Biographie nationale de Belgique/Tome 3/CARONDELET, Jean (archevêque)

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*CARONDELET (Jean), chef du conseil privé, né à Dôle, en 1469, était le deuxième fils du chancelier Carondelet. Il embrassa l’état ecclésiastique et devint de bonne heure doyen de la métropole de Besançon. Philippe le Beau, ayant donné, en 1497, une nouvelle organisation au grand conseil établi près sa personne pour les affaires de justice, comprit Carondelet au nombre des maîtres des requêtes ordinaires qui furent appelés à en faire, partie[1]. Lorsque, sept années plus tard, reprenant l’œuvre de son aïeul, il fixa définitivement le grand conseil à Malines (22 janvier 1504, n. st.), il le nomma le troisième des conseillers ecclésiastiques. Carondelet laissa cette charge en 1508, pour passer au conseil prive. En 1517, il accompagna Charles-Quint en Espagne; il revint avec lui, en 1519, aux Pays-Bas, où il demeura auprès de l’archiduchesse Marguerite, qui était chargée de la régence de ces provinces : nous le voyons, dès cette époque, figurer dans les comptes de l’argentier de l’Empereur, en qualité de « conseiller et premier maître des requêtes ordinaire de l’hôtel. » Ce fut Carondelet qui porta la parole dans l’assemblée des états généraux que Charles-Quint réunit en son palais, à Bruxelles, le 2 mars 1531, pour rendre compte aux représentants de la nation de ce qu’il avait fait depuis son départ des Pays-Bas en 1522; dans celle du 5 juillet, où la reine Marie de Hongrie, sœur de l’Empereur, fut présentée aux états comme leur future régente, et dans celle du 7 octobre, où l’Empereur prit congé d’eux. Charles-Quint avait, le 1er octobre, réorganisé le conseil privé; Carondelet en avait été nommé chef et président. Il fut à la tête de ce conseil collatéral pendant neuf années. Sentant qu’il ne pouvait plus supporter le poids d’une charge aussi lourde, il supplia l’Empereur, en 1540, de lui accorder sa démission. Ce monarque, ayant égard à sa requête, et en considération de son grand âge, la lui accorda (1er octobre). Nous avons dit que, jeune encore, il avait été pourvu du doyenné de l’église métropolitaine de Besançon; depuis, les dignités ecclésiastiques s’étaient accumulées sur sa tête : il était archevêque de Palerme et primat de Sicile; prévôt de Saint-Donat à Bruges, et à ce titre chancelier perpétuel de Flandre; abbé commendataire de Notre-Dame de Mont-Benoît au comté de Bourgogne; prévôt de Sainte-Walburge à Furnes et de Saint-Piat à Seclin. Il mourut le 8 février 1545 (n. st.) et fut enterré dans l’église de Saint-Donat, à Bruges; Foppens (Bibliotheca Belgica) nous a conservé l’épitaphe inscrite sur son mausolée.

On a de Carondelet un ouvrage intitulé : Consilia et Observationes juris, et un autre, De Orbis Situ, qui fut imprimé à Anvers en 1562; il laissa, en manuscrit, quelques traités de droit. Érasme, dont il était l’ami, lui adressa plusieurs lettres, lui dédia son Saint Hilaire. On le regarde comme le second fondateur du collége de Saint-Donat, à Louvain, qu’il accrut en bâtiments et dont il augmenta la dotation. Il avait pris pour devise : Matura.

Gachard.

Les tombeaux des hommes illustres du conseil privé. — Foppens, Bibliotheca belgica. — Wielant, Antiquités de Flandre (t. IV des chroniques de Flandre, publiées par la Commission royale d’histoire). — Biogiaphie Michaud. — Foppens, Histoire (inédite) du grand conseil. — Archives du royaume : registres divers.

