Avant-dernier Sonnet

L’IdoleAlphonse Lemerre, éditeur (p. 36-37).




AVANT-DERNIER SONNET





Les Grecs, pour honorer une de leurs Vénus,
Inſcrivaient Callipyge au ſocle de la pierre.
Ils aimaient, par amour de la grande matière,
La vérité des corps harmonieux & nus.

Je ne crois pas aux ſots fauſſement ingénus
A qui l’éclat du beau fait baiſſer la paupière ;
Je veux voir & nommer la forme tout entière
Qui n’a point de détails honteux ou mal venus.


C’est pourquoi je vous loue, ô blancheurs, ô merveilles,
A ces autres beautés égales & pareilles
Que l’art même, héſitant, tremble de compoſer ;

Superbes dans le cadre indigne de la chambre,
L’amoureuſe nature a, d’un divin baiſer,
Sur votre neige auſſi mis deux foſſettes d’ambre.