Biographie nationale de Belgique/Tome 1/ASTROY, Barthélemy D’

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ASTROY (Barthélemy D’), lecteur jubilaire en théologie, successivement provincial et commissaire général de l’ordre des Frères mineurs, né à Ciney dans les premières années du xviie siècle, n’est guère connu aujourd’hui que comme controversiste.

Après la paix de Munster, la réforme avait fait des progrès notables dans quelques localités appartenant aux Provinces-Unies, enclavées dans la principauté de Liége, telles que Dalhem, Olne, etc. Maximilien-Henri de Bavière, qui venait de succéder à son oncle Ferdinand, s’empressa de prendre les mesures jugées les plus efficaces pour arrêter et circonscrire la propagation des nouvelles doctrines. Plusieurs des meilleurs prédicateurs du diocèse reçurent à cet effet des instructions spéciales. D’Astroy fut de ce nombre. Le zèle qu’il déploya dans différentes missions lui valut, en 1656, le titre de prédicateur spécial de Son Altesse, à Maestricht. Il conserva pendant sept ans ce poste difficile. Nommé provincial, il séjourna à Liége jusqu’en 1676, passa ensuite au couvent de Namur, fut appelé aux fonctions de commissaire général de l’ordre de Saint-François des provinces des Pays-Bas et autres annexées, et vint mourir à Liége, le 6 décembre 1681.

Plus convaincu qu’érudit, d’Astroy n’est, en résumé, qu’un controversiste laborieux qui a pu avoir du mérite comme administrateur et comme prédicateur, mais dont les nombreux ouvrages, si on en retranche les répétitions, les personnalités et les hors-d’œuvve, se réduisent à assez peu de choses. Son nom cependant a été en grande vénération dans l’ordre des Frères mineurs. Voici en quels termes l’obituaire du couvent des Récollets de Liége enregistre son décès :

Anno Domini 1681, die 6a decembris obiit in hoc conventu Rmus P. F. Bartholomæus d’Astroy, lector jubilatus, olim Provincialis et super Provincias Germano-Belgicas commissarius généralis ; vir obegregias animi dotes, ingeniique claritatem ad omnia quasi natus, et orbi christiano notus per varios libros quibus hæreticos confutavit, et ad pietatem sectandam animos fidelium incitavit. Dixeremus satis quod ubi per septem annos Trajecti Sermi Principis missionarii munere functus, cunctis fuerit gratus, demptis hæreticis, et omnibus desideratissimum. Il a publié :

Raisons très-fortes, très-claires et très-pressantes, fondées sur la pure parole de Dieu, tirées des actions incomparables de l’illustrissime Christofle de Cheffontaines, archevêque de Césarée, etc., contre les sacramentaires, capables de convaincre messieurs les prétendus réformez, très-mal informez. Par un P. Récollet de Liége. — Liége, J. Tournay, 1646 ; in-12. — Namur, Van Milst, 1640 ; in-12 de 216 p. — (Avec le nom de l’auteur). Liége, J. Tournay, 1649 ; in-12 de 300 pp.

Voici ce que d’Astroy nous apprend du succès de ce traité dans son livre intitulé : Le Marteau rompu. S’adressant au ministre de Hamerstede, il lui dit : « Si vous niez que J. C. soit présent en l’Eucharistie, sçachez que j’ai prouvé sa présence réelle par plus de cent et cinquante raisons, tirées de la pure parole de Dieu. Le livret a été imprimé à Liége, chez Tournay, quatre à cinq fois en françois et une fois en flamand. Il a été imprimé à Namur, chez Van Milst. Il a été imprimé une fois en Flandre et puis translaté en allemand et dédié à Mgr le comte de Nassau de Hademal, et nul ministre n’a osé mordre à l’encontre. »

Bréviaire des Prélats et supérieurs ou Traité des six aisles des Séraphins, par le docteur séraphique saint Bonaventure, traduit et dédié à Jésus-Christ et à tous les prélats pour étrenne de l’an 1648. Par un P. Récollet de Liége. Liége, J. Tournay, 1648 ; petit in-12 de 221 pp.

