Avadâna-Çataka/Introduction
Texte établi par Musée Guimet, Ernest Leroux, (Annales du Musée Guimet, tome 18, p. ix-xxxviii).
INTRODUCTION
Le recueil intitulé : Avadâna-Çataka « la centaine d’Avadânas » — ou, pour éviter des confusions avec d’autres recueils de même titre ou de titre analogue, Pûrṇamukha-Avadâna-Çataka « la centaine d’Avadânas commençant par Pûrṇa » — est une collection de récits ou de légendes appartenant au genre dénommé Avadâna qui, dans l’énumération des douze espèces d’écritures bouddhiques, occupe la onzième place. — En quoi consiste cette sorte d’écrits ?
Sens du mot Avadâna. — Il n’est pas facile de déterminer le sens propre de ce mot Avadâna. Les termes « légende, action héroïque, » par lesquels nous le rendons ne sont pas de véritables traductions. Nous ne sommes pas, sur ce point, plus avancés que les peuples bouddhistes de l’Asie, dont l’embarras est égal au nôtre. Ni le mongol domok « tradition historique », ni le tibétain vrtogs vrdjod « jugement » ne sont des traductions exactes et précises. L’expression chinoise pi-yû « comparaison » est plus exacte et plus claire ; cependant les Chinois eux-mêmes n’en paraissent pas très satisfaits, puisqu’on a tenté de lui substituer l’expression chu-yao « lumière perçant, point du jour » — ce qui ne me paraît pas fort heureux, — et qu’on la remplace volontiers par l'expression in yuen « causes et conséquences », qui conviendrait assez, mais qui a déjà reçu une autre application ; car elle correspond au mot Nidâna qui, dans l’énumération précitée, occupe la sixième place.
Pi-yû est évidemment la meilleure traduction ; malheureusement, ce terme est trop étendu. Il désigne à la fois, la comparaison, — l’Apologue, — l’Avadâna, — trois genres voisins, analogues, mais distincts.
Comparaison. Fable, Avadâna. — La comparaison (apamâ en sanskrit, dpe en tibétain) est un mode de démonstration très usité dans le Bouddhisme. Wassilief dit qu’il est spécial à l’école septentrionale Vaibhâṣika. Soit ! mais la Comparaison fourmille dans des ouvrages qui n’émanent pas de cette école. Je n’insiste pas ; et je me permets de renvoyer, pour le type du genre, à la traduction que j’ai donnée du Kumâra-dṛṣtânta-sûtra[1], — parce que ce texte est cité dans l’Avadâna-Çataka (sous son autre titre : Dahara-sûtra).
La Fable, qui repose sur une comparaison, ou qui est le point de départ d’une comparaison, est trop connue pour que je m’y arrête longtemps. On sait qu’elle est essentiellement, sinon exclusivement, indienne. Mais il ne paraît pas qu’elle se rencontre dans le Bouddhisme sous sa forme propre ; elle ne s’y présente que sous la forme de l’Avadâna. L’Avadâna n’est cependant pas la Fable.
Qu’un conteur, Ésope ou Babryas, Phèdre, La Fontaine, nous explique, en y joignant une moralité, comment jadis un oiseau à long cou et à long bec retira un os de la gorge d’un loup et ne fut payé de sa peine qu’en injures et en menaces ; nous avons là une fable, un apologue, c’est-à-dire un récit fictif et allégorique, augmenté de conseils sur la manière de se diriger dans la vie. Mais que ce récit soit mis dans la bouche d’un personnage qui ajoute que l’oiseau, c’était lui-même, que le loup était un sien cousin dont il n’a pas à se louer, et que leurs relations d’aujourd’hui ne sont que la continuation ou la conséquence de leurs relations d’autrefois ; nous avons alors un enseignement d’un tout autre caractère et d’une tout autre portée, qui nous montre la fatalité s’efforçant à travers les âges, — la justice d’outre tombe dominant, réglant, déterminant les destinées individuelles : nous avons un Avadâna.
Définition et nature de l’Avadâna. — Je définis donc l’Avadâna : une instruction destinée à rendre palpable le lien qui rattache les événements de la vie présente aux actes accomplis dans des existences antérieures, le présent étant considéré comme le produit du passé. Ainsi tout Avadâna se compose essentiellement de deux récits : le récit d’un événement actuel, le récit d’un événement passé qui l’a déterminé. Ce second récit, qui exige une connaissance complète des choses d’autrefois, ne peut pas être fait par le premier venu. Il n’y a que ce Buddha omniscient qui puisse évoquer de tels souvenirs ; et, comme ce Buddha est essentiellement un docteur, l’explication qu’il donne est nécessairement suivie d’une leçon, d’un précepte, d’une instruction appropriée, qui répond à la morale de nos fables. Un Avadâna se compose donc de ces quatre parties : 1o un préambule, qui exalte plus ou moins le Buddha en faisant connaître le lieu de sa résidence ; 2o un récit du temps présent, fait par un narrateur quelconque ; 3o un récit du temps passé, expliquant le récit du temps présent et fait par le Buddha ; 4o une conclusion, qui est le précepte donné par le Buddha à l’occasion des faits dont il vient d’être témoin et des souvenirs qu’il vient de rappeler. Il y a, dans la littérature bouddhique, un très grand nombre de récits faits suivant ce plan.
L’Avadâna est donc un genre bien caractérisé ; et je ne puis me ranger à l’opinion de Burnouf qui a cru voir, dans les recueils d’Avadânas, le Vinaya (ou la Discipline) du canon népâlais. Le Vinaya est proprement l’ensemble des règlements donnés à la Confrérie bouddhique par son fondateur. Il est vrai qu’on y peut faire entrer et qu’on y a fait entrer bien des choses étrangères à cet objet spécial. Il est d’ailleurs certain qu’on trouve dans le Vinaya tibétain un grand nombre d’Avadânas, et tout porte à croire qu’il en existe beaucoup dans le Vinaya népâlais que nous ne connaissons pas. Certains Avadânas, certaines conclusions d’Avadânas peuvent avoir un caractère nettement « disciplinaire ». En un mot, il se peut que l’avis émis par Burnouf se justifie dans un grand nombre de cas particuliers. Comment l’aurait-il formulé sans cela ? Et, toutefois, il a senti le besoin de faire des réserves ; il a signalé, et signalé avec insistance, des analogies entre les Avadânas et les Sûtras. Mais il y a là comme une contradiction ; car il faut bien qu’un texte bouddhique appartienne soit au Vinaya, soit au Sûtra. Il est vrai qu’il en est plusieurs, et non des moins importants, qui sont répétés dans l’une et l’autre classe ; ce qui atténue la contradiction, mais produit la confusion. La vérité est que les Avadânas font partie du Sûtra ; ce sont des Sûtras auxquels s’ajoute un élément nouveau, celui même que nous venons de définir : le rapport établi entre ce qui se passe aujourd’hui et ce qui s’est passé jadis. La présence de cet élément suffit pour constituer un genre spécial et différencier les textes où il se trouve des autres textes auxquels ceux-ci peuvent être mêlés soit dans la section Vinaya, soit dans la section Sûtra.
