Les Ailes d’or : poésies nouvelles, 1878-1880Bibliothèque-Charpentier (p. 200-202).

AVEU

Hélas ! que puis-je donc vous dire
Qu’on ne vous ai redit cent fois ?
— Qu’un charme est dans votre sourire
Et qu’un charme est dans votre voix…
Hélas ! que puis-je donc vous dire
Qu’on ne vous ait redit cent fois ?

Hélas ! que puis-je vous apprendre
Qu’on ne vous ait cent fois appris ?
— Qu’à vos yeux tout cœur se doit prendre

Et se sent heureux d’être pris…
Hélas ! que puis je vous apprendre
Qu’on ne vous ait cent fois appris ?

Hélas ! que puis-je vous promettre
Qu’on ne vous ait promis toujours ?
Chacun voudrait, de son cœur maître,
Croire à d’éternelles amours…
Hélas ! que puis-je vous promettre,
Qu’on ne vous ait promis toujours ?

Et pourtant ce n’est pas un leurre
Qui fait, près de vous, mon émoi
Et qu’à votre nom seul je pleure
Du doux mal que je sens en moi…
Et pourtant ce n’est pas un leurre
Qui fait, près de vous, mon émoi.

Et pourtant ce n’est pas un rêve
Dont mon cœur est ainsi blessé
Et qui fait, pour moi, l’heure brève
Où votre sourire a passé…
Et pourtant ce n’est pas un rêve
Dont mon cœur est ainsi blessé.

Disons : c’est une peine d’âme
Dont je guérirai quelque jour
Et qu’il faut pardonner, madame,
Puisque ce n’est pas de l’amour…
Disons : c’est une peine d’âme
Dont je mourrai peut-être un jour !