Betzi/1/04
Écartez quelques idées de vice,
de bassesse, de perfidie que l’on rencontre trop souvent ailleurs comme
ici, nous serons forcés de convenir
que c’est un spectacle assez doux
que celui de ces rassemblemens de
la jeunesse des deux sexes, où l’un
et l’autre viennent se montrer avec
tous leurs avantages, au jour séduisant et magique d’un grand nombre
de lumières répandues avec art dans
un amphithéâtre dont la distribution
ingénieuse présente ici des sallons
de verdure, là des allées circulaires,
plus loin des bosquets de myrthes
et de roses ; dans le centre un bal d’enfans dont l’innocence et les graces
ingénues semblent offrir à l’amour
un culte d’autant plus touchant qu’elles
en ignorent encore le dangereux mystère.
C’est là que Séligni vit pour la première fois la charmante Betzi ; ce fut le chevalier de R… qui le présenta. Sur l’éloge brillant qu’il fit de la douceur et de la sensibilité de son mélancolique ami, ce dernier obtint sans peine la permission de l’aller voir le lendemain, et se promit bien lui-même en secret de ne pas en profiter. Eut-il tort ou raison ?