Jâtaka. — Le Buddha, se rappelant non seulement son propre passé, mais aussi celui des autres, raconte tantôt des faits auxquels il a pris part, tantôt des faits auxquels il est demeuré étranger ; c’est tout naturel : mais il y a là, pour les Bouddhistes, un distinguo d’une extrême conséquence. Les récits de faits auxquels le Buddha a été mêlé ne peuvent pas être confondus avec les autres ; on en a fait une classe spéciale appelée : Jâtaka « naissance », qui, dans l’énumération précitée, occupe la huitième place. Les textes appartenant à cette classe représentent une partie considérable de la littérature bouddhique et de la section Sûtra. Car je tiens à noter et c’est une confirmation de ce que j’avançais tout à l’heure que, dans le Bouddhisme du sud, le Jâtaka fait partie intégrante du Sûtra.
Les Jâtaka, cela est évident, ne sont pas autre chose que des Avadânas ; on trouve souvent la désignation complexe Jataka-Avadâna. Je dirai plus tard quelques mots d’un recueil de Jâtaka dans le titre duquel entre l’expression : Bodhisattva avadâna : « Avadânas du Bodhisattva, du futur Buddha ». Bodhisattva avadâna me paraît un excellent équivalent, ou, si l’on veut, un excellent commentaire du mot Jâtaka. Mais je n’ai pas besoin de ce genre de preuve pour soutenir que le Jâtaka n’est qu’un cas particulier de l’Avadâna, une espèce du genre Avadâna.
Vyâkarana. Si le présent est le produit du passé, il est aussi le producteur de l’avenir ; il est « gros de l’avenir », comme disait Leibniz. De même que les événements d’aujourd’hui sont la conséquence des actions d’autrefois, les actions présentes sont la cause des événements futurs ; et le Buddha omniscient, qui voit le passé comme dans un miroir, y lit aussi l’avenir. De là une série d’instructions qui relient le présent au futur et de textes dans lesquels le récit du temps passé est remplacé par une prédiction. Ces textes forment une classe particulière appelée Vyâkarana, qui, dans l’énumération déjà citée plusieurs fois, occupe la troisième place.
Ce n’est pourtant pas que ce mot ait, par lui-même, le sens de « prédiction ». Sans parler de celui de « grammaire » qu’il possède aussi, il désigne proprement une explication ou une déclaration solennelle, et on le voit appliqué à des discours du Buddha qui ne sont nullement des prédictions. Mais, d’une part, des textes spéciaux, isolés, renfermant des prédictions sont qualifiés Vyâkarana, et, d’autre part, des textes tout à fait semblables figurent dans les recueils d’Avadânas. D’ailleurs, le verbe correspondant au substantif Vyâkarana se trouve dans tous ces textes. Tout Vyâkarana n’est pas une prédiction, mais toute prédiction est un Vyâkarana. Pris en ce sens, le Vyâkarana, lui aussi, n’est qu’un cas particulier de l’Avadâna, une variété du genre Avadâna.
Avadâna mixte. — Le Buddha qui, à propos d’un fait actuel, tantôt évoque les souvenirs du passé, tantôt dévoile les secrets de l’avenir, ne peut-il pas faire l’un et l’autre, montrer du même coup sa double science, sa mémoire des faits passés et sa mémoire anticipée des événements futurs ? Le cas n’est pas fréquent, mais il se présente ; et nous avons des textes où le récit du temps passé est doublé d’une prédiction de l’avenir. Ils n’ont pas de nom particulier ; nous leur donnons celui d’Avadânas Vyâkaranas ou d’Avadânas mixtes.
Avadâna du présent. — L’évocation du passé et la vue de l’avenir embrassent ordinairement de fort longues périodes ; car le Buddha voit très loin en avant comme en arrière. Faut-il donc absolument un si long espace de temps pour que les conséquences d’un acte se produisent ? Les Bouddhistes eux-mêmes, malgré le plaisir qu’ils éprouvent à compter les années par milliers et par millions, précipitent quelquefois le cours des événements ; et nous avons plusieurs textes où il n’y a ni récit du temps passé, ni prédiction, mais où l’acte est suivi de sa punition ou de sa récompense en très peu de temps et quelquefois du jour au lendemain. Nous donnerons le nom d’« Avadânas du présent » à ces récits dans lesquels le plan habituel des Avadânas est légèrement modifié.
Nous pouvons donc compter cinq variétés d’Avadânas : 1o Avadânas proprement dits ou Avadânas du passé ; 2o Avadânas-Jâtakas ou Jâtakas ; 3o Avadânas du présent ; 4o Avadânas de l’avenir ou Vyâkaranas ; 5o Avadânas mixtes ou Avadânas-Vyâkaranas. — La définition la plus large de l’Avadâna devient alors celle-ci : L’Avadâna est une instruction qui démontre, par les faits, le lien qui existe entre un acte et sa conséquence inévitable.
Évolutions des êtres. — L’Avadâna explique ainsi les évolutions des êtres, suites nécessaires de leurs actes. Les êtres peuvent en effet passer par cinq conditions ou états, dont l’ensemble s’appelle Panca-gati (cinq directions), et qui sont : 1o Divinité ; 2o Humanité ; 3o Animalité ; 4o Damnation ; 5o Condition de Prêta. — Les trois dernières sont réputées mauvaises, les deux premières bonnes. La divinité vient au premier rang, parce que les habitants du Ciel sont plus heureux, plus tranquilles que ceux de la terre : mais la véritable supériorité appartient à l’humanité ; car c’est surtout par elle qu’on obtient la délivrance finale, c’est par elle exclusivement qu’on s’élève à la dignité de Buddha. On verra tout à l’heure comment ces différentes conditions sont réparties dans l’Avadâna-Çataka, dont nous avons maintenant à faire connaître le plan ou l’économie.
Les dix décades. — Les cent récits de ce recueil sont distribués dans dix chapitres, qui en renferment exactement chacun dix, et que j’appelle « Décades ». Les récits du temps passé sont faits par l’auteur même de la Compilation. Tout cela est conforme à l’économie des recueils méridionaux.
Chaque décade a un caractère particulier qui rend semblables entre eux les héros des récits qui la composent. Les quatre premières sont consacrées aux Buddhas et aux Pratyekabuddhas, les quatre dernières aux Arhats, c’est-à-dire que les huit dixièmes de la compilation exaltent l’humanité. Deux décades seulement, les décades centrales V et VI, sont réservées à la divinité, à l’animalité, aux Prêtas. Il n’y a rien pour l’Enfer. Certains personnages sont représentés comme y étant allés ou devant y aller ; mais, à une exception près (elle est peu saillante, et c’est dans la IVe décade qu’on la trouve), les séjours infernaux ne sont pas décrits dans ce recueil. La Ve décade nous fait connaître le sort des Prêtas ; la VIe nous montre la renaissance parmi les dieux et les animaux, plusieurs êtres passant directement de l’animalité à la divinité.
