Biographie nationale de Belgique/Tome 1/AUCHY, Michel D’

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AUCHY (Michel D’), seigneur du Mesnil, vivait au xiiie siècle. M. Dinaux est porté à croire qu’il était fils de Pierre du Mesnil qui suivit Philippe d’Alsace en Palestine et qui, à la journée de Bouvines, partagea la captivité de Ferrand de Portugal. Quoi qu’il en soit, il occupa un rang distingué parmi les chevaliers qui ne dédaignaient pas de lutter avec les trouvères dans l’art de composer des dits et des chansons. Malheureusement, le manuscrit de ses poésies qui existait à Douai, il y a quelques années, ne se retrouve plus, et l’on ne connaît ses œuvres que par la traduction moderne d’une seule chanson. Michel d’Auchy jouissait d’une grande influence à la cour de Gui de Dampierre. Il fut l’une des cautions désignées par ce prince, lorsque son différend avec Béatrice de Courtrai fut soumis à l’arbitrage de Charles d’Anjou. En 1275, Gui de Dampierre lui donna plusieurs rentes féodales, notamment sur l’espier de Cassel. Des documents officiels nous apprennent que Michel d’Auchy remplit des missions importantes en Angleterre et fut, lors du traité conclu à Montreuil entre Gui et Édouard Ier, l’un des pièges qui se constituèrent prisonniers pour garantir l’exécution des engagements imposés au comte de Flandre. Faut-il, après avoir rappelé ces titres de Michel d’Auchy à l’estime de ses contemporains, reproduire une anecdote rapportée par M. Dinaux ? Michel d’Auchy aurait enlevé une châtelaine du Hainaut, la dame de Maing. Poursuivi par l’époux outragé et atteint près de Verberie, il se serait vu réduit, après avoir compromis son honneur, à verser son sang, et dès lors un profond remords se serait réveillé chez les deux coupables. La dame de Maing se serait retirée dans un monastère pour y finir ses jours dans la pénitence, et le sire du Mesnil aurait entrepris un voyage d’expiation en terre-sainte. Ce récit paraît peu digne de foi. En effet, dans son testament dicté le 6 novembre 1288 (le jour même de sa mort, selon M. Dinaux), Michel d’Auchy lègue trois cents livres à son fils ou au chevalier qui acquittera le vœu d’un pèlerinage outre mer, qu’il n’a pu faire lui-même, et il y nomme non-seulement sa sœur Isabelle et sa mère Flandrine, mais aussi sa femme Marguerite. Gui de Dampierre, en témoignage de son affection pour Michel d’Auchy, fit apposer son sceau sur l’acte de ses dernières volontés.

Kervyn de Lettenhove.