Biographie nationale de Belgique/Tome 2/BLOC, Conrad
BLOC (Conrad), graveur de médailles, florissait aux Pays-Bas dans la seconde moitié du xvie siècle. Il vécut successivement en Allemagne, dans les Provinces-Unies et en Belgique. Les biographes n’osent affirmer s’il était Allemand, Hollandais ou Belge ; cependant Bolzenthal et Kugler le rangent parmi les artistes des Pays-Bas et d’autres le croyent natif de Gand. Dans cette ville exista, en effet, dès le xive siècle, une famille de sculpteurs ou tailleurs d’images et d’orfévres de ce nom. Trois de ces sculpteurs y furent dignitaires de la corporation artistique, et nommément Pierre Bloc, franc-maître statuaire en 1427, sous-doyen en 1443 et doyen en 1456 ; l’un des orfévres fut priseur-juré du métier gantois. Conrad Bloc exécutait en acier les matrices de ses médailles et avait une prédilection pour le portrait, genre difficile, où il réussissait à allier la plus parfaite ressemblance à la finesse du burin. « Les recherches auxquelles nous nous sommes livré pour trouver quelques détails sur la biographie de Conrad Bloc, dit M. Alexandre Pinchart, n’ont obtenu aucun résultat. Mais grâce au soin que cet artiste a pris de signer la plupart de ses œuvres, nous avons assez de renseignements sur ses ouvrages. »
Les plus anciennes de ses productions connues remontent à 1577 : lors de la Pacification de Gand il grava les coins de huit médailles, de modules divers et avec de légères variantes, à l’effigie de Guillaume d’Orange. Cinq de ces médailles portent aussi au revers le portrait, en buste et de profil, de sa femme, la princesse Charlotte de Bourbon. En 1578 il exécuta une médaille à l’effigie du comte palatin et duc de Bavière Jean Casimir, qui commandait les soldats allemands au service de Philippe II. En 1580, Conrad Bloc séjournait dans les Provinces-Unies, au moment où le roi d’Espagne mit à prix la tête de Guillaume le Taciturne. À cette occasion l’habile artiste produisit encore deux médailles offrant de face le portrait du prince d’Orange. Bien que ces œuvres ne soient point signées, on ne peut y méconnaître le graveur des médailles de 1577. L’on suppose, avec assez de raison, que sa qualité de sujet de Philippe II l’empêcha d’y apposer son nom, et même ses initiales. De science certaine on ne sait rien de ses travaux subséquents, jusqu’en 1594. Toutefois, il est présumé l’auteur d’une médaille d’Alexandre Farnèse, laquelle parut en 1589.
L’archiduc Ernest d’Autriche, gouverneur général des Pays-Bas espagnols, confia au talent de Conrad Bloc, en 1594, de remarquables besognes artistiques, entre autres son portrait en médaillon, à encadrement d’or, orné de pierreries. Pendant un voyage que l’artiste fit en France, où sa réputation l’avait précédé, il fut accueilli avec faveur et grava une médaille à l’effigie du roi Henri IV. L’année suivante, dans les Pays-Bas, pour perpétuer le souvenir de l’avénement d’Albert et d’Isabelle à la souveraineté, il exécuta une médaille commémorative à leurs effigies, respectivement à l’avers et au revers. Une dernière œuvre lui est attribuée, c’est une médaille avec le buste de Maurice de Nassau, sur la face, et un oranger chargé de fruits qui sort d’un tronc coupé, sur le revers. Cette pièce porte le millésime de 1602 ; elle est signée : Cor. Bloc fecit, et a été publiée par Van Loon (Histoire métallique) ; M. Alexandre Pinchart la croit d’un autre artiste. Conrard Bloc signait ses travaux de différentes manières : Coen. Bloc, Conr. Bloc, Con. Bloc, Con. Blc. et de ses initiales ou de son monogramme C. B. Les médailles de Conrad Bloc sont fort estimées.
On n’a guère plus de notions sur l’année et le lieu de son décès, que sur sa ville natale et l’époque de sa naissance.
Alex. Pinchart, Recherches sur la vie et les travaux des graveurs de médailles, de sceaux et de monnaies, 1858. — Revue de la Numismatique belge. — Immerseel et Kramm, Levens en werken der hollandsche en vlaamsche schilders, beeldhauwers, graveurs, etc., 1842 et 1864.