Parmi les quatre premières décades, la première est consacrée aux Buddhas futurs, la troisième aux Pratyekabuddhas passés et futurs ; la deuxième et la quatrième, remplies des récits des anciennes actions vertueuses de Çâkyamuni, sont de véritables Jâtakas ; mais ceux de la deuxième diffèrent notablement de ceux de la quatrième qui ont un lien plus étroit avec les Jâtakas que j’appellerai « classiques ». Quant aux Arhats, dont il est question dans la dernière partie du recueil, ils se différencient de la manière suivante : ceux de la VIIe sont tous Çâkyas, ceux de la VIIIe Arhatis ou Arhats femelles, ceux de la IXe Arhats irréprochables, ceux de la Xe Arhats coupables et punis de leurs fautes.
I. | Futurs Buddhas (Prédictions) |
1-10 |
II. | Jâtakas (non classiques) |
11-20 |
III. | Pratyekabuddhas (2 passés, 8 futurs) |
21-30 |
IV. | Jâtakas (classiques) |
31-40 |
V. | Prêtas |
41-50 |
VI. | Dieux et animaux |
51-60 |
VII. | Arhats Çâkyas |
61-70 |
VIII. | Arhatis (Arhats femelles) |
71-80 |
IX-(X. 10). | Arhats irréprochables |
81-90-(100) |
X. | Arhats coupables et malheureux |
91-99 |
L’exception relative au récit 100 sera expliquée tout à l’heure.
Les cinq variétés. — Si maintenant nous répartissons les cent récits du recueil dans les cinq variétés qui ont été décrites et énumérées ci-dessus, nous dresserons le tableau suivant :
1o | Avadânas du passé |
52 |
2o | Avadânas-Jâtakas |
23 |
3o | Avadânas du présent |
5 |
4o | Avadânas de l’avenir (Vyâkaranas) |
18 |
5o | Avadânas mixtes |
2 |
Total..... | 100 |
Dans le tableau des dix décades, nous avons dû détacher le récit centième de sa décade pour le rattacher à la précédente. Nous allons rendre compte de cette particularité qui ne peut s’expliquer que par l’étude des recueils congénères de l’Avadâna-Çataka.
Le centième récit. — Ce récit centième est tout à fait anormal. Tandis que les héros de tous les autres sont des contemporains de Çâkyamuni, celui du centième lui est postérieur de deux siècles. Mais on rattache son histoire au temps du Buddha, au moyen du récit d’un acte méritoire qu’il avait fait peu après le Nirvâṇa, et auquel il devait l’acquisition de la Bodhi au temps d’Açoka (l’histoire de cette bonne action répondant au récit du temps passé des autres textes, bien que contemporaine des faits racontés dans leurs récits du temps présent).
Le Kalpa-druma. — Or, ce récit final de l’Avadâna-Çataka se trouve être le récit initial d’un recueil de trente Avadânas intitulé Kalpa-druma avadâna-mâlâ (Guirlande des Avadânas de l’arbre Kalpa) ; et les récits qui suivent, jusqu’au vingt-quatrième (à une exception près), sont : 1o les premiers récits des décades de l’Avadâna-Çataka (la 4e exceptée), se suivant dans l’ordre des décades ; 2o les deuxièmes récits des mêmes décades se suivant dans le même ordre ; 3o le récit 4e de la VIe décade ; 4o les récits 15e et 16e de la IIe, entre lesquels s’intercale, avec un texte étranger à l’Avadâna-Çataka, le récit 33e de la IVe décade. En un mot, les vingt-quatre premiers récits du Kalpa-dr.-av. (à l’exception du 22e) correspondent respectivement aux récits suivants de l’Avadâna-çataka :
100, 1, 11, 21, 41, 51, 61, 71, 81, 91.
2, 12, 22, 42, 52, 62, 72, 82, 92, 54, 15, 33, 16.
Le Ratna-Avadâna. — La série des récits de l’Avadâna-Çataka se continue, suivant le même plan, dans un autre recueil de 34 Avadânas, intitulé : Ratna-avadâna-mâlâ (Guirlande des Avadânas de joyaux), tout à fait semblable au précédent, dont il est visiblement la suite. Les vingt-un premiers récits de ce second recueil, à l’exception du 6e, du 8e et du 16e (?)[2], correspondent aux 3e et 4e récits des décades (la IVe non comprise, et le récit 5e de la VIe étant substitué au 4e déjà pris ou usurpé par le Kalpadruma). Ils répondent donc aux récits suivants de l’Avadâna-çataka :
3, 13, 23, 32 (?), 43, 53, 63, 73, 83, 93.
4, 14, 24, 44, 55, 64, 74, 84, 94.
Par conséquent, sur les 64 textes dont se composent les deux recueils, il y en a 41 (ou 42) qui correspondent à des récits de l’Avadâna-çataka. On remarquera que le second observe mieux que le premier la suite des récits des décades ; mais il leur fait moins d’emprunts, ne leur prenant que 18 textes, et intercale deux (ou trois) textes étrangers. Le premier recueil ne se permet qu’une intercalation ; et il fait 23 emprunts, transposant les textes qu’il emprunte en dehors de la suite qu’on peut appeler réglementaire, et faisant une petite place, amoindrie encore dans l’autre recueil, à la IVe décade, qui peut, d’ailleurs, être considérée comme bannie en fait des deux compilations.
Nature et relations des deux recueils. — Les 41 (ou 42) textes des deux recueils ont, à quelques variantes près, dont il n’y a pas lieu de tenir compte, les mêmes titres que ceux de l’Avadâna-çataka ; mais la rédaction en est bien différente. D’abord, ils sont en vers, tandis que les textes des décades sont en prose ; ensuite, bien que suivant de point en point les récits de l’Avadâna-çataka, reproduisant souvent les mêmes expressions et les vers mêlés à la prose, ils donnent très fréquemment à certains épisodes esquissés sommairement, à tel discours brièvement résumé ou dont le sujet est simplement indiqué, un développement plus ou moins considérable ; en définitive, ils présentent la même version et n’offrent, pour le fond, que de rares et légères variantes. Mais le plan des deux recueils est tout autre que celui de l’Avadâna-çataka ; leurs récits, au lieu d’être faits au lecteur par un auteur connu ou anonyme, sont des discours adressés par le Sthavira Upagupta au roi Açoka, le monarque sollicitant une instruction, le docteur ne la marchandant pas ; si bien que tout l’ouvrage est un long dialogue.
Ce dialogue, commencé dans le Kalpa-dr.-av.-ni., continué dans le Ilatna-av.-niâlà, n’est j’as lini, puisqu’il ne nous donne que 41 ou Â2 récits de rAvadfina-dalaka ; il doit se puarsuivre ailleurs. Les deux recueils vcrsiiiés qh’ nous avons supposent l’existence de trois autres, dont le premier renlermerail les récits cinquièmes et sixièmes ; le deuxiènre les récits septièmes et luiitiènies ; le troisième les récits neuvièmes et dixièmes des décades, avec quelques intercalations et une addition de récits supplémentaires. Le Kalpa-druma-avadàna et le Ratna-avadàna-màlà ne seraient donc que des lra^i ;nients d’un l’ccueil {ilus étendu dont le titre pourrait être celui qui est indiqui, à la tin du Kalpa-druina-av. m., conmie disignant un recueil plus vaste dont le Kalpa di’uma l’iM-ait partie : Arnha-Ujuu/upiasaiiibliàrana, « Conférence d’Açoka et d’IIpayupla ».
