au plafond de la coupole des Invalides, les Apotliéoses des Évangélisles saint Matthieu et saint Luc, deux tableaux donnés en 1858 par M. Blanquart deBailleul, archevêque do Rouen ; — Portrait de M. de Séraucourt, docteur en Sorbonne ;

— Portrait de l’auteur, peint par lui-même.

(1) Ce tableau fut entièrement détruit lors de l’écroulement du plafond de cette salle, le t" avril 1812. Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/204 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/205 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/206 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/207 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/208 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/209 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/210 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/211 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/212 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/213 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/214 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/215 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/216 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/217 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/218 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/219 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/220 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/221 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/222 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/223 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/224 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/225 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/226 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/227 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/228 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/229 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/230 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/231 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/232 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/233 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/234 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/235 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/236 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/237 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/238 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/239 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/240 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/241 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/242 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/243 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/244 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/245 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/246 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/247 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/248 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/249 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/250 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/251 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/252 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/253 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/254 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/255 blics. On doit à Claude Le Prince les belles sculptures qui décorent l’intérieur du Palais de-Justice » celles de l’une des salles de l’ancienne chambre des Comptes et de la porte Guillaume-Lion[2].

Artiste consciencieux et désintéressé, il apporta constamment un Foin minutieux dans la moindre de ses œuvres. Le Prince avait été, en 1748, reçu membre de l’Académie des Sciences, Belle-Lettres et Arts de Rouen.

Il termina sa carrière dans cette ville en 1758.

Un peintre-doreur du même nom et de la même famille a exécuté, dans la seconde moitié du dix-huitième siècle, les dorures du chœur des églises Saint-Maclou et Saint-Vincent, de Rouen, puis celles de l’église de Saint dair-sur-les-Monts, arrondissement d’Yvetot.

(Voir Notice biographique par Le Cat, Précis de l’Académie de Rouen, tome II ; Églises de l’arrondissement d’Yvetot, par M. l’abbé Cochet, tome II, et Portraits inédits d’artistes français, texte par M. Ph. de Chenevières, lithographies et gravures par M. F. Legrip.)


LE PRINCE DE BEAUMONT (Marie, dame), de la famille du précèdent, naquit le 26 avril 1711, sur la paroisse de Saint-Martin-du-Pont. Elle contracta, à Lunéville, avec M. de Beaumont, un mariage qui aurait fait le malheur de toute sa vie, si, en 1745, elle n’était parvenue à le faire déclarer nul pour vice de forme et pour des motifs encore plus graves. Pourvue d’une bonne et solide éducation M** Le Prince, qui avait quitté sa patrie pour aller se fixer en Angleterre, s’y livra d’abord à l’enseignement, fit plusieurs éducations qui la mirent en réputation, puis débuta, en 1748, dans la carrière littéraire par un roman intitulé : le Triomphe de la vérité ou Mémoires de M. de La Villette. Ensuite elle consacra plus spécialement sa plume a la composition d’ouvrages destinés à l’instruction de la jeunesse.

Les principaux, qui eurent une grande vogue et furent traduits en différentes langues, sont : Nouveau Magasin français ou Bibliothèque instructive, Londres, 1750, plusieurs éditions ; l’Éducation complète ou Abrégé de l’Histoire universelle, etc., Londres, 1753 f 3 vol. in-12, plusieurs éditions ; Magasin des Enfants ou Dialogues entre une sage gouvernante et ses élèves, Londres, 1757, 4 vol. in-12, plusieurs éditions ( cet ouvrage est regardé avec raison comme l’un des meilleurs de l’auteur) ; Magasin des Adolescents, 1760, 4 vol. in-12 ; Magasin des pauvres Artisans, Domestiques et Gens de la campagne, Paris, 1768, 2 vol. in-12, plusieurs éditions. On cite encore parmi les bons ouvrages de Mme e Le Prince Anecdotes du quatorzième siècle pour servir à l’histoire de la vit des femmes illustres de ce temps, Londres, 1758 et 1759, in-12 ; les Américaines ou la Preuve de la Reli- gion chrétienne par les lumières naturelles, Lyon et Paris, 1770, 6 vol. id-12 ; Contes Moraux, Lyon, 1773, 2 tomes en 1 volume.

Après avoir épousé à Londres M. Tbomas Pichon de Vire, Mme Le Prince quitta l’Angleterre et vint habiter Chavanod, près d’Annecy en Savoie, où, malgré les soins qu’elle eut à donnera une nombreuse famille, elle continua à écrire des romans, des livres d’éducation, de morale, d’histoire, de grammaire et même de théologie. Les œuvres complètes de cette dame se composent de près de soixante-dix volumes. Elle termina sa carrière en 1780.

Le portrait de Mme Le Prince de Beaumont se trouve dans la collection de la Bibliothèque de Rouen.

(Voiries Mémoires Biographiques de Guilbert, la Biographie Universelle, etc.)


LEROY ( Louis), né en 1776, entra au service en 1792, dans le 24* régiment d’infanterie de ligne. Il fît avec l’armée du Nord les campagnes de 1793, celles de l’an 11 à l’an V à l’armée du Rhin, de l’an VI à l’an XI en Italie, et fit partie de la Grande-Armée de 1805 a 1807. Le 26 février de cette dernière année, il reçut, à la bataille de Braunsbertf, une grave blessure qui le mit hors d’état de continuer le service. Il avait alors passé près de quinze ans sous les drapeaux et comptait seize campagnes.

Ce brave soldat, nommé tardivement chevalier de la Légiond’Honneur le 14 août 1852, a terminé sa carrière à Rouen, en juin 1857.

(Voir une notice par M. A. Adlaud, Journal de Rouen du 11 juin 1857.)


