Biographie nationale de Belgique/Tome 2/BERLAYMONT, Claude DE

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BERLAYMONT (Claude DE), seigneur de Haultepenne, homme de guerre du xvie siècle, né vers 1555 et mort en 1587, était le septième et dernier fils de Charles, comte de Berlaymont, gouverneur et souverain bailli du comté de Namur, et d’Adrienne de Ligne-Barbançon. Étant, au mois d’octobre 1576, à Charlemont, auprès de son frère Lancelot, qui y commandait, il fut arrêté en même temps que lui au nom des États, et conduit à Bruxelles, où il partagea la prison de son père, détenu en sa qualité de membre du conseil d’État. Le 19 janvier suivant, il signa, de son propre mouvement, l’acte de tolérance et de conciliation dit l’Union de Bruxelles ; ce qui ne l’empêcha point, en bon et fidèle sujet du roi d’Espagne qu’il était, d’aller aussitôt après dans le pays de Namur conspirer en faveur de don Juan d’Autriche. Ce doit être lui, le capitaine de Berlaymont, dont se plaint Marguerite de Valois en disant, dans ses mémoires, qu’il voulut prendre la ville de Dinant pour s’emparer d’elle. Après la bataille de Gembloux, on lui donna un régiment auquel il imposa le nom bientôt célèbre de sa terre de Haultepenne. Quand son frère, le sire de Hierges, eut été tué au siége de Maestricht, en 1579, il lui succéda dans le gouvernement de Charleville. Il ajouta bientôt à cette charge celle de commandant de Bréda, dont il s’était rendu maître, par nu coup de main, le 27 juin 1581. L’année suivante, il soumit à l’autorité du roi Lierre et Eindhoven, et parcourut la Frise les armes à la main. L’occupation de Steenberghe, rapportée à la date du 12 août 1583, signala son retour dans le Brabant, et, s’il faut en croire le P. Strada, ajouta grandement à sa réputation militaire. Une grave maladie, suite des fatigues de la guerre, le retint longtemps à Bois-le-Duc. Il y avait là si peu d’ordre que l’ennemi put pénétrer sans coup férir dans la place et s’en croire le maître, quand Berlaymont, à peine convalescent, se montra à la tête d’une poignée de soldats et de quelques bourgeois déterminés, et le rejeta hors des murailles. Ce fut là, à coup sûr, l’une de ses plus étonnantes actions. Notre personnage avait ce double mérite de ne s’étonner de rien et de payer toujours de sa personne. Amis et ennemis sont unanimes à lui rendre ce témoignage qu’il fut l’un des plus braves capitaines de son temps et des plus dévoués à la cause qu’il servait. Le duc de Parme, qui l’aimait beaucoup et se fiait entièrement à lui, l’envoya, pendant le siége d’Anvers, dans l’électorat de Cologne, où le désordre était à son comble. Berlaymont pacifia ensuite la province de la Gueldre, et ne reparut en Belgique qu’en 1587, pour prendre part au siége de l’Escluse. Étant à Boxtel, le gouvernement de Bois-le-Duc l’appela à son secours ; il rencontra en route, près du fort Engelen, la cavalerie ennemie et engagea le combat qui eut pour lui une issue fatale. Grièvement blessé à la gorge, il fut transporté à Bois-le-Duc, où il expira le 14 juillet. Il ne laissa point d’enfants de sa femme Anne de Brimeu, la sœur de la comtesse de Meghem, et ses biens furent dévolus à son frère, le sire de Floyon, en faveur duquel il avait testé étant à Liége, le 12 avril 1580.

C.-A. Rahlenbeck.

Arch. prov. de Liége. — Mss. généalogiques de Lefort. (Cet auteur donne à Claude Berlaymont deux femmes du nom de Brimeu. — J.-C. de Jonge, De Unie van Brussel. ’S Gravenhage, 1825. — J. Van Vloten, Nederlands opstand tegen Spanje. Haarlem, 1860. — S Strada. — Van Meteren. — Le Petit.