Ballade pour s’enquérir du sieur Albert Jounet

Chez Léon Vanier, éditeur (p. 31-32).


BALLADE
POUR S’ENQUÉRIR DU SIEUR ALBERT JOUNET


Monsieur Jhouney s’appelle Jounet. Mais quand il publia les Lys noirs, recueil de vers « ivres d’Elohim » et consternants de platitude, il crut devoir adopter cette orthographe cabalistique, la jugeant plus convenable pour un mage qui s’effare « devant l’obscurité où s’enveloppe Iod-Héva l’Inaccessible ».
L’Ouvreuse, lettre xxx.



D vient ce thaumaturge pour
Les vieilles gaupes claudicantes ?
De Stockholm ou de Visapour,
Ou de Nancy que tu fréquentes.
Barrès aux lèvres éloquentes ?
Sort-il de Tarbe ou de Java ?
Place-t-il du vin, des toquantes,
Jhouney pochard d’Iod-Héva ?


A-t-il, un soir de Iom Kippour,
Envoûté le bouc, ô Bacchantes ?
Et sous les gibets — Alas poor
Yorick ! — fané de vésicantes
Aigremoines et des acanthes ?
Quel Brahmapoutra l’abreuva ?
Quels lieb fraumilch ? quels alicantes,
Jhouney pochard d’Iod-Héva ?

Le gong, l’archiluth, le tambour
Mugissent toutes fois et quantes
G. Papus lui lit : À rebours.
Ceignez ses tempes coruscantes
De fleurs, marquises et pacantes !
Même, octroyez quelque linve à
Ce bonze honni des cruscantes,
Jhouney pochard d’Iod-Héva.

ENVOI

Sar Nébo, puisque tu décantes
L’escafignon cher à Çiva,
Dégrise en ces odeurs piquantes
Jhouney pochard d’Iod-Héva.