Ballade du marchand d’orviétan

Chez Léon Vanier, éditeur (p. 29-30).


BALLADE
DU MARCHAND D’ORVIÉTAN


Salutations pantaculaires d’une amitié où la communauté des études et l’identité des aspirations illuminent de sérénité les dévouements du cœur.
Joséphin Péladan au catéchumène Stanislas de Guaita (frère Adelphe Mercurius pour les initiés).



Voici la rue et le plantain,
Le jus de taupe et la merd’oie ;
Voici la graisse de putain,
Le cloporte, le ver à soie
Et le bol que Fagon emploie.
Ci la Bête du Gévaudan,
Ecco le fiel de la baudroie :
Voici les pieds de Péladan !


Reniflez un peu ! Ni le thym,
Ni la peau d’Espagne où se choie
L’orgueil ducal d’un blanc tétin,
Ni l’ambre, ni l’huile de foie
Que l’Islande à Barrès envoie,
Ni tes narcisses, Éridan,
Au humer n’offrent tant de joie :
Voici les pieds de Péladan.

Quel charme ignoré du Bottin
Envoûte l’amoureuse proie ?
Nébo l’a dit à Trissotin.
Donc, lâchez un peu la courroie
De votre bourse et que l’on m’oye
Pour que bachelette (à son dam !)
Livre aux mages la petite oie,
Voici les pieds de Péladan !

ENVOI

Prince d’Elseneur ou de Troie,
Fuyez l’œuvre d’Adolphe Adam
Et ces baumes que je déploie :
Voici les pieds de Péladan !