Arolia-Avadànii . — lletreuvera-t-on ces trois recueils ? Je l’ignore. Mais il en existe un qui Justitie imparfaitement la supposition précédente et comble en partie, eu très petite partie, le ^"ide que nous voudrions voir rempli, h’ Açoka-avatlâiia-rnâlù , dont il existe un Ms. à la Bibliothèque de l’Université de (Cambridge^^1 est, connue nos deux recueils, un entretien versifié d’Açoka et d’Ujiagupta, et se divise en 21 sections d’inégale étendue, dont huit (1.">--2U) correspondent aux dixièmes récits des décades de l’Avadàna-Çataka, c’est-à-dire aux récits : 10, 20, 30, 50, 60, 70, 80, 90.
La IVe décade est exclue comme dans le Kalpa -dr. et le Iatna-av. ; la X’- est omise, parce que le 10" récit de cette décade ouvre li/ Kalpa- dr.- av. Ainsi ce recueil s’harmonise avec les deux autres ; la seule différence est que les nmivièmes récits qui, d’après notre hypothèse, devraient s’y trouver, font défaut, que, de plus, ces textes, au lieu d’avoir la place d’honneur au début du recueil, sont relégués dans la dernière partie et enclavés dans d’autres l’écits. Sans recheicher l’origine de cette anomalie, je constate que nous
1 Ad. 1482. CalaliiijHe.,. hy Cecil Bendall. ^. 1 10-114. — Ileii existe àPai-is une copie faisant partie Je l"envoi de M. Hodgson, de 1Sjû-37 ; elle est restée, je ne sais pourquoi, à la Société asiatique, tandis que la grande majorité de ces Mss. (entre autres l’Avadàna-Çataka) eulraient à la bibliothèque Naliouale. Je regrette vivement d’avoir perdu de vue l’existence de ce Ms. ; sans quoi j’aurais l’ait sur lui le même travail que sur les iMs.^. du Kaljia-dr.-av. et du Ratna-av.-m. de la bibliothèque Nationale qui faisaient aussi partie des 6i Mss. sanskrits liouddliiques reçus de M. Hodgson par la Société asiatique en 1837. trouvons, dans trois recueils versifiés, la inuitii (mi la m litio iiiuiiis luij des récits do rAvadàua-ijataka, c’ost-à-dii-o A’J (dU 50)^^1.
Récapitulalion. — Je réunis, iri rii un tableau l’.-s riiu[uaiiti’ text^’s, 1<’S classant [lar décades et [lar n-cuoils, r.’uiplarant [tar di’S points les textes nian({uaids et nK/ttant entre parenthèses ceux qui sont déplacés.
Décades | I | II | III | IV | V | VI | VII | VIII | IX | X | |
Kalpa.-dr. | 1 | 11 | 21 | — | 41 | 51 | 61 | 71 | 81 | 91 | |
2 | 12 | 22 | — | 42 | 52 | 62 | 72 | 82 | 92 | ||
(15) | (33) | (54) | (100) | ||||||||
(16) | |||||||||||
Ratn.-Av. | (32?) | ||||||||||
3 | 13 | 23 | — | 43 | 53 | 63 | 73 | 83 | 93 | ||
4 | 14 | 24 | — | 44 | — | 64 | 74 | 84 | 94 | ||
(55) | |||||||||||
Açoka.-av. | 10 | 20 | 30 | — | 50 | 60 | 70 | 80 | 90 | — |
On voit que chaque décade est représentée en général par cinq récits, (pie la H" en a sept. la M" six, et la IV" un (nu di/ux). Il ne nous parait pas possible rpie ci’s A) (ou Ti’i) avadànas aii’ut ainsi trouvé a-~ile dans tmis recueils et que les 50 (nu 51) r(vslants n’aient [las été recueillis dans d’autres compilations, soit dinix, soit trois. Rien n’indique ({u’ils se trnuvent dans aucun des recueils connus, mais il est pernds de croir.’ ipTiin pourra les rencontrer dans les compilations qu’il reste à découvrir.
Dvâvim̃çati-Avadâna. — Nous connaissons un quatrième recueil qui est apparenté avec l’Avadâna-Çataka, mais d’une tout autre manière qui’ les précédents ; c’est le Dvàviinçali-avadàna, « Availàna en 22 (sections) », qui mi coni[ite en réalité :24, à cause de deux sections com[ilémentaires ou api^Mi dices, ri’prnduisaut des titres déjà donnés. Ces titres, au lieu d’être eu majorité, comme dans rAvailàna-Gataka et les congénères, les noms di.’s héros des récits, sont (li :’s chefs sous lesquels sont classé, ’s diverses instructions ou leçons : 1, actes méritoires ; 2, audition d’ la lui ; ; ;, condition humaine ; 4, don ; .5, mérites i-idigieux ; (l, imaei.’ ; 7^ [laiu • S, safran-y, parasol ; 1<>, liuu’railli’s ; II, maiulala ; [2, nouri’iture ; I :;. hreuvag’es ;
1 Je dis « la moitié (nu la moilié m. iiis un) — l’.l (on 00) » -, à cjuse du recil lii du Ratua-av.-iuàlà doul il esl queiliou daus la uute de l.i [paye xvii. 14, vêtement ; 15, fleurs ; 16, adoration ; 17, flambeau ; 18, lampes ; 19, monastère ; 20, pendant d’oreilles (uu Suvaniàbliii) ; 21, neltnjagc (ou Vapnsuuui) ; 22, Candana ; 23, don ; 24, mérites religieux. — Chacun do ces chapitres donne lieu à une instruction spéciale illustrée par uu un deux Avadànas ; de sorte que l’Avadàna y joue un rôle eu quelque sorte accessoire, et non principal connue dans les autres compilations. Voilà pourquoi les noms des héros des Avadànas insérés ne paraissent pas dans les litres, si ce n’est par exception ou subsidiairement. L’ouvrage est en prose et il a le cadre des recueils versifiés, un entretien outre Açoka et Upagupta : mais ce cadre est pour ainsi dire fictif ; car ces doux pors<inuagos disparaissent Iiientot pour laisser la place à (jàkyamuni et à son futur successeur Maitreja. C’est entre ces deux interlocuteurs que le dialogue est véritablement institué, Maitreya deuuuidant instruction, Çàkyannuii satisfaisant à cette demande ; à la lin même c’est à ses Bhixus (ju’il s’adresse. Ainsi l’auteur du Dvàviilirati-avadàna a compliqué, supprimé, transformé le cadri.’ des cennitilations qui ont dû lui si’rvir di’ modèle.
