Biographie nationale de Belgique/Tome 1/ALBERT III

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ALBERT III, comte de Namur, vers 1063-1105. Si nous reportons à l’année 1063 l’avènement de ce prince, c’est qu’un diplôme de 1070 est daté de la septième année de son règne. Toutefois, même en présence d’un texte si précis, ce n’est pas sans quelque hésitation que nous adoptons cette chronologie. Il est du moins certain qu’à dater de 1031, nous trouvons de nombreux diplômes dans lesquels intervient un Albert de Namur (1031-1066), soit seul (1031-1105), soit avec son frère Henri (1067 et 1087), soit avec son fils Godefroid (1080-1092), soit enfin avec ses fils Godefroid, Henri et Albert (1095-1101).

À ce règne correspond la lutte de Robert le Frison contre Richilde. Battue à Cassel, en 1071, malgré les secours que lui fournirent le roi de France, Godefroid le Bossu, le comte de Namur, etc., la courageuse princesse offrit à l’évêque Théoduin de tenir le Hainaut en fief de l’Église de Liége. L’acte d’inféodation fut conclu à Fosses la même année, dans une assemblée où se trouvait Albert. Tout porte à croire que ce prince prit part à la nouvelle lutte qui s’ensuivit et qui se termina par la bataille de Broqueroie, en 1072. Quelques années plus tard, Albert III eut à soutenir une querelle qui le touchait de plus près. Godefroid le Bossu, duc de Basse-Lotharingie, était mort en 1076, laissant ses fiefs particuliers à son neveu Godefroid de Bouillon. Mathilde, sa veuve, mécontente des dernières dispositions prises par son mari, mit tout en œuvre pour les faire échouer. Excité par la célèbre marquise, Albert III fit valoir des prétentions sur le duché de Bouillon du chef de sa mère Régelinde et de sa femme Ide. De leur côté, Manassès, archevêque de Reims, qui possédait le haut domaine de ce duché, en investit le comte de Namur, et Thierri, évêque de Verdun, s’emparant de sa ville épiscopale, la lui donna également en fief. Albert et Thierri vinrent assiéger Bouillon ; mais Godefroid, aidé de l’évêque de Liége, Henri de Verdun, repoussa glorieusement leurs attaques. Cette guerre dura cependant encore plusieurs années. Thierri et Albert étant venus assiéger Stenay, en 1086, Godefroid leur livra une bataille dont le résultat fut indécis. Il se préparait à continuer la lutte avec l’aide de ses frères, lorsque l’evêque de Liége parvint à faire conclure par les adversaires une paix avantageuse pour Godefroid, puisqu’elle lui rendait Verdun et les autres conquêtes faites par Thierri (1088).

Ces faits sont contemporains de l’institution du tribunal de la paix de Liége, qu’on fixe avec le plus de certitude à l’année 1081. D’après une ancienne chronique, Albert aurait été le promoteur de l’érection de ce tribunal célèbre ; il est du moins hors de doute qu’il y prit une part des plus actives, ce qui lui valut le surnom de Pacifique.

En 1099, Otbert, évêque de Liége, donna en fief à Albert III le comté de Brunengeruz ou Brugeron, qu’il venait d’obtenir par arbitrage, à la suite d’un conflit mû entre lui et Godefroid le Barbu, comte de Louvain. Il semble résulter d’un diplôme de 1101 qu’à cette époque, Albert s’était associé son fils Godefroid. Il figure lui-même, pour la dernière fois, dans un autre acte de 1105. Outre Godefroid qui lui succéda, il eut encore de sa femme Ide de Saxe, veuve de Frédéric de Luxembourg, Frédéric, qui devint évêque de Liége, Henri, comte de La Roche, et Albert, qui mourut en Asie.

J. Borgnet.