Biographie nationale de Belgique/Tome 1/BAILLU, Pierre
BAILLU (Pierre) ou DE BAILLIU, graveur à l’eau-forte, à la pointe et au burin, né à Anvers, vers 1614. Après y avoir appris les éléments de la gravure, il se rendit en Italie et séjourna, pendant quelques années, à Rome, où il se perfectionna dans son art. Il fut employé par Joachim Sandrart, avec d’autres artistes, aux planches de la Galerie Justinienne. Il en exécuta cinq. Huber et Martini (Manuel des curieux et des amateurs de l’art) le font revenir à Anvers en 1635, époque évidemment prématurée. Un des portraits qu’il a gravés d’après Anselme Van Hulle, de Gand, pour le recueil des Pacificatores orbis christiani (Paix de Munster, 1648), le portrait du plénipotentiaire danois Hermannus Mylius, signé P. de Baillu sculp., est marqué du millésime 1649. C’est la date la plus récente qui se rencontre dans son œuvre. Il a gravé avec beaucoup de succès d’après nos maîtres P.-P. Rubens et Ant. Van Dyck, et, avec non moins de réussite, d’après les artistes renommés de l’Italie : Raphaël d’Urbin, Guido Reni et Annibal Carrache. Dans plusieurs de ses grandes estampes, il s’approche de bien près de l’habileté de burin et de la vigueur des Bolswert, de Pontius et de Vorsterman. Comme ses plus belles reproductions flamandes, on cite Renaud et Armide, de Rubens, et l’Enlèvement d’Hippodamie, dit le Combat des Centaures et des Lapithes, du même peintre, in-folio maximo. Au premier rang de ses reproductions italiennes, on place : Héliodore chassé du temple, l’une des Stanze raphaélesques, en deux planches, et le Christ mort sur les genoux de sa mère, d’après le Carrache, in-folio maximo en travers ; puis l’Archange saint Michel, du Guide, tableau d’autel de l’église des Capucins à Rome ; l’Héliodore et le Christ mort, signés P. de Bailliu, sont rares à trouver en bonnes épreuves. Mentionnons encore les pièces épisodiques suivantes, qui, à un degré relatif, se distinguent par des qualités spéciales : la Réconciliation de Jacob et d’Esaü, le Christ au jardin des Oliviers, la Madeleine expirante, de Rubens ; le Christ en croix, l’Assomption de la Vierge, de Van Dyck ; la Sainte Famille, de Th. Rombout ; la Suzanne au bain, de Martin Pepyn ; la Flagellation, de A. van Diepenbeek ; l’Invention de la sainte Croix, de P. van Lint, et le Saint Anastase, d’après Rembrandt, une gravure du plus remarquable effet. Une représentation mystique où se voit l’image de sainte Catherine de Sienne (Christo desponsae), est un beau morceau d’eau-forte, de pointe sèche et de burin.
Ses portraits sont également estimés. On a de lui, outre les plénipotentiaires de Munster et d’Osnabrug, Hermannus Mylius, Matheus Wesenbecius et Henricus Herdinch, les portraits d’Albert d’Aremberg, à cheval, de Lucia Percy, comtesse de Carlisle, d’Ant. de Bourbon, de Philippe Ier, d’Honoré d’Urfé, d’après Van Dyck ; de Jean Bronkhorst, du pape Urbain VIII (Barberini), de Jacop Backer, de Jean Leuber, de Claudius Chabot, de Jean Bylert, in-4o et in-8o. Le dernier portrait est signé Petrus Balleu sculp. On connaît de lui une nombreuse collection de Saints et de Saintes, de format in-4o ou petit in-folio, parmi lesquels sont les quatre docteurs de l’Église : saint Thomas, saint Jérôme, saint Grégoire et saint Ambroise. On y remarque aussi sainte Marie-Madeleine, sous la figure et le costume de Mlle de la Vallière. Cette gravure, traitée à l’italienne, est charmante. — Rappelons, enfin, ses Apôtres, les uns marqués P. de Bailliu, les autres P. de Bailliue ; ainsi que le frontispice et les planches, très-finiment exécutées, de l’ouvrage imprimé, en 1657, à Anvers, sous ce titre : Margarita evangelica, sive Jesu Christi D. Ν. vita, etc., per Joannem de Paris. — P. de Baillu.
Le nom de l’artiste anversois peut s’écrire De Baillu ou De Bailliu ; les autres variantes sont à attribuer à l’inattention de ceux qui ont gravé les inscriptions où l’orthographe est estropiée.
Pierre de Baillu s’acquit une réputation de talent qu’il méritait. Le Manuel de l’amateur d’estampes, par le graveur F.-E. Joubert, dit même qu’il jouit dans sa patrie d’une très-grande célébrité, et qu’il fut un des plus habiles graveurs du xviie siècle. Son œuvre est considérable ; Ch. Le Blanc donne la nomenclature de quarante pièces ; mais il y en a plus de soixante.
Dictionnaire historique et biographique universel. — Manuel des curieux et amateurs de l’art, tome VI, école des Pays-Bas, par Huber et Martini. — Manuel de l’amateur d’estampes, par Joubert, 1821 ; par Ch. Le Blanc, 1854.