J’ai reconnu, dans cet ouvrage, douze récits de l’Avadâna-Çataka ; ce qui, vu son étendue relativement faible, est une très forte proportion ; et, ce qui est remar(piable, les récits sont reproduits textu(dlenient. Une autre particularité très intéressante est que la IV décade, représenléo par un seul récit dans L’S recueils versifiés, l’est ici par deux récits reproduits, eomnio les autres, textuellement ; mais ces deux récits se truuvent dans l’apiicndico, di^ sorte que la IV’ décade, mémo lors(|u’elle est le mieux roiirésentéo, est toujours reléûuée à la fin^^1.
Comment expliquer les rapports de ces diverses compilations et leur filiation ?
Postériorité du Dvâvim̃çati. — En ce ipii touche le Dvàviniçati-avadàna, c’est bien évidi’iument un recueil postérieur dont l’auteur a puisé dans l’
1 Outre les textes identiques, il y en a plusieurs qui, soit en raison du sujet traité, soit en raison de certains épisodes, donnent lieu à des rapprochements ; mais je n’insiste pas sur ce point. Avadâna-Çataka, mais a puisé en même temps à d’autres sources. Si donc l’Avadâna-Çataka est primitif (et il l’est par rapport au Dvavieruati-AYadàiia), d’autres recueils le sont également.
Postériorité des trois recueils en vers. — Examinons maintenant les relations de l’Avadâna-Çataka avec les recueils versifiés ? Faut-il considérer les récits des décades comme des abréviations de ceux des recueils versifiés ou ceux-ci comme des amplifications des premiers ? C’est cette seconde hypothèse qui semble la plus plausible. D’ailleurs, les récits versifiés portent les traces d’une rédaction plus moderm’, telles que le nom de Yisnu celui do Sukhavoti, la dennnii’i' d’Amitàldia, que les recueils versifiés citent, sans pourtant en almser, mais que l’Avadâna-Çataka parait ignorer absolument. En un mut, le Kalpa-drunm-avadàna, le Batna-avadàna-m ;là, et prubablcment aussi l’Açoka-avadàua-nu’d ;’ ! (dont je ne puis parler pertinemment, ne l’ayant pas étudié) offrent des marques visibles d’une rédactiiiu postérieure. Ils n’en résulte pourtant pas avec évidence qu’ils dérivent directement de l’Avadàna-Çafaka.
Le cadre. — Que dire maintenant du cadre des recueils versifiés ? A-t-il été ajouté à ces recueils ? ou a-t-il été supprimé dans l’Avadâna-Çataka ? Ce centième récit, rattaclu !’ [lar une sorte de raccord, ingénieux, dirai-je ? ou maladroit, à 99 récits qui tous se rappm’tent à des événements de deux siècles plus anciens, qui se trouve dans un groupe autre ([e le sien, ne trahit-il j as un remaniement du texte ? N’est-il pas plus naturellement placé au début du Kalpa-druma-avadàna qu’à la fin de l’Avadâna-Çataka ? — Mais alors laut-il conclure à l’antériorité des recueils versifiés dont nous avons tout à l’heure constaté à d’autres égards la postériorité ? Non sans doute. Il suflit d’admettre que l’Avadâna-Çataka que nous avons est une seconde rédaction d’un recueil qui avait jirimitivement p(nir cadre un dialogue entre Açoka et Upagupta.
Le groupement des récits. — Mais alors comment faut-il envisager le groupement des récits ? Le système de l’Avadâna-Çataka, qui met dans une même décade des récits du même genre dont les héros ont entre eux des analogies, semble bien naturel. Pourquoi les recueils versifiés mclenl-ils les récits des diverses décades tout eu suivant l’ordre de ces décades ? L’auteur de ces recueils a-t-il pris sur lui d-’ changer la disposition des récits, ou a-t-il suivi l’ordre qui lui était indiqué par un ouvrage préexistant, lequel serait cette rédaction primitive de l’Avadâna-Çataka dont nous parlions tout à l’heure ? Dans ce cas, ce serait le compilateur de la rédaction des décades parvenue jusqu’à nous qui aurait fait le changement.
Il y a relativement à ce groupeuKMit d(_’s textes deux particularités à noter : i" le déplacement du récit 4 de la VP décade, motivé par son lien chronologique avec le 5° de la II’ ; 2" Texclusion d(^ la R’"' décade, dont les rares représentants viennent toujours à la fin. — Je ne jniis tirer de la première une conclusion certaine ; mais il semble résulter de la deuxième que dans la rédaction primitive, hypothétique, de l’Avadàna-Çataka, les récils de la IV décade n’existaient pas (d’où la conclusion qu’ils auraient été ajoutés plus tard), ou, ce qui est plus vraisemblable, qu’ils étaient à la tin de l’ouvrage et formaient un appendice.
Remaniement probable de V Aradcoia-Çatalia. — Ici encore nous sommes amenés à l’hypothèse d’une rédaction de l’Avadàna-Gataka antérieure à celle qui nous est parvenue. Cette rédaction aurait eu pour cadre un dialogue entre Açoka et Upagupta, les récits se présentant soit dans l’ordre où nous les donnent les récits versifiés soit dans l’ordre de notre Avadàna-Çataka, les Jàtakas de la IV" décade étant rejetés à la fin ; le texte, sans être identique à celui de notre manuscrit, devait en diflî’érer très peu. — Un docteur bouddhiste inconnu aurait remanié le recueil pour lui donner sa forme actuelle. Quant aux récits versifiés, ils auraient été faits sur la rédaction primitive, le compilateur amplifiant les récits, modifiant plus ou moins l’ordre qui leur avait été primitivement donné, mais ne faisant ses modifications les jdIus hardies que dans de certaines limites ; car l’harmonie des tiois recueils versifiés prouve que les auteurs se sont réglés sur un recueil primitif dont ils ont scrupuleusement respecté l’arrangement.
Traduction tibétaine. — Elle n’est malheureusenient pas reproduite à la tîn de la traduction tibétaine de l’Avadàna-Çataka. Cette traduction (|ui remplit presque tout le 29e volume de la section Mdo du Kandjour (f"^ 1-422) est, comme toujours, très fidèle et littérale. Cependant, sur quelques points, elle ne concorde pas avec le sanskrit ; dansdi/uxou trois récits la rédaction varie sensiblement. Si l’on songe à la multitude des récits de ce genre, aux variantes nombreuses de quidques-uns d’entre eux, on jugera que ces div(irgences ne sont pas liit’n im[)orlant(’S. La version tibétaine fournit la preuve que les Mss. sanskrits nous donnent bien la rédaction définitive de l’Avadàna-Çataka. Les auteurs de ce travail sont l’indien Jinamitra et le tibétain Ban-de Deb -stan-dra (révérenil Devacandra).
Traduction chinoise. — Il existe aussi une traduction chinoise de l’Avadàna-Çataka. Elle a pour titre Cwan-tsi-pe-ijucn-ldn « collection bien ordonnét ? de cent histoires » et pjorte le n" i ;J24 dans le catalogue de Buniju-Nanjio : elle a pour auteur l’Upàsaka C !ii--kien. Elle manque malheureusement à la Collection du Tripitaka Chinois de notre Bibliothèque iia tionale.
