Ignace-François Delzenne


Dans un des Mémoires justificatifs de l’intendant Bigot soumis au Châtelet de Paris en 1763, on raconte une assez singulière histoire au sujet de l’orfèvre Ignace-François Delzenne de Québec.

À la prise du fort Chouaguen, les Sauvages s’emparèrent d’un grand nombre de bracelets, de pendants d’oreilles, de roupies et d’autres colifichets qu’ils s’empressèrent de porter. MM. de Vaudreuil et Bigot, voyant avec quel plaisir les Sauvages recevaient ces ornements, décidèrent d’en faire fabriquer une bonne quantité. L’orfèvre Delzenne fut chargé de cette tâche.

Mais comme cet ouvrage pressait et que Delzenne manquait d’ouvriers, il voulut engager le nommé Robitaille pour l’aider dans sa besogne. Celui-ci refusa. Delzenne se plaignit alors à l’intendant Bigot, qui envoya un hoqueton chez l’ouvrier pour lui ordonner de sa part d’aller travailler chez Delzenne. C’est la femme de Robitaille qui reçut le hoqueton et elle le mit à la porte proprement en lui disant qu’elle ne permettrait jamais à son mari de travailler pour Delzenne. Le hoqueton reçut de nouvelles instructions et le mari et la femme furent emprisonnés par l’ordre de l’intendant Bigot. C’est alors que le nommé Robitaille se décida à travailler pour Delzenne :

Plus tard, Robitaille se vengea de Bigot et de Delzenne en venant déposer devant le Châtelet. D’après son témoignage Delzenne mettait quatre onces d’alliage dans ses ouvrages quand son contrat ne lui en permettait qu’une once.

Robitaille accusa aussi Delzenne de faire fondre des écus qui appartenaient au Trésor pour l’usage personnel de l’intendant. Bigot avoue ceci partiellement. Il dit qu’au fort de Chouaguen on trouve une somme de 15000 livres en écus et qu’il les fit fondre par Delzenne mais au profit des soldats.

Delzenne fut donc lui aussi un profiteur.