Avant l’amour
La Nouvelle RevueTome 103 (p. 813).

XXV

Maxime est absent depuis deux ans. Dans la petite maison des Yvelines, je vis seule avec ma marraine. Chaque jour me révèle la médiocrité, la lâcheté, l’inintelligence du monde auquel je demande le travail qui doit payer le pain de chaque jour. Mais je ne me révolte plus. J’oppose à tout le silence d’un mépris tranquille et j’attends.

Mes jours passent gris et sans soleil… Qu’importe ? j’ai revendiqué ma part de bonheur sur la fatalité, sur les conventions, sur la misère de ma destinée de femme, sur l’impureté et la brutalité d’un homme. J’ai fait ma vie et conquis mon compagnon… Et quand je songe à celui qui, de l’autre côté des mers, travaille et souffre, je salue la victoire éclatante et proche de l’Amour.

Marcelle TINAYRE.
FIN