La famille Carondelet, devenue belge dès la fin du XVe siècle, compta, aux deux siècles suivants, nombre de ses membres qui occupèrent des charges dans l’Église, dans la magistrature, dans l’armée, et dont plusieurs s’y distinguèrent. Nous citerons :

I. Carondelet (Ferry), né en 1473, fils de Jean et de Marguerite de Chassey, archidiacre de Besançon, abbé du Mont-Saint-Benoît, conseiller ecclésiastique au grand conseil de Malines, ambassadeur de l’empereur Maximilien à Rome en 1511 et 1512, mort le 29 juin 1528;

II. Carondelet (Charles), frère du précédent, chevalier, seigneur de Potelles, maître d’hôtel de la princesse Éléonore, sœur de Charles-Quint, châtelain d’Ath de 1523 à 1539, mort en cette dernière année;

III. Carondelet (Claude), fils de Claude et de Jacqueline de Joigny, doyen de Besançon et de la collégiale d’Haerlebeke, prévôt de Saint-Donat à Bruges, nommé conseiller au conseil privé le 30 janvier 1544 (1545, n, st.), mort le 11 août 1544, à l’âge de cinquante et un ans;

IV. Carondelet (Paul), fils de Paul et d’Anne d’Ailly, né au château de Mousty-sur-le-Thil en 1551, qui, sous les ordres du comte d’Egmont, commanda un des corps de l’armée du roi catholique à la bataille d’Ivry, fut fait gouverneur de Bouchain en 1593, chevalier par lettres patentes de Philippe II du 21 avril 1597, conseiller au conseil de guerre des archiducs Albert et Isabelle en 1607, et mourut à Bouchain le 1er mai 1625;

V. Carondelet (Ferry), chevalier, seigneur de Potelles, gentilhomme de la maison de Charles-Quint, châtelain d’Ath du mois de décembre 1554 à la fin de décembre 1564, date de sa mort;

VI. Carondelet (Georges), seigneur de Noyelles, fils de Paul, nommé ci-dessus, et d’Anne de Montigny-Saint-Christophe, gouverneur de Bouchain, qui, ayant entretenu des intelligences avec la France, fut tué par les soldats chargés de l’arrêter, le 9 avril 1633 (Biogr. Nat., t. I, p. 584);

VII. Carondelet (François), frère du précédent, doyen de l’église métropolitaine de Cambrai : envoyé par l’infante Isabelle en Angleterre et en France, il servit, dans ce dernier pays, d’intermédiaire auprès du cardinal de Richelieu, au comte d’Egmont et au prince d’Epinoy, qui voulaient renverser la domination espagnole aux Pays-Bas (Biogr. Nation., t. I, p. 690); le marquis d’Aytona, ayant eu connaissance de ses intrigues, le fit arrêter en 1633 et conduire au château d’Anvers, où il mourut deux années après;

VIII. Carondelet (Antoine), né au château de Noyelles le 17 juillet 1602, frère des deux précédents, fait mestre de camp d’un régiment de quinze compagnies d’infanterie wallonne le 26 mai 1631, mort le 17 avril 1684.

Gachard.

Le Chenaye-Desbois, Dictionnaire de la noblesse, t. IV. — Les tombeaux des hommes illustres du conseil privé. — Lettres du roi Louis XII et du cardinal d’Amboise. — Le Glay, Négociations diplomatiques entre la France et l’Autriche. — Inventaire des archives de la Chambre des comptes, t. II. — Archives du royaume : registre n° 874 de l’audience; Ms. contenant la notice des présidents, conseillers et secrétaires du conseil privé.


  1. D’après Foppens, dans son Histoire du grand conseil de Malines, conservée en manuscrit à la Bibliothèque royale, Carondelet aurait été, dès 1494, « conseiller ecclésiastique au conseil d’État des Pays-Bas. » Il n’existait point de conseil d’État en 1494; Foppens s’est donc trompé : peut-être a-t-il confondu avec la nomination de 1497 dont nous parlons.