Traité des louanges et invocation de la très-sacrée Vierge Marie, ou marques très-certaines pour discerner la vraye Église catholique de la fausse prétendue reformée, par cette invocation. Liége, J. Tournay, 1649 ; petit in-12 de 249 pp.

Une traduction flamande de ce livre parut la même année à Gand. (Voir Vander Haeghen, t. II, n° 1176.)

Réponse apologétique de F. Barthélémy d’Astroy, récollet, pour un sien livre intitulé : Traité des louanges et invocation de la B. Vierge Marie, contre la prétendue défense du sieur Jean Nicolaï, ou contre les rapsodies des controverses tirées des escrits de messieurs Hotton, Desmarets, Dumoulin, Drelencourt et autres ministres, publié par ledit Nicolaï, sous le titre de Défence du vrai et ancien honneur deu a la B. Vierge Marie. Liége, J. Tournay, 1650 ; in-12 de 786 pp.

Remontrance charitable au sieur Bresmal et à tous les prétendus religionnaires de notre temps. Imprimé (à Liége, J. Tournay), l’an 1653 ; in-12 de 322 pp.

Bresmal avait abjuré le catholicisme pour embrasser la réforme.

Directorium ad juvandos, consolandosque infirmos et potissimum moribundos : Venerandis patribus provinciæ Flandriæ FF. Min. Recoll. huic charitatis officio addictis conscriptum, et in xenium ineuntis anni 1655 oblatum. Leodii, H. Tournay, 1655 ; in-12 de 376 pp.

Antidote catholique présenté à Messieurs du Duché de Lymbourg et des autres pays d’Outre-Meuse, par F. Barth. d’Astroy, récollet, contre le venin des hérésies et mensonges, preschés par le sieur Henry Chrouet, prétendu ministre d’One et depuis publiés par Ézéchiel Boucher. Liége, H. Tournay, 1655 ; in-12 de 214 pp.

C’est la réfutation d’un sermon que Henri Chrouet prononça à Olne, le 26 septembre 1655, et qu’il fit, peu après, paraître à Maestricht sous le titre de Sermon servant de preuve à plusieurs points de l’Église catholique controversés contre l’Église romaine.

Épître de M. le baron de Genay à noble et ill. messire Jean de Peterdorff, son très-honoré seigneur et père, par laquelle il lui fait une humble et véritable remontrance des puissants motifs qui l’ont conduit à quitter la prétendue religion réformée pour se rendre à la catholique, apostolique et romaine. Liége, H. Tournay, 1656 : in-12 de 157 pp.

Bien que ce livre porte le nom du baron de Genay, nous n’hésitons pas à l’attribuer à d’Astroy.

Les Rapproches du ministre d’One (Henri Chrouet) aux véritables sentiments de l’Église romaine. Liège, H. Tournay, 1656 ; in-12 de 218 pp.

Chrouet répliqua à l’Antidote catholique cité plus haut par une Réponse charitable, imprimée, cette même année, à Maestricht, sous les initiales H. C. M. D. S. E. (Henri Chrouet, ministre du saint Évangile) que l’on a traduit par Henri Chrouet malade, demandant santé entière. C’est pour réfuter cette réponse que d’Astroy écrit ses Rapproches.

10° Apologia pro figura SS. Trinitatis in tribus hostiis consecratis proposita minime improbanda, sed potius aliis omnibus prœferenda ex sacris conciliis.

Opuscule composé en compagnie du père Mathias Hauzeur, savant récollet verviétois, et inséré à la fin de l’ouvrage du chanoine Piroulle : Tri-Hymnium de sacro sancta Trinitate, etc. Leodii, 1659 ; in-4o.

11° La Conférence de Mariebourg par écrits réciproques entre un prestre de l’Église catholique, apostolique et romaine et un prétendu réformé ou de la prétendue religion réformée. (Anonyme) (Liége, Ve Bronckart), 1661 ; in-12 de 146 pp.

12° Le Marteau rompu et mis en pièces, ou réfutation de tout ce que le sieur Hamer-Stede a depuis peu forgé sur son enclume et débité en la ville de Maestrecht et ailleurs sous le titre de Capucin Défroqué. Liége, Ve Β. Bronckart, 1662 ; in-12 de l70 pp.

