Le nommé Garault


Jean-Baptiste Garault était-il Français ou Canadien ? Nous serions plutôt porté à croire qu’il était né en France.

Garault travailla d’abord dans les bureaux de l’Intendance à Québec.

Nous le voyons au fort Duquesne de la Belle-Rivière dès 1750. Le 15 mai 1750, le Père Denys Baron, Récollet, enregistrait l’acte suivant dans les registres du fort :

« L’an mil sept cent cinquante, le quinze de mai, a été baptisé par nous, prêtre, Récollet, soussigné, aumônier du Roi au fort Duquesne, sous le titre de l’Assomption de la Sainte-Vierge, à la Belle-Rivière, et cela avec les cérémonies de la Sainte Église, Hélène Candon, âgée de deux mois, fille de Jean Candon et de Sara Choisy, ses père et mère, en légitime mariage, tous deux Irlandais de nation et catholique de religion, lesquels ont été pris par les Chagouamigons en venant ici se joindre aux catholiques. Le parrain a été M. Jean-Baptiste Garault, garde des magasins du Roi au dit fort Duquesne… »

Dans son Mémoire de défense, Bigot, dans le but sans doute de compromettre M. de Lignery pour toutes les irrégularités commises au fort Duquesnes, fait allusion au garde-magasin Garault.

« Comme le sieur de Ligneris dit-il, avant de commander au fort Machault, avait eu le même grade au fort Duquesne, le sieur Bigot voulut savoir s’il n’avait pas tenu la même conduite dans ce dernier fort. Il fit subir un pareil interrogatoire au sieur Garaut, qui avait été garde-magasin au fort Duquesne. Mais il ne put en tirer aucune instruction. Il aurait bien voulu prendre quelques éclaircissements du commis du munitionnaire qui avait résidé au fort Duquesne mais cet employé n’était plus au pouvoir du sieur Bigot. Il était resté dans le gouvernement de Québec qui était alors entre les mains des ennemis. »[1]

Le garde-magasin Garault n’était pas aussi imbécile ou ignorant que le laisse entendre Bigot. S’il ne put rien tirer de lui c’est que le garde-magasin était en faute et ne voulait pas se compromettre ni incriminer ses complices. Le sieur de C., dans son Mémoire du Canada, découvre quelque peu le voile sur les turpitudes du sieur Garault.

« L’auteur après avoir raconté que M. de Lignery fit sauter le fort Duquesne pour l’empêcher de tomber aux mains des Anglais, écrit.

« Le garde-magasin resté à la Belle-Rivière y avait été placé par M. Péan, qui avait obtenu cette place pour lui de l’intendant. Cet homme avait travaillé depuis 1749 jusqu’en 1754 (sic) dans les bureaux de Québec. La cour doit avoir vu à son nom dans les comptes des trésoriers plus de douze à quinze millions de marchandises que la Société fournissait au roi. L’intendant donnait l’ordre de paiement au nom du sieur Garault. C’était là justement le nom de l’homme dont on avait eu besoin à la Belle-Rivière. »

Garault ne comparut pas devant le Châtelet et le tribunal décida qu’il serait plus amplement informé sur son compte.

  1. Mémoire pour messire François Bigot, 1ère partie, p. 215.