Bibliographie du patois lorrain/Introduction

BIBLIOGRAPHIE
DU
PATOIS LORRAIN.

Il est inutile aujourd’hui de vanter les services que rend la bibliographie à tous les écrivains. Cette branche de l’érudition moderne conquiert chaque jour une place de plus en plus grande dans les travaux littéraires ou scientifiques. On sait que les catalogues des bibliothèques mises en vente sont recherchés à l’égal des bons livres, quoiqu’ils ne puissent offrir une satisfaction complète à l’écrivain sérieux ou au faiseur de collections. Aussi nous croyons qu’une bibliographie spéciale doit présenter un degré puissant d’utilité ou d’intérêt.

La Lorraine, cette vieille terre austrasienne, cette province illustrée par ses évéchés et par sa chevalerie, dont l’histoire se mêle à tant d’histoires, dont le sol fécond semble béni, que recouvre et sillonne une intelligente, patriotique et laborieuse population, cette Lorraine où les arts, les lettres et les sciences ont toujours trouvé un foyer, serait certes bien digne d’une bibliographie particulière. Nul ne songe peut-être à élever un pareil monument à notre pays. Ce grand travail synthétique n’est pas assez préparé encore par les recherches auxquelles chacun se livre dans sa spécialité ; il est trop vaste pour être fait légèrement, et un édifice si considérable a besoin de beaucoup d’ouvriers. Une œuvre semblable n’eût pas effrayé dans le siècle dernier. Mais quelle que soit la légèreté de nos entreprises dans une époque, si frivole en apparence, il ne faut cependant pas désespérer de voir un jour s’élever une Bibliothèque lorraine.

Pour nous, nous apportons une humble pierre à cet immense édifice, dont nous entrevoyons le plan et l’élévation, mais nous avons la confiance qu’on ne dédaigne pas le grain de sable qui sert à cimenter les grandes assises.

Une bibliographie du patois lorrain n’a pas encore été tentée. Quelques articles, de courtes notices ont été publiés ; le tout réuni ne donnerait pas l’idée de ce qu’il a déjà produit, et encore est-ce presque du seul patois messin que les bibliographes se sont occupés.

M. Lecouteux, ancien libraire de Metz, avait rassemblé des matériaux pour faire le travail que nous accomplissons aujourd’hui ; il avait même annoncé cette publication. Ses notes confuses, incorrectes, cependant quelquefois précieuses, ont été laissées à un magistrat de Nancy, écrivain distingué et savant antiquaire, M. Beaupré, qui a bien voulu les mettre à notre disposition. Mais la source la plus féconde, la plus utile pour rendre notre bibliographie satisfaisante, a été la riche bibliothèque d’un ami, de M. Burgaud des Marets. Là nous avons pu examiner, compulser et décrire presque tout ce qui a paru en patois lorrain ou sur le patois lorrain.

Nous pouvons donc espérer que notre travail est aussi complet que possible et rendra quelques services aux personnes qui se livrent aux mêmes études que nous. Une bonne bibliographie est pour un écrivain un appui solide ; c’est l’héritage du passé qui lui passe sous les yeux ; il y puise les trésors nécessaires pour agrandir le sien.