Biographie nationale de Belgique/Tome 1/BAECHEM DE EGMUNDA, Nicolas

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*BAECHEM DE EGMUNDA (Nicolas), théologien, prédicateur, né à Egmond vers l’année 1470, mort à Louvain, le 28 juillet (d’autres disent le 24 août) 1526. Il vint dans cette dernière ville, en 1488, pour y suivre les cours de la faculté des Arts à la pédagogie du Faucon. Lors de la promotion générale à la licence, qui eut lieu en 1491, Baechem fut proclamé le premier entre vingt-huit concurrents. Chargé d’un cours de philosophie au collège du Faucon, il s’appliqua, en même temps, à l’étude de la théologie, et prit, sous la présidence d’Adrien Florent, alors professeur à Louvain, et plus tard souverain pontife sous le nom d’Adrien VI, le grade de docteur, le 2 décembre 1505. Ayant résolu, l’année suivante, de quitter le monde, il entra dans l’ordre des Carmes chaussés, et prononça les vœux solennels, au couvent de Malines, le 1er mars 1507.

Le 1er août 1510, Baechem fut envoyé à Louvain pour y prendre la direction du collège de son ordre, qui était incorporé à l’Université, et où les jeunes religieux venaient faire leurs études théologiques. Il y enseigna pendant plusieurs années. En 1517, il devint prieur et régent des études au couvent de Bruxelles. Après une année, il vint se remettre à la tête du collège de Louvain, jusqu’à l’année 1520, lorsqu’il fut nommé inquisiteur de la foi par l’empereur Charles Quint. Il mourut à Louvain et fut enterré dans la salle capitulaire du couvent des Carmes à Malines ; on lui érigea un beau monument, détruit lors du sac de cette ville, en 1580.

Baechem se montra constamment l’adversaire du luthéranisme et des hérésies naissantes qui gagnaient tous les jours du terrain. Il les attaquait avec force et énergie dans ses cours et dans ses prédications. Il n’épargnait pas non plus les opinions singulières et hasardées dont Érasme se faisait le propagateur. Cette conduite lui valut les injures des novateurs et de ce célèbre humaniste. Après la mort de Baechem, ce dernier composa, pour se venger, l’épitaphe, en forme d’épigramme, que voici :

HIC JACET EGMUNDUS, TELLURIS INUTILE PONDUS ;
DILEXIT RABIEM, NON HABEAT REQUIEM.

À cette épitaphe satirique les religieux opposèrent la suivante qui fut inscrite sur le monument de Baechem :

HIC JACET EGMUSDUS, QUI DOCTOR IN ARTE PROFONDUS,

QUAM TREMIT HÆRETICUS, DUM PREMIT EXIMIUS.
QUID FERT SARCASMO ? STYLUS EST CONSUETUS ERASMO.
VIVENTEM TIMUIT ; POST OBITUM IMPETIIT.
MAXIMA VIVENTEM DEVINCERE PALMA FUISSET.

DUCERE CUM EXANIMI PRÆLIA, QUALE PROBRUM !

Baechem laissa plusieurs manuscrits importants ; malheureusement la plupart disparurent pendant les troubles religieux qui agitèrent les Pays-Bas durant la dernière moitié du xvie siècle. Voici les titres de ceux qui sont cités par ses biographes :

Oratio latina ad PP. Carmelitas in capitulo provinciali anno 1515 congregatos. — 2° Prælectiones academicæ. C’étaient, sans doute, les leçons qu’il avait professées lorsqu’il était régent du collège des carmes à Louvain. Érasme fait souvent mention de ces Prælectiones. — 3° Sermones de tempore et de sanctis, Bruxellis, Mechliniæ et Lovanii habiti. — 4° Censuræ in Novum Testamentum Desiderii Erasmi, in ejusdem Colloquia et Moriam. — 5° Commentarius in Evangelium Matthæi.— 6° Commentarius in epistolas Paulinas. — 7° Commentarius in septem epistolas catholicas. Molanus (Hist. Lov. ed. De Ram, p. 511) affirme qu’il a vu lui-même ce commentaire au couvent des carmes chaussés, à Schoonhoven.

E.-H.-J. Reusens.

Molanus, Historiæ Lovaniensium, éd. De Ram, p. 511. — Valerius Andreas, Fasti, p. 98. — Cosmas de Villiers, Bibliotheca carmelitana, t. II, p. 478. — Paquot, Fasti academici (MS. de la Bibliothèque royale, nos 17567 et 17568), t. I, pp. 57 et 198.