Ce petit volume, qui a eu trois éditions dans le cours des années 1662 et 1663, est une réfutation de l’ouvrage que Hamer-Stede publia, en 1662, sous le titre de Le Capucin défroqué on décapuciné, à propos de l’abjuration d’un membre de cet ordre. Le titre Marteau rompu est, comme on le voit, un jeu de mots sur la traduction du nom du ministre Hamer-Stede.

13° Lettre de Fr. Barth, d’Astroy, recollet de Liége, au sieur Jean de Hamer-Stede, ministre de la religion prétendue réformée. Liége Ve B. Bronckart, juin 1662 ; in-12.

De Hamer-Stede répliqua à cette lettre par une brochure flamande que nous n’avons su nous procurer et qui est citée par d’Astroy, sous ce titre : Le Frère mineur en son habit ou fausse alarme découverte, par Jean de Hamer-Stede. Maestricht, Franssen (nom supposé),1662 ; in-12 de 60 pp.

14° La Dispute de Maestricht par lettres réciproques entre Fr. Barth. d’Astroy, récollet de Liége, et le sieur Jean de Hamer-Stede, ministre de la prétendue réformée. Traduite du latin en françois par un ecclésiastique de la ville de Liége (Barth. d’Astroy lui-même). Liége, Ve B. Bronckart, 1662 ; in-12 de 174 pp.

Recueil faisant suite au Marteau rompu cité plus haut et relatif à la même discussion.

15° ’Monitoire de saint Vincent de Lerins, touchant l’antiquité et l’universalité de la foi catholique contre les nouveautés profanes de tous les hérétiques. Tiré du IVe tome de la grande bibliothèque des Pères. Œuvre très-utile, traduite du latin et augmentée de quelques annotations. Liége, Ve B. Bronckart, 1663 ; in-12 de 448 pages.

16° Armamentarium Augustinianum adversus hæreses, quadruplici methodo apparatum et instructum, in subsidium tyronum militantis Ecclesiæ. Leodii, vid. B. Bronckart, 1664 ; in-8o de 572 pp.

17° Catéchisme ou abrégé et sommaire de la théologie, réduite au symbole des apôtres, qui contient non-seulement les vérités, mais aussi les moralités nécessaires à tous vrais chrétiens. Liége, Ve B. Bronckart, 1668 ; in-12 de 548 pp.

18° Traité du bien de la patience chrétienne, en forme de dialogue entre Jésus-Christ, miroir de souffrance et l’âme affligée. Quatrième édition, revue et augmentée. Liége, Ve J. Bronckart, 1670 ; 3 vol., in-12. Les premières éditions ont dû paraître en deux volumes in-12.

19° Alphabet du divin amour pour élever l’esprit à Dieu. Traduit en langue vulgaire et augmenté. Liége, P. Danthez, 1673 ; in-12 de 289 pp.

Traduction ou mieux amplification de l’ouvrage du dominicain allemand Jean Nyder, publié sous le titre de Tractatus de elevatione mentis in Deum, sive Alphabetum divini amoris.

20° Paraclesis infirmorum seu methodus consolandi, juvandique infirmos, et potissime moribundos. Editio secunda. Leodii, P. Danthez, 1674 ; in-8o de 521 pp.

A en juger par les approbations, qui sont datées de décembre 1654, il est probable que la première édition a paru vers 1655.

21° La prétendue religion réformée démasquée, ses déformités, ses faussetés et ses impiétés dévoilées et les vérités catholiques prouvées et avérées (par Binard, augmenté par Arnould de Linot, gardien du couvent des récollets de Durbuy), avec quelques annotations ou remarques sur chaque chapitre. Par un récollet de l’ordre de Saint-François. Liège, H. Hoyoux, 1676, in-8o de 272 pp.

D’Astroy s’adonnait parfois à la poésie latine. On trouve des vers de sa composition dans plusieurs ouvrages liégeois, notamment en tête du traité De Senectute que Jean de Chokier, vicaire général, fit paraître en 1647.

Ul. Capitaine.

Les ouvrages cités. — L’obituaire du couvent des récollets de Liége. — Stéphani, Mémoires pour servir à l’histoire monastique du pays de Liége, Mss.