Bélinde (1801)
Traduction par Octave Gabriel de Ségur.
Maradan (Tome IIp. 25-46).


CHAPITRE XII.

LE PERROQUET.


e baronnet se détermina le lendemain à avoir une conversation avec Bélinde ; et, la trouvant seule, il en saisit l’occasion. Il fit d’abord tourner plusieurs fois sa petite canne dans sa main, l’enfonça vingt fois dans ses bottes, et enfin demanda si lady Delacour n’irait pas bientôt à Harrow-Gate.

— Non ; elle est encore trop souffrante.

— C’est un maudit tour que Clarence lui a joué ; aussi pourquoi vouloir s’en rapporter toujours à lui ? Diable m’emporte ! cela lui donne un tel amour-propre, qu’il croit qu’aucune femme ne peut lui résister.

Bélinde ne répondit rien : sir Philip eut recours à sa petite canne, garda le silence, se promena à grands pas dans la chambre ; puis demanda :

Comment se porte mistriss Stanhope ? et votre sœur mistriss Tollemache ? Le premier jour où je la vis, je la trouvai la plus belle femme du monde. N’avez-vous pas logé chez elle ?

— Jamais, monsieur.

— Ah ! diable m’emporte ! vous êtes dix fois plus belle qu’elle !

Dix fois plus belle que la plus belle femme que vous ayez, vue ? sir Philips, dit Bélinde en souriant.

Oui, répondit sir Philip avec un soupir ; j’avais jusqu’à présent ri de l’amour et du mariage. Mais je vous empêche d’écrire à mistriss Stanhope, dit-il en rendant la lettre que Bélinde écrivait. J’aurais dû agir convenablement, lui écrire avant de vous parler. Bélinde laissa tomber sa plume, et le regarda avec étonnement.

Permettez-moi de vous demander, sir Philip, si c’est à mon sujet que vous voulez écrire à ma tante ?

Vous l’avez deviné, charmante Bélinde ! s’écria sir Philip en s’asseyant auprès d’elle.

— Laissez-moi vous éviter cette peine…

— Diable m’emporte ! vous n’êtes pas en colère ; mon amour-propre est à son comble ! que je vous remercie de vouloir écrire pour moi à votre tante ! pouvais-je espérer une réponse plus charmante de votre part !

Pour mettre fin à tout ceci, dit Bélinde en retirant sa main que le baronnet avait saisie, je dois m’expliquer clairement : Je suis sensible à l’honneur que me fait sir Philip Baddely de songer à moi ; mais je ne puis répondre à ses sentimens ; j’espère qu’il ne sera point offensé de ma franchise.

Je ne puis en croire mes oreilles, s’écria sir Philip. Pourriez-vous me faire l’honneur de me dire, madame, quels sont les motifs, les objections ?…

Vous ne pourriez les détruire, répondit Bélinde ; ainsi permettez-moi de vous les taire.

Je vous prie seulement, madame, de penser à mon nom, à ma famille, j’ose dire à ma personne, sans oublier ma fortune, qui est de 15,000 liv. sterling : mais votre refus n’est point réel ; c’est un jeu de votre coquetterie.

Bélinde l’assura qu’il se trompait entièrement, et qu’elle était incapable d’aucun genre de coquetterie.

Le diable m’emporte ! madame ; tant pis pour vous. Lorsque je fais à une femme des propositions formelles, et qu’elle refuse sérieusement, sans en vouloir donner la raison, je conclus qu’elle est folle, ou qu’elle a un engagement.

Vous croirez ce que vous voudrez, répondit miss Portman ; mais je vous donne ma parole que je ne suis nullement engagée.

La conversation fut interrompue par l’arrivée de lord Delacour, qui vint demander des nouvelles de sa femme à miss Portman. Le baronnet prit congé d’elle, et sortit avec une humeur marquée ; il était résolu d’écrire à mistriss Stanhope, espérant tout de son empire sur Bélinde.

