Biographie nationale de Belgique/Tome 3/CAOURSIN, Guillaume

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CAOURSIN (Guillaume) ou CAORSIN, dont le père était originaire de l’île de Rhodes, naquît à Douai, vers 1430. Il fut pendant quarante ans au service de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem, qu’on appelait alors de Rhodes et qui prit plus tard le nom d’ordre de Malte. Il n’en porta cependant jamais l’habit et n’y fit point profession; mais il le servit depuis 1462, en qualité de vice-chancelier et secrétaire, sous les grands-maîtres Raimond Zacosta, Jean-Baptiste Orsini et Pierre d’Aubusson.

Caoursin, homme très-habile et intègre, rendit de grands services à l’ordre, qui l’envoya différentes fois en ambassade à Rome et à Naples. En 1480, il fut au nombre des défenseurs de Rhodes, assiégé par les Turcs. Il a écrit de ce siége une relation curieuse, souvent imprimée et traduite en plusieurs langues. L’ordre se montra reconnaissant envers lui. Lorsqu’il se maria à Rhodes, le grand-maître et son conseil, pour le récompenser de ses services, lui firent présent de mille florins d’or, afin qu’il pût acheter une maison pour sa famille. — Lors d’une mission auprès du Saint-Siége, en 1484, la harangue qu’il adressa au pape Innocent VIII plut tant au Saint-Père qu’il le nomma secrétaire apostolique et comte palatin. Caoursin mourut à Rhodes en 1501. Tous ses ouvrages ont été écrits en faveur de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem. Ces ouvrages sont : 1° Obsidionis Rhodiæ urbis descriptio. Cette relation a joui, pendant longtemps, d’un grand succès; elle a eu de nombreuses éditions, et a été traduite en anglais, en espagnol et deux fois en allemand. C’est par distraction sans doute que Brunet, dans son Manuel, en cite une édition de 1475, ce qui est impossible, ce fameux siége n’ayant eu lieu qu’en 1480. — 2° De terræ motus labe, quâ Rhodii affecti sunt. Ce tremblement de terre arriva à Rhodes l’année même qu’elle fut assiégée. — 3° Oratio in senatu Rhodiorum, de morte Magni Turci, habita pridie Kalendas junias 1486. Le sultan mort cette année était le fameux Mahomet II. — 4° De casu Zyzymi commentarius. — 5° De celeberrimo foedere cum Turcorum rege Bagyazit per Rhodios inito, commentarius. — 6° De admissione regis Zyzymi in Gallias, et diligenti custodia et asservatione exhortatis. — 7° De Translatione sacra dextræ S. Joannis Baptistæ Christi præcursoris ex Constantinopoli ad Rhodios Commentarius. Caoursin a joint à ce discours un éloge du saint. Il fut, en 1484, l’un des commissaires préposés pour examiner l’authenticité de cette relique. — 8° Ad summum Pontificem Innocentium Papam VIII Oratio, habita V Kalend. Februarii 1485. Ce discours a été imprimé au moins quatre ou cinq fois. — 9° De Traductione Zyzymi Suldani fratris magni Thurci ad Urbem commentarius. — 10° Volumen Stabilimentorum Rhodiorum Militum Sacri Ordinis Hospitalis S. Johannis Hierosolymitani. Cette compilation fut approuvée par le grand-maître d’Aubusson et par le chapitre général de l’ordre, le 5 août 1493. Ces statuts ont eu plusieurs éditions. Il en existe aussi une traduction française, imprimée à Paris sans date, mais vers la fin du xve ou dans les premières années du XVIe siècle. — Les œuvres de Caoursin ont été réunies et ont été imprimées à Ulm, par Jean Reger de Kunnat, le 24 octobre 1496, in-folio, de 60 ff. avec figures, à l’exception toutefois de la compilation des statuts que le même imprimeur avait déjà fait paraître le 23 août de la même année, in-folio. Elles ont été traduites en allemand en 1512, par Jean Adelphus, et imprimées à Strasbourg en 1513, in-folio avec fig. Cette traduction est décrite par Panzer, Annalen der ältern deutschen litteratur, t. I, p. 355, n° 759.

H. Helbig.

Niceron, Mémoires, t. XV., pp. 142-148. — Foppens, Bibliotheca Belgica, pp. 395-396. — Hain, Repertorium, vol. I, part. II, pp. 24-25, nos 4356-4369 et dans les additions, recto du 1er feuillet de la même partie. — Brunet, Manuel, t. I, col. 1556-1557.