Biographie nationale de Belgique/Tome 1/ADRIEN, Martin-Joseph

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ADRIEN (Martin-Joseph), ou plutôt Andrien, dit La Neuville, ou Adrien l’aîné, musicien, artiste dramatique, né à Liége en 1766, mort en 1822. Après avoir étudié la musique à la cathédrale de cette ville, il se rendit à Paris et entra à l’École royale de chant des menus plaisirs du roi, récemment organisée par le baron de Breteuil. Le 20 juin 1785, il entra à l’Opéra, aux appointements de quinze cents francs et trente francs de gratification pour chaque représentation où il chanterait. En 1786, il eut, en partage avec Chéron, au même théâtre, les rôles de première basse, pour les rôles de rois, de grands prêtres, etc. Il se distingua, comme acteur, par la chaleur et l’intelligence de la scène ; mais sa voix était dure, ingrate, et sa déclamation exagérée en faisait ressortir les défauts. Bien que sa constitution fût robuste, son organe vocal ne put résister à la fatigue du système de sons forcés et de cris qu’il avait adopté : sa santé en fut ébranlée et, quoique jeune encore, il fut obligé d’abandonner la scène en 1804. En considération des services rendus par cet artiste pendant vingt ans, l’administration de l’Opéra le nomma chef du chant de ce théâtre. L’expérience ne l’avait pas éclairé sur les vices de son système de chant déclamé, car il enseigna aux autres acteurs les procédés d’émission forcée de la voix qui avaient abrégé sa carrière. Après la mort de Lainé (mars 1822), Adrien fut appelé à remplir la place de professeur de déclamation lyrique à l’École royale de musique ; mais il ne conserva pas longtemps cette position, car il mourut le 19 novembre de la même année. Adrien a composé la musique de l’Hymne à la Victoire, à l’occasion de l’évacuation du territoire français par les armées ennemies (vendémiaire an iii), et de l’Hymne aux Martyrs de la liberté, publié dans le Répertoire des fêtes nationales. Il était grand admirateur de l’ancienne musique des maîtres belges, français et italiens qui brillèrent dans le xvie et le xviie siècle, et employa beaucoup de temps à copier leurs ouvrages pour sa bibliothèque.

F.-J. Fétis.