Sir Philip paraît en colère contre moi d’avoir dérangé son tête-à-tête avec vous, dit lord Delacour ; je vous croyais seule, et depuis long-temps je desire vous remercier des bontés que vous avez pour lady Delacour. Ses souffrances ont duré bien long-temps ; mais, grace aux soins du docteur X., elle paraît mieux, et c’est avec plaisir que j’ai vu ici la reprise des bals et des concerts. Je sais combien cela plaît à lady Delacour : on doit prévenir le plus possible le desir de sa femme ; mais il y a un terme à tout. Je ne suis pas homme à me laisser gouverner, et je suis sûr que miss Portman ne me désapprouve pas. Quant à la querelle, au sujet du carrosse et des chevaux, dont vous avez entendu une partie l’autre jour à déjeûner, je veux vous en dire le commencement.

Pardonnez-moi, mylord ; mais j’aimerais cent fois mieux en apprendre la fin.

C’est une nouvelle preuve de votre esprit et de votre bonté ; je voudrais que mylady fût de votre goût : je reconnais son mérite ; mais, soit dit entre nous, je lui voudrais plus de raison : il est aussi malheureux, pour une femme, d’avoir trop d’esprit que d’en manquer. Rien n’est plus dangereux que d’avoir les moyens de soutenir une mauvaise cause.

Pour condamner l’esprit, vous l’employez, mylord, dit Bélinde, avec un sourire qui rendit lord Delacour de la meilleure humeur du monde.

Vous êtes très-indulgente, lui dit-il, et je voudrais mériter vos louanges ; mais, puisque miss Portman aime à voir terminer les querelles, je dois la satisfaire.

En disant ces mots, il tira de son porte-feuille plusieurs billets de banque ; et les remettant à Bélinde :

Vous les auriez reçus depuis long-temps, madame, si j’eusse été instruit plus tôt de ce qui vient de se passer.

Il y a là-bas un homme qui apporte à mylord du vin de Bourgogne, dit Champfort en ouvrant la porte, et jetant un coup-d’œil inquisiteur dans la chambre.

Dites-lui que je vais y aller dans le moment ; donnez-lui le journal à lire en attendant.

Mylord l’a dans sa poche.

Champfort s’approcha pour le recevoir, et ne manqua pas de regarder les billets de banque.

Dès qu’il eut quitté la chambre, lord Delacour dit à Bélinde :

Voici les deux cents guinées qui vous appartiennent : miss Portman, vous voyez qu’on me demande, je dois sortir tout le reste de la journée ; permettez-moi de vous prier de remettre de ma part ce porte-feuille à lady Delacour. Je suis désolé qu’on m’ait peint à vos yeux comme un avare, ou un tyran, tandis que seulement je veux être le maître chez moi. Mais, que faites-vous donc, madame ? Pourquoi remettre vos billets dans ce porte-feuille ?

Laissez-moi, mylord, répondit Bélinde, vous rendre le porte-feuille, et laisser à lady Delacour le plaisir de le recevoir de vous ; elle a déjà demandé plusieurs fois si vous étiez chez vous : je vole la chercher.

Comme elle est vive et bonne, dit lord Delacour en la voyant partir ; je devrais la suivre, quoique j’aime à être traité avec respect — Il y a temps pour tout, je ne donnerai point la peine à lady Delacour de venir ici.

Sa visite ne fut pas longue, car il se rappela que le vin de Bourgogne l’attendait ; mais elle n’en fut que plus agréable à lady Delacour, qui en parla avec éloge à Bélinde.

Voici vos deux cents guinées, lui dit-elle, recevez tous mes remerciemens pour le service que vous m’avez rendu, et la grace que vous y avez mise. Mylord se rend trop de justice à lui-même, pour prétendre à plus de délicatesse qu’il n’en possède ; aussi m’a-t-il dit qu’il avait pris ce matin des leçons de miss Portmann. Il a réellement bien profité ; je pense qu’avec le temps on pourrait en faire quelque chose ; mais, jamais un homme aimable, jamais un homme de génie, jamais un Clarence Hervey, ne vous y attendez pas. —

À propos ! qu’est-ce qui fait que depuis plusieurs jours nous l’avons si peu vu ; il a sûrement quelque occupation qui lui plaît davantage. — Ce ne peut être cette jeune personne dont sir Philip nous a parlé ? — Serait-ce lady Anne de Percival ? — Où peut-il être enfin ? — Il me demande toujours si nous partons bientôt pour Harrow-Gate. — Oakly-Park est bien près d’Harrow-Gate, je n’irai pas, c’est décidé. — Lady Anne est une femme trop respectable pour le séduire. — J’espère qu’elle n’a point de sœurs, de nièces, ou de cousines, qui puissent retenir notre héros.

