Beautés de la poésie anglaise/Le Vent et la Feuille, ou l’Enlèvement
Le Vent et la Feuille, ou L’Enlèvement.
SONNET
Mesdames, oyez moi, je vais en raccourci
Vous narrer un roman aussi vrai que l’histoire.
À la feuille le vent contait fleurette ainsi :
Éveille-toi, ma chère, et sans t’en faire accroire,
Viens (le suite avec moi, j’ai passé, Dieu merci,
Sans me laisser tenter, et c’est bien méritoire,
Devant un vaste champ de roses dans leur gloire,
Mais à toi j’ai pensé ;—viens donc sans nul souci !
Tes sœurs, tes sombres sœurs dorment dans la rosée,
Ne voudrais les frôler de mon aile alizée,
Mais toi la belle, et moi friand de tes appas,
Étions faits l’un pour l’autre-ainsi prenons la fuite.
La feuille consentit. Oyez la triste suite :
Le lendemain la vit foulée aux pieds… Hélas !