— Je compte les récits de l’Avadâna-Çataka de 1 à 100, sans distinguer les décades pour ne pas compliquer les notations. Cet ouvrage est désigné par l’abréviation Av-ç.
I | II | |||
1 | Pùrna (K.-dr. 2). | 11 | Nàvikà (K.-dr. 3). | |
2 | Yacomati (K.-dr. 11). | 12 | Stambha (K.-dr. 12). | |
3 | Kuçîda (R.-av. 1). | 13 | Snâna (R.-av. 2). | |
4 | Sàrthavàha (R.-av. 12). | 14 | Iti (R.-av. 13). | |
5 | Sonia. 1") | 15 | Prâtihâryam (K.-dr. 21. Dvà-av-lO). | |
6 | Vadrika. | 16 | Pancavarsika (K.-dr. 2). | |
7 | Padma. | 17 | Stuti. | |
8 | Pancâla. | 18 | Varada. | |
9 | Dhùiiia. | 19 | Kàcikavastra (Dvâ.-av. 9). | |
10 | Râjâ (Aç.-av. 14). | 20 | Divyabhojana (Aç.-av. 15. Dvâ.-av. 12). | |
III | IV | |||
21 | Gaudana (K.-dr. ’i. Dvà. -av. 22). | 31 | Padinaka. | |
22 | Padma (K.-dr. i.’ !). | 32 | Kavada (R. av. 10 ?). | |
23 | Gikra (R.-av. .13). | 33 | Dharmapîda (K.-dr. 23). | |
24 | Daçaçiras (R.-av. 3). | 34 | Çivi (Dvâ.-av. 23, 2"). | |
25 | Sûxraatvàg. | 35 | Surnpa (Dvà. -av. 23, 3°). | |
26 | Çitaprabha. | 36 | Iaitrakanyaka. | |
27 | àvikà. | 37 | Çaça. | |
28 | Gandhaiiiàdana. | 38 | Dharniagavesi. | |
29 | Nirmala. | 39 | Anàtliàpindada. | |
30 | Valgusvarà (Aç.-av. 16). | 40 | Subhadra. |
41 | Gudaeâla (K.-dr. 5). | 46 | IJttara. | |
42 | Bbaktam (K.-dr. IV). | 47 | Jâtyaiidhà. | |
43 | Pàiiiyam (R. av. ’i, Dvà. -av. 13). | 48 | Gresthi. | |
44 | arcaghata (R.-av. 15). | 49 | Putrâ. | |
45 | Maiulgalyàyann. | 50 | JàinbàLa (Aç.-av. 17). |
51 Krsnasarpa ( K.-dr. 6). | 56 Çuka. |
52 Candra (K.-dr. 15). | 57 Dûta. |
53 Sâla (K.-av. 5. Dvâ.-av. 15) | 58 Mahisa. |
54 Çrimati (K.-dr. 20). | 59 Uposadha. |
55 Vastra (R.-av. 17. Dvâ.-av. 23, 1). | 60 Ham̃sâ (Aç.-av. 18) |
VII
|
VIII
|
61 Suvarnâbha (K.-dr. 7. Dvâ.-av. 20). | 71 Suprabhà (K.-dr. 8). |
62 Sugandhi (K.-dr. 10). | 72 Supriyà (K.-dr. 17). |
63 Vapusmân (R. av. 7. Dvà.-av. 21). | 73 Culdà(R.-av. !), Dvà.-av. 14). |
64 Balavàii (R.-av. IS). | 74 Somà (R.-av. 10). |
65 Priva. | 75 Kuvalayà. |
66 Pailuia. | 76 Kàrika^undari. |
67 Duiidubhisvara. | 77 Muktà. |
68 Putrà. | 78 Kacaiigalà. |
69 Sûrya. | 79 Xemà. |
70 Mallapatàka (Aç.-av. 19). | 80 Vinipà (Aç.-av. 20). |
IX
|
X
|
81 Saiiiudra (K.-ili-. 0). | 91 Subbùti (K.-dr. 10). |
82 Sumaiiâ (K.-dr. 18). | 92 Sthavira (K.-dr. 10). |
83 Hiraiiyaiiàni (R.-av. 10). | 93 llastaka (R. av. 11). |
84 Tripita (K -av. 20). | Lekuncika (R.-av. 21). |
85 Yaçoiuitra. | 95 Sam̃sâra. |
86 Upàpàduka. | 96 (iuptika. |
87 Çobhita. | 97 Vinipa. |
88 Kapphina. | 98 Gangika. |
89 Bhadrika. | 99 Dirghanakha. |
90 Ràstrapàla (Aç.-av. 21). | 100 Saiigiti (K.-dr. 1). |
1 | Sundara | (Av.-ç. 100) | 6 | Krsnasarpa | (Av.-ç. 51) | |||
2 | Pûrnabhadra | (— 1) | 7 | Suvarnâbha-kumâra | (— 61) | |||
3 | Sàrtliavàba | (— 11) | 8 | Suprabbà | (— 71) | |||
4 | Candana | (— 21) | 9 | Samudra | (— 81) | |||
5 | Bhrtaka-preta | (— 41) | 10 | Subhûtibrâmana | (— 91) |
11 Yaçomati | (Av.-ç. | 2)21 Tirthikaprabodhana-prâti | |
12 Kauravya-Jaiia-prabodliaMa | (— 12) | hârya (Av.-ç. 15) | |
13 Padmottara | (— 22) | 22 Kûrmajanma | |
14 Mâtsarya-caritra | (— 42) | 23 Dharmapâla (— 33) | |
15. Candra | (— 52) | 24 Dharmabuddhiarpa (— 16) | |
16 Sugandhi | (— 62) | 25 Saddanta | |
17 Supriyâ | (— 72) | 26 Kavikumâra. | |
18 Sumanâ | (— 82) | 27 Krtajña. | |
19 Sthaviraka | (— 92) | 28 Ajâtaçatru-paridàpita. | |
20 Çrîmatî | (— 54) | 29-30 Vaçisthaparisthacchoposâdha. |
2 Snâna (— 13) 20 Tripita ( — 84)
3 Cakra (— 23) 21 Lekuiicika ( — 94)
4 Pretaka (— 43) 22 Pandita.
5 Sâlapuspa (— 53) 23 Hastaka.
6 Sûkarika. (24 Sarthavârsiddha-kumâra.
7 Vapusraat-kumâra (— 63) 25 Nanda.
8 Devatà -pariprcchâ-sûtra. ( ) 26 Dhàràmukha-Vajrapâni-Gopâlakalud-dhaka-damana.
9 Çuklà (— 73)
10 Hirauyapâni (— 83) 27 Stùpa.
11 Hastaka (— 93) 28 Nàgakumâra.
12 Sârthavàha (— 4) 29 Karsaka-svastika-brâhmana.
13 Praçanta-karana (— 14) 30 Yaçoràja.
14 Daeaçiras (— 24) 31 Mahakàçyapa.
15 Pretika (— 44) 32 Vidura.
16 Kanakavariia (— 32) 33 Kaineyaka.
17 Vastrapradâna (— 55) 34 Sucandra.
18 Balavat-kumâra (— 64)
1 Upagupta-Açokarâja-avadànaïu. 7 Triratnabhajanânuçamsa.
2 Upagupta. 8 Caityavratànuçamsa.
3 Açoka-daïuana. 9 Bodhicaryâvatârànuçainsa.
4 Açokaiirpati[iàineupradâna. 10 Ahorâtravratacaityasevânueainsa.
5 Kuiuda. 11 Saptakumârikà.
6 Vitaçuka. 12 Bliavalubdliaka.
13 Puṇyarâçi. 21. Râṣṭrapâla (Av.ç 90).
14 Çreṣṭhîmahâjana (Av.-ç. 10) Çakraçaci.