Notre, répéta Bélinde.

Eh bien ! le vôtre donc, dit lady Delacour.

Le mien !

Oui, le vôtre, ma chère ; pourquoi ce combat entre un sourire et un soupir ? Qu’est-ce que vous avez fait à ce pauvre sir Philip Baddely ? (Vous savez qu’il y a des gens qui s’occupent uniquement à répandre des nouvelles.) Eh bien, lord Delacour m’a dit qu’il avait vu sir Philip vous quitter de la plus mauvaise humeur du monde ; allons, pendant que vous me raconterez ce qui s’est passé entre vous, aidez-moi à enfiler ces perles, cela m’empêchera d’appercevoir votre embarras. Vous ne devez pas craindre de trahir les secrets de sir Philip, car il y a long-temps que j’ai deviné qu’il vous ferait une déclaration ; ainsi, cela ne m’étonnera pas, et je serai charmée de savoir à quel point il aura été ridicule.

Et c’est justement, mylady, ce que je ne veux pas vous dire.

Mon Dieu ! ma chère, reprit lady Delacour, il est bien connu que sir Philip est ridicule ; mais vous êtes si bonne, que je ne puis me fâcher contre vous : puisque vous ne voulez pas satisfaire ma curiosité ; satisfaites au moins le desir extrême que j’ai de vous entendre chanter cette jolie romance ; vous seule la chantez avec expression : je veux absolument que vous me l’appreniez.

Aussitôt que Bélinde commença à chanter, le perroquet de Mariette se mit à crier si fort, que lady Delacour n’entendit plus que lui.

Quel odieux perroquet ! s’écria lady Delacour en sonnant avec violence ; je ne veux pas le souffrir plus long-temps. Il m’a empêché de dormir l’autre nuit ; il faut que Mariette s’en défasse.

Mariette, votre perroquet est insupportable ; il faut vous en séparer pour l’amour de moi. Il vous a coûté quatre guinées ; je vous en donnerais volontiers six pour qu’il disparût aussitôt, car il est le tourment de ma vie.

Je vous assure, mylady, que c’est parce qu’on ne veut jamais fermer ses portes après soi. Je parie que M. Champfort n’a jamais su fermer une porte de sa vie.

Non, Mariette, quand même les portes seraient fermées, il m’étourdirait toujours.

Il est bien désagréable pour moi, madame, qu’on se plaigne de mon perroquet tous les jours, par la faute de M. Champfort.

Mais, ce n’est pas la faute de Champfort si j’ai des oreilles.

Mais, madame. —

Le perroquet sortira de chez moi, je le veux, dit lady Delacour, avec assez de fermeté.

Eh bien ! mylady, je sortirai donc aussi, dit Mariette d’un ton brusque ; car je suis décidée à ne me séparer de mon perroquet pour personne au monde. Ses yeux se tournèrent avec indignation sur Bélinde.

Je ne resterai pas un jour dans la maison d’où on aura chassé mon perroquet. Elle sortit presque en fureur, en disant ces mots.

Grand Dieu ! à quelle extrémité suis-je réduite ! dit lady Delacour ; elle croit donc que je suis en son pouvoir ? — Non ; — je puis mourir sans elle ; — je n’ai que peu de temps à vivre, et je ne vivrai point esclave. — Que cette femme me trahisse si elle veut ! — Suivez-la, je vous prie, ma chère et généreuse amie ; prenez ce porte-feuille, payez ce que je lui dois ; donnez-lui cinquante guinées, et sur-tout dites-lui bien que ce n’est pas pour l’engager à rester, mais pour récompenser ses services passés.

