Biographie nationale de Belgique/Tome 2/BEYENS, Albert-Guillaume-Marie

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BEYENS, Albert-Guillaume-Marie



BEYENS (Albert-Guillaume-Marie), jurisconsulte, né à Deynse en 1760, mort à Bruxelles en 1825. Après avoir fait de brillantes études à l’Université de Louvain, Albert Beyens s’inscrivit au barreau de Gand, et y devint, sous l’empire, président du tribunal de première instance. À la suite des événements de 1815, il quitta cette ville et se lit recevoir avocat près la Cour suprême de Bruxelles, où ses talents lui assignèrent bientôt une place parmi les avocats les plus distingués de la capitale. Il y fut chargé d’un grand nombre de causes importantes et principalement de causes politiques. C’était l’époque où le gouvernement de Guillaume Ier, marchant vers l’arbitraire, multipliait les procès de presse et tâchait d’enchaîner et d’anéantir l’indépendance du barreau belge. Beyens fut un des plus ardents champions de la réaction qui se manifesta alors contre ces tendances oppressives et mit tous ses talents au service de la liberté et de la légalité. Armé de la complaisante loi de 1818, le gouvernement néerlandais venait d’intenter des poursuites contre Vanderstraeten, auteur d’un ouvrage intitulé : De l’état actuel du royaume des Pays-Bas et des moyens de l’améliorer. Sept avocats se présentèrent pour le défendre : MM. Albert Beyens, Beyens jeune, Tarte cadet, Barthélémy, Doncker, Defrenne et Stevens. Ils rédigèrent, en 1820, une consultation dans laquelle ils établissaient que loin d’être coupable, Vanderstraeten avait bien mérité du gouvernement et de ses concitoyens pour le patriotisme de ses intentions. Le manuscrit no 601 de la Bibliothèque de Gand contient l’original de cette consultation, qui diffère notablement de la pièce imprimée. Les passages qui devaient le moins plaire au gouvernement y sont barrés et ne se retrouvent point dans la consultation imprimée, ou y sont singulièrement adoucis. Néanmoins les sept avocats furent suspendus de leurs fonctions, arrêtés et poursuivis comme prévenus « d’avoir alarmé ou tenté d’alarmer, trouble ou tenté de troubler le public, au moyen d’un écrit imprimé ou distribué avec profusion, d’avoir suscité ou tenté de susciter la défiance et la désunion parmi les habitants du royaume et de les avoir provoqués à la désobéissance envers les autorités publiques. » Ce procès causa une grande émotion dans les provinces méridionales du pays, plusieurs barreaux envoyèrent des adresses aux prévenus. Ceux-ci, assistés d’autant de conseils, allaient se défendre eux-mêmes ; on parlait de sept audiences, employées à la défense et d’un nombre égal consacrées à la réplique, et ce procès menaçait de devenir un procès national. Aussi la chambre des mises en accusation de Bruxelles, se conformant en cela aux vœux du gouvernement, qui craignait de donner un retentissement fâcheux à cette affaire, se hâta-t-elle de déclarer qu’il n’y avait pas lieu à poursuites, et les sept avocats ne subirent que des peines disciplinaires. Albert Beyens passe pour avoir pris la plus grande part dans la rédaction de l’écrit incriminé. Il plaida encore quelques autres causes politiques, entre autres le procès de presse de MM. Donny et Crawford (voir manuscrits de la Bibliothèque de Gand, no 623), et rédigea un grand nombre de mémoires judiciaires, dont quelques-uns ont été imprimés. Beyens s’était particulièrement occupé de l’ancien droit belge, et avait écrit, en langue flamande, un résumé succinct et très-substantiel du droit flamand : Inlydinge tot de kennis van het Vlaemsch Regt. Par suite de l’introduction du droit moderne, ce traité est resté manuscrit, quoiqu’il méritât certes les honneurs de l’impression.

Eugène Coemans.