15 Divyânnapradâna (— 20) 23 Puṇyasena.
16 Valgusvarâ (— 30) 24 Bhavaçarma.
17 Jâmbâla (— 50) 25 Madhurasvara.
18 Ham̃sâ (— 60) 26 Padmaka.
19 Mallapatâka (— 70) 27 Durgatipariçodhanadhâranîmaṇḍalaparivartta.
28 Gargarasthâ (— 80)
1 Puiiyaprotsàliaiia k at]ià. 2 Dharmaeràvaiiapi’ot sâhaiia Ai. 3 Manusya-k. 4 ])àiia-k. 5 Puiiyakània-k. (3 Jirnoddliâranabimb ; i-k. 7 Sriâna-k. 8 Kunkuiiiàdidâna-k. Ghatradâna-k. (Av. ,
- . 10)
10 Dliâtvâvaropana-k. 11 Maiidala-k. 12 Bhojana-k. ( - 20) 13 Pâna-k. ( - 43) l’i V.islia k. (Av.-ç. ~i) 15 Pnspa k. ( — 53) 10 Piamàiia k. 17 Ujjvàlikà-k, 18 Dipa k. 1 !» Vil, ara-. ( — 15) 20 Suvariiabhaou.vatamsaka( — 61) 21 Yapusmànou Nirmàlyâya ( — 03,) 22 Gaiidana ( — 21) 23 Dâiia k. : 1" Vasti’a ( — 55) _ 2° Çivi ( — 3’i) — 3" Surûpa ( - 35) 2i Piiiiviitsàha.
Dans chacun des quatre recueils qui se présentent à nous comme ayant emprunté à l’Avadâna-Çataka une portion plus ou moins considérable des matières qu’ils renferment, ou trouve des textes qui lui sont étrangers. À moins de donner au recueil supposé primitif de l’Avadâna-çataka des dimensions colossales, en grossissant outre mesure l’appendice qui aurait renfermé les textes de la IVe décade, il faut nécessairement admettre l’existence d’un ou de plusieurs recueils parallèles. Je n’examine pas la question de savoir s’il a existé un vaste recueil primitif, qui auruit été ultérieurement divisé et subdivisé, ou si les divers recueils se sont formés peu à peu par des emprunts, des imitations, des inventions nouvelles ; je veux simplement rendre compte de l’état actuel, c’est-à-dire de l’existence d’un certain nombre de recueils semblables dénommés Avadânas, et dans lesquels on trouve souvent les mêmes récits, reproduits textuellement ou suivant une rédaction différente. Sans chercher à faire un classement général qui serait peut-être utile, je les distribue par langues. Je parlerai d’une successivement des recueils sanskrits, tibétains, chinois.
Recueils sanskrits. — Avadâna-Kalpalatâ. — Il existe un ouvrage qui est intitulé, lui aussi : Avadâna-Çataka ; et c’est uniquement à cause de cette similitude de titre que j’en parle : car c’est un recueil de Jàtakas. Or, je suis obligé de laisser de côté les Jàtakas qui forment une classe à part et dont l’examen prendrait trop de place. Le vrai titre de cet ouvrage est Bodhisattva-avadâna kalpalatâ « Branche du kalpa des Avadânas du Bodhisattva » ; il a pour auteur Xemendra et se compose de 108 textes. La première moitié du recueil est perdue ; on publie en ce moment dans la Bibliotheca Indica la moitié qui subsiste, texte sanskrit et traduction tibétaine. Quelques textes de ce recueil correspondent à des récits de la IVe décade ; mais, d’après la comparaison que j’ai pu faire de deux d’entre eux, la rédaction, comme il fallait s’y attendre, est notablement différente.
Divya-avâdana. — Le Divya-avàdana, qu’Eug. Burnouf a contribué à faire connaître par de nombreux extraits, et dont M. le professeur Cowell, avec le concours de M. Neil, a publié le texte sanskrit à Cambridge en 1880, est un recueil célèbre. Les 38 récits qui le composent ne sont pas divisés en décades ni encadrés dans un dialogue ; il ne sont pas toujours conçus dans la forme régulière que nous avons donnée comme le type des Avadànas ; il on est de forts longs et qui constituent des groupes. Une partie de ce recueil es^t en relation étroite avec l’Açoka-avadàna-màlà ; les rapprochements directs avec l’Avadàna-Çataka sont peu nombreux.
Avadâna-sâra. — Le recueil intitulé : Avadâna-sàra-samuccaya, « Accumulation de la moelle des Avadànas », connu seulement, je crois, par un Ms. incomplet de Cambridge[3], renferme 13 textes, dont 10 sont expressément dénommés Jâtaka et dont plusieurs se retrouvent ailleurs. Inutile d’insister.
Mahâ-Vasta. — L’important recueil intitulé : Mahâ-vastu-avadâna, dont M. Senart a déjà fort avancé la publication, iiont, sans doute, comme bien d’autres être rangé parmi les Avadânas. Il est fort inélaiiyé ; il s’y truuve dos ouvrages complets (comme les « Dix terres » en dix chapitres). Des 07 sections dans lesquelles il est partagé, les unes sont qualitiées Vastu m histoire », les autres Jàtaka, Vjàkarana, Sùtra ou Sùtraka ; beaucouj) n’ont pas de qualitication particulière, l’as une seulo ne porte cette qualification de Avadàna ajoutée au titre de la compilation. 11 n’est pas douteux que le mot Avadàna, pris dans son sens le ^ilus large, s’appliqui ; à la plus grande partie des textes de ce recueil ; mais peut-être était-il inutile de l’ajouter au titre ; Ma/idvastu suffisait.
Bhadra-Kalpa. — Il y a grande apparence qu’on a quelque pou abusé de ce terme Avadâna, et sa pi’ésence ne s’explique guère dans le titre du Dhadra-halpa-avadâna i[ï est, sous la forme d’un dialogue versifié entre Upagupta et Açoka, une version à certains égards originale du Mahàvagga du Vinaya-]iàli. (l’est proprement un texte de Vinaya ; ce qui vient à l’apijui de l’opinion de Burnouf. Mais, s’il est juste de le ranger dans la class ■ A’inava, il est difficile de le ranger, malgré sou titre, dans la classe Avadàna.