Cette commission était très-difficile à remplir. Bélinde trouva Mariette hors d’état d’écouter la raison.

Sûrement mylady a quelque chose contre moi, criait-elle, car cet emportement ne lui est pas naturel ; mais, puisqu’elle ne peut plus me souffrir, il faut bien que je la quitte.

La seule chose, lui dit Bélinde, qui ait déplu à lady Delacour, ce sont les cris de votre perroquet. C’est un joli oiseau ! depuis combien de temps l’avez-vous ?

Il y a tout au plus un mois, dit Mariette en sanglotant.

Et depuis combien de temps êtes-vous à lady Delacour ?

Six ans, miss ; et il faut cependant la quitter pour toujours !

La quitter ! pour l’amour d’un perroquet ! et dans un moment où votre maîtresse a tant besoin de vous ! — Vous savez qu’elle ne peut vivre long-temps, et qu’elle a encore beaucoup à souffrir avant de mourir. Si vous la quittez, et si, après l’avoir quittée, vous trahissez la confiance qu’elle a eue en vous, vous en aurez des remords pour toute votre vie. — Ni cet oiseau, ni tous les oiseaux du monde ne pourront vous consoler, car je sais que vous avez le cœur réellement bon, et que vous êtes sincèrement attachée à votre maîtresse.

Moi ! la trahir ! ah ! miss Portman, j’aimerais mieux qu’on me coupât la main. On a déjà essayé de m’arracher le secret de ma maîtresse ; ce M. Champfort qui est le plus méchant des hommes, c’est lui qui est la cause de ma disgrace, avec ses portes ; — car, à présent, madame, je vois bien que je m’étais trompée en vous croyant mon ennemie ; c’est lui qui alla dire par-tout que mylord s’était disputé avec moi pour avoir la clef du cabinet ; et la femme de chambre de mistriss Luttridge, qui est ma cousine, m’a tourmentée de questions, et accablée d’offres de la part de mistriss Luttridge et de mistriss Freke, pour savoir qui était caché dans le boudoir. — J’ai toujours répondu : Personne ; et je leur défie bien de tirer une parole de moi. — Trahir ma maîtresse !… On me trancherait plutôt la tête. Peut-elle, pouvez-vous avoir une telle opinion de moi ?

Non, certainement, dit Bélinde ; vous êtes incapable de la trahir, Mariette ; cependant j’en serai moins sûre lorsque vous l’aurez quittée.

Si ma maîtresse voulait me permettre de garder mon perroquet, dit Mariette, je n’aurais jamais pensé à la quitter.

Elle ne souffrira pas que le perroquet reste chez elle ; serait-il raisonnable qu’elle le gardât ? Il trouble son sommeil ; ce matin encore, il l’a empêchée de dormir pendant trois heures.

Mariette allait recommencer ses invectives contre Champfort et ses portes ; mais miss Portman l’interrompit en lui disant :

Il n’est plus question de cela ; combien vous est-il dû, Mariette ? lady Delacour m’a chargée de vous payer ce qu’elle vous doit.

Ce qu’elle me doit ! mon dieu ! Miss, vais-je donc la quitter ? —

Certainement, vous le voulez, et par conséquent votre maîtresse aussi. Elle est reconnaissante de votre attachement et de vos services ; mais elle ne peut pas se laisser traiter avec si peu de respect. — Tenez, voilà un billet de banque de cinquante guinées, qu’elle vous donne pour récompense. Vous avez, a-t-elle dit, la liberté de révéler son secret à tout le monde si cela vous plaît.

Ô miss Portman ! prenez mon perroquet, faites-en ce que vous voudrez ; mais, de grace, raccommodez-moi avec ma maîtresse ! dit Mariette avec l’accent du désespoir. Reprenez cet argent, miss ; je ne manquerai plus jamais de respect à mylady ; prenez mon perroquet ! — Mais, non, je veux moi-même le porter aux pieds de ma maîtresse.