LEROY (Narcisse), né le 21 octobre 1795, fut d’abord avocat et devint successivement substitut à Bernay, procureur du roi â Laon, a Beau vais, avocat général à Rouen en 1833, et conseiller â la cour royale de cette même ville en 1836. Il présida souvent en cette qualité les assises de la Seine-Inférieure et de l’Eure, et fut nommé chevalier de la Légion-d’Honneur.

Ce magistrat, qui dans ses moments de loisir cultivait la poésie en amateur, s’était rendu familiers les meilleurs poëtes de la belle latinité, tels qu’Horace, Tibulle et Catulle, ses auteurs de prédilection ; Ausone et Claudien, Martial et Juvènal, qui semblaient avoir versé dans son esprit un filet de leur veine incisive et caustique. Reçu membre de l’Académie de Rouen en 1841, il en devint secrétaire pour la classe des lettres et fut ensuite appelé à l’honneur de la présidence. M. Leroy avait fait en vers son discours de réception à l’Académie, ainsi que celui qu’il prononça à la séance publique en qualité de président. On a aussi de lui un petit poëme sur le peintre Géricault et quelques pièces de vers insérées dans le Précis de l’Académie de Rouen.

Il a terminé sa carrière, frappé d’apoplexie, le 31 janvier 1856. et a été inhumé dans la commune de Barcq ( Eure).

(Voir les journaux de Rouen du 1er février 1856, et un discours nécrologique par M. A. Pottier, mêmes journaux du 3 février.)

LEROY (Alphonse-Vincent-Louis), médecin et chirurgien distingué, naquit le 23 août 1741. Il devint professeur d’accouchement à la Faculté de médecine de Paris, et se fit une brillante réputation dans le traitement des maladies des femmes et des enfants. Bien qu’il fût doué de beaucoup d’esprit et qu’il possédât une vaste érudition, il ne lit pas toujours preuve d’un bon jugement ; souvent il soutint avec opiniâtreté dans la discussion et dans ses écrits les plus étranges paradoxes, puis fut un adversaire acharné de la vaccine, qu’il combattit constamment dans de nombreuses brochures. Excellent homme au fond, malgré les travers de son esprit, L^roy ne cessa de se moutrer plein de zèle et de dèvoûment dans tout ce qui pouvait contribuer au soulagement de tes semblables.

Cet habile médecin mourut assassiné dans son domicile, & Paris, la nuit du 15 au 16 janvier 1816, par un domestique et une servante qui, on le supposa, avaient été employés chez lui, et qui se rendirent en même temps coupables de vol et d’assassinat.

Leroy a laissé sur la science qu’il professait de nombreux ouvrages, dont voici les principaux : Maladies des Femmes et des Enfants, avec un Traité des Accouchements, etc, Paris, 1768, 2 vol. in 8° ; Recherches sur les Habillements des femmes et des enfants, ou Examen de la manière dont il faut vêtir l’un et l’autre sexe, Paris, 1772, in-12 ; la Pratique des Accouchements, 1776, in-8° ; Observations et réflexions sur l’opération de la symphise et les accouchements laborieux, Paris, 1780, in-8° ; Essai sur l’Histoire naturelle de la grossesse et de l’accouchement, Paris, 1787, in-8° ; Médecine maternelle, Paris, 1803 ; Manuel des Goutteux. Paris, 1805 ; Manuel de la Saignée, Paris, 1807 ; De la Conservation des Femmes, etc. Paris, 1811.

(Voir la Biographie Universelle, la Biographie des Contemporains, les Mémoires Biographiques de Guilbert, la France Littéraire de J.-M. Quérard, et le Journal de Rouen du 18 janvier 1816.)

LESUEUR (Pierre François), né en 1606, entra dans la congrégation des Bénédictins de Saint-Maur, fit profession dans l’abbaye de Jumièges en 1625, et fut, au jugement de Mabillon, l’un des religieux les plus savants de l’ordre de Saint-Benoît. Il s’appliqua particulièrement à éclaircir par de savantes et judicieuses remarques les actes des saints ayant appartenu à sa congrégation.

Les moines de Saint-Wandrille possédaient dans leur bibliothèque une Vie du bienheureux Alcu in, écrite par dom Lesueur. Ce religieux mourut dans cette dernière abbaye le 27 avril 1667.

(Voir l’Histoire littéraire des Bénédictins de la congrégation de Saint-Maur, etc.) Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/259 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/260 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/261 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/262 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/263 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/264 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/265 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/266 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/267 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/268 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/269 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/270 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/271 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/272 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/273 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/274 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/275 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/276 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/277 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/278 Page:Lebreton - 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Nous mentionnerons parmi les pièces de poésies du même auteur : les Guerriers et les Savants, ode ; la Grandeur de Dieu, ode ; l’Univers, ode philosophique ; les Académies, poëme ; Epître à la solitude, Jeanne Darc, ode.

L’abbé Yart termina sa carrière dans sa paroisse de la Saussaye, en 1791, à l’âge de quatre vingt deux ans.

(Voir Notice biographique, par Haillet de Couronne ; Précis de l’Académie de Rouen, 1792 ; Mercure de France, janvier 1741, décembre 1742, mars 1743 ; Journal de Normandie, 18 septembre 1778, et Mémoires biographiques de Guilbert.)

FIN.

Rouen. — Imprimerie de D. BRIÈRE et Fils, rue Saint-LÔ, n » 7. Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/371 Page:Lebreton - Biographie rouennaise.djvu/372

TABLE DES MATIÈRES

(ne fait pas partie de l’ouvrage original)

  1. Nous avons acquis la certitude qu’il ne se trouvait à cette époque, dans le Parlement de Normandie, aucun conseiller du nom de Desmares.
  2. La seule qui existe encore à Rouen.