Biographie nationale de Belgique/Tome 2/BEYENS, Jean
BEYENS (Jean), avocat, frère cadet du précédent, né à Deynse vers 1763, mort à Bruxelles en 1827. Jean Beyens était, comme son frère, élève de l’ancienne Université de Louvain et avait été second dans le concours philosophique de 1793, où Hellebaut, de Gand, remporta la palme académique. Sous la république française, il se fit inscrire sur le tableau des avocats de Gand et se lia d’étroite amitié avec N. Cornelissen, dont il partageait l’esprit philosophique et caustique. Il fut même parfois son collaborateur. L’an V, Beyens, que supportait mal le régime français, fut exclu du conseil municipal de Gand pour incivisme, et vers la même époque, il publia : Quelques observations sur le rapport fait par le citoyen Duviquet, au nom de la commission du conseil des Cinq Cents chargée d’examiner les opérations électorales du département de l’Escaut, adressées au conseil des Anciens, par le citoyen Beyens, jeune, de Gand, in-8o, sans nom d’imprimeur. Nommé professeur de législation à l’école centrale du département de l’Escaut, il y fut chargé d’un cours, dont le programme officiel est tracé en ces termes qui caractérisent l’esprit et les aspirations de cette époque : « Il comparera les droits et les devoirs de l’homme en société et développera successivement les principes et la fin du droit naturel et du droit des gens, des lois politiques qui constituent la forme du gouvernement de l’État, de celles relatives à la propriété individuelle, aux richesses et au bonheur des nations ; il recherchera les bases propres à guider le législateur dans la formation des lois morales qui doivent diriger le caractère national vers la vertu ; et terminera par un traité sur les lois civiles et criminelles. » Ce programme qui soulève la discussion d’innombrables problèmes et contient la matière de dix cours, ne fut certainement point rempli. Beyens n’occupa pas longtemps cette chaire ; le gouvernement français, trouvant qu’il y avait une certaine incompatibilité entre le fonctionnaire enseignant et l’avocat indépendant, le démissionna bientôt. Sous l’em-pire, Jean Beyens s’établit à Bruxelles et y conquit en peu de temps le premier rang, par une grande promptitude de conception, une parole élégante, facile et mordante. Fort connu pour son hostilité contre le gouvernement des Pays-Bas, il plaida, à partir de 1815, un grand nombre de causes politiques. Ce fut lui qui défendit, en 1817, l’abbé De Foere, rédacteur du Spectateur Belge, traduit devant la commission extraordinaire instituée par l’arrêté-loi du 20 avril 1815. En 1820, il fut au nombre des avocats criminellement poursuivis pour la consultation publiée en faveur de Vanderstraeten (voir la notice précédente). Lorsque, en 1821, MM. Martens, Boussen et Goethals, représentant le diocèse de Gand, furent poursuivis pour avoir continué de correspondre avec monseigneur de Broglie, condamné par le gouvernement hollandais, il fut chargé de leur défense, et l’éloquence avec laquelle il s’acquitta de cette tâche acheva de lui assurer une place distinguée parmi les premiers avocats du barreau belge. On peut, sans exagération, ranger les deux Beyens parmi les hommes dont l’énergie et le talent ont préparé et amené la révolution belge de 1830.