Lady Delacour fut très-étonnée de voir entrer Mariette, le perroquet à la main.

Mylady, cet oiseau, ce que je possède, et moi-même, tout est à votre disposition.

Touchée de l’air soumis et des larmes de Mariette, lady Delacour lui pardonna, et se réjouit intérieurement de cette réconciliation.

Le lendemain, Bélinde pria lady Boucher, qui allait chez un marchand d’oiseaux, de l’emmener avec elle, pour chercher un oiseau dont la voix fût plus douce que celle d’un perroquet, et qui pût consoler Mariette de son favori babillard.

Lady Delacour l’avait priée de ne rien épargner pour en avoir un qui lui plût. Elle n’allait pas le choisir elle-même, parce qu’elle était souffrante.

Au moment où elles arrivèrent, une femme entrait dans la boutique avec trois enfans ; c’était lady Anne Percival.

Ses enfans furent bientôt entièrement occupés des oiseaux, et, pendant ce temps, Bélinde sentit quelqu’un presser doucement sa main ; c’était Hélène Delacour.

Puis-je vous parler un moment ? dit-elle.

Bélinde la prit par la main, et s’éloigna.

Maman est-elle mieux ? dit Hélène, d’une voix timide ; j’ai quelques petits oiseaux qui ne font aucun bruit, si je les lui envoyais ? — Je vous ai entendu nommer par cette dame, miss Portman, et j’ai pensé que c’était vous qui m’aviez écrit cet aimable post-scriptum dans la dernière lettre de maman ; voilà pourquoi j’ai eu le courage de vous aborder. Peut-être m’auriez-vous écrit que maman veut bien me voir ; dites, parlez, je suis sûre que lady Anne ne demandera pas mieux que de m’y mener. — Nous devons aller à Oakly-Park un de ces jours ; j’aimerais bien mieux être avec maman pendant qu’elle est malade, je vous assure que je ne lui ferai pas le moindre bruit. — Mais ne lui en parlez pas si vous croyez que cela puisse la gêner ; laissez-moi seulement lui envoyer mes oiseaux.

Bélinde fut touchée aux larmes de la manière douce et tendre de cette petite fille. Elle l’assura qu’elle dirait à lady Delacour tout ce dont elle l’avait chargée, et la pria d’envoyer ses oiseaux quand elle le voudrait.

Eh bien, dit Hélène, je les enverrai aussitôt que je serai rentrée chez moi, je veux dire chez lady Anne Percival.

Après cette courte conversation, Bélinde entendit le marchand regretter de n’avoir pas un perroquet bleu, parce que lady Anne Percival était chargée d’en trouver un pour mistriss Mangaretta Delacour.

Mylady, j’ai beaucoup de perroquets rouges, mais malheureusement je n’en ai point de bleu, et je n’ai pas même l’espoir d’en trouver, car j’ai fait d’inutiles recherches chez tous mes confrères.

Bélinde pria le domestique de lady Boucher d’aller chercher le perroquet bleu de Mariette, et de l’apporter. Dès que cet homme fut revenu, elle donna l’oiseau à Hélène, en la priant de vouloir bien l’offrir à sa tante Delacour.

Mais, ma chère miss Portman, dit lady Boucher, en la tirant à part, j’ai peur que vous ne déplaisiez à lady Delacour ; elle ne peut pas souffrir mistriss Mangaretta, vous savez qu’elle est la tante de lord Delacour.

Bélinde persista, et envoya le perroquet, espérant que toutes ces querelles de famille pourraient s’appaiser, si d’un côté on montrait quelque disposition à se rapprocher.

Lady Anne Percival comprit le motif de miss Portman.

C’est un oiseau de bon augure, dit-elle, s’il nous annonce la paix d’une famille.

Je voudrais, lady Boucher, continua-t-elle, que vous eussiez la bonté de me présenter à miss Portman.

Je le desirais depuis long-temps, s’écria Hélène.

Elles causèrent ensemble un moment, et se séparèrent avec le plus grand desir de se revoir.