Recueils tibétains. — u^aqc et fou. — Je citerai tout d’abord le Dsanr/sbhm, en sankrit Danuinntho, « vSage et fou», qui occupe 208 folios dans le volume XXVIII du Mdn. , — parce que J.-.I. Schmidt en a publié le texte avec une traduction allemande intitulée : Dei-Weise uitd der Thor. Ce recueil se compose de 51 récits inégalement répartis dans 12 chapitres ; il est très populaire chez les Mongols qui rappelleul : Ulujer-ûn bthn, a Océan de conqiaraiso’. is », c’est-à-dire « (rA’adànas )> ; car le terme mongol Uh’ger doit être calqué sur le clùmAi in-yû.
Karma-Çataka. — Je piMise néanmoins qu’il faut accorder une plus grande importance au 7i.’rtrjyift-(7a^rt/i’rt qui remplit le volume XXVll (482 fol.) et déborde dans les 190 premiers folios du volume XX’III du Mdo. Il est divisé en décades ; mais le total des récits est di’ 12.’ !. chaque décade cemlireiuuit 12 récits en moyenne : ce qui n’a rien d’étonnant et est habituel dans les compilations méridionales, où le système décadaire est adopté, mais où bien des chapitres renferment un, deux, trois ou même quatre textes de Ann. g. — XIX (j plus que la dizaine. Le Karma-çataka a beaucoup de ressemblance avec l’Avadâna-Çataka. Les matières y sont classées moins méthodiquement : mais les analogies sont nombreuses ; le plus grand nombre des héros des récits deviennent Arhats. La VIIIe décade répond à la Ire de l'Avadâna-Çataka ; la Bodhi y est prédite à 11 personnages dont 4 sont communs aux deux recueils ; mais la rédaction des récits qui les concernent est autre : la IL décade ressemble, [lar cinq de ses récits, à la III" de TAvadàna-Çataka caractérisée parla prédiction de la Pratvekabodhi. Il y a, sans doute, d’autres rapprochements à faire : le premier récit de la III" décade est une autre version du récit 78 (VIII, 8) du même recueil, tandis que 1’.' suivant, le 2" de cette décade III", doit traiter le même sujet que le texte 33° du Ratna-avadàna-nu’dà ; car l’intitulé qui leur e>t commua, Kaineya, n'est pas un titre banal qui puisse s"ai>pliquer à des textes essentiellement différents^^1.
Saddharmasmṛti. — Mais qu’est-ce que les 678 folios, dans lesquels tiennent les 123 récits du Karma-Çataka, auprès des 1592 folios qu’occupe, à la fin du XXIl" volume, dans les volumes XXIII et XXIV. et au commencement du XXV" volume du Mdo, le Saddharmdsinrluupaslhànain (« Aide au souvenir de la Bonne loi ») ? J(-’ n"ai pas abordé l’étude de ce volumineux ouvrage et je ne le connais que par la description de Csoma. Le ti.’rme Avadàna ne fait pas partie du titre ; et il entre dans le recueil des éléments très divers : cependant il n’est pas douteux que l’élément Avadàna est un des principaux, ipfil s’y trouve un fort grauil nombre de récifs de cette classe, dont plus d’un doit avoir son éqidvalent dans d’autres recueils.
Recueils chinois. — Stanislas Julien, en tête des contes chinois qu’il a traduits et publiés sous le titre de « Avadànas », donne la liste suivante des ouvrages bouddhiques d’où provient une partie de ces récits :
1. Fan-mo yü kin… Comparaisons relatives aux Hraluiianes et aux (li’muns. 2. Tsien-yû... Comparaisons tirées de la llèchc.
3. Kiün-nieu pi… Comparaisons tirées des bœufs.
4. Pi-yü… Comparaisons.
5. I-yü… Comparaisons tirées de la médecine.
1 Le premier récit de la ilécaJe V^ cumljirie le» récils S )e et 97 de l’Avadriiia Çalakn ; il esl probilile nue ce n’est pis le ^eal exemple du mélange des éléments de (iliuleurs reeits dislincls. On le reirouïe dans les recueils de labiés et de c nies.
6. Tsa-pi-j/ii... Mélange de comparaisons.
7. Khieu-fsa-yû-pi... Mélange de comparaisons anciennes.
8. Pe-yu... Cent comparaisons.
9. Tchoh-kin xiuen-tsi-jji~yï’... Comparaisons rédigées d’apiès les Sùtras.
10. 0-yu-Trang--j)i... Comparaisons d’Açoka.
11. Fa-hi(ijii yij... Comparaisons tirées des Livres Bouddhiques.
J’identifie ces ouvrages avec les textes suivants du catalogue du Tripitaka chinois publié à Oxford par Bunvu-Nanjio, catalogue que je représente par l’abréviatinn Ox.
2 est un sùtra de 4 folios (Ox. 585) qui roule sur une ciunparaison ; 3 et 5, que je n’ai pas réussi à identifier, dnivont être qui’lque chose de semblable ; 1 est aussi un sùtra de 11 fulios (Ox. GOS), où il y a, semble-t-il, une comparaison avec Brahmà ; i’ sujet n’en est pas liien déterminé ; 8 est un recueil de 08 comparaisons ((.)x. l.’]64) qui ne sont pas des Avadànas, si’lon toutes les aiipai-ences. Bref, aucun de ces cinq ouvrages (1, 2, 3, 5, S), ne doit être rangé parmi les ti/xtes (jiu’ nous appelons Avadànas.
10 doit être une portion de l’Açoka-avadàna, qui n’occupe pas plus de 8 folios (Ox. 1344) ; (3, 7, 0, sont des recueils d’ Avadànas que le Catalogue d’Ox. (13G3, 1359, 1 367) appelle du nom commun de Samyukta-avadàna « Collections d’avadànas », 7 (Ox. 1359) étant un recueil formé antérieurement à (Ox. l."}03) ; 1 1 (Ox. 1353) est une des versiiins du Dliammapada et de son conunentaire. Celte série d’ouvrages rentre dans la classe des Avadànas.
A ces recueils il faut ajouter : 1 une autn ? version du commentaire du Dhammapaila le Clni-ijan -Jtii) == .Vvadàna-sutra (Ox. 1321) ; — 2" une traduction du l) :unainuko ou l)/anL ;-lun intitulée : Ilicn~ijà~in- nuen ((Histoires de sages i_’t di.’ fous » (Ox. 1322), qui [lourrait être l’original ih’ la versiun du Kandjour, si, comme l’avance Csoma, c ’tte version a ét( faite sur le chinois ; — .3" un recueil semblable aux préccklents, intitulé Tm-pao-txaii. « Trésor de joj’anx mêlés » (Ox. 1329), qui compte 121 nV.its, à peu près le nombre de ceux du Ivarma-Çataka ; mais il m ; [tarait pas que les deux recueils coïncident. Je note en passant (jue le Kl n’cit a le même titre que le 25° du Kalpa-dr.-av. (( l’Eléphant à six défenses » (ScuJdantn) ; 4" deux ouvrag.’s relatifs à ..( ;uka, ..-yu-v :(uifi (Ox. 13’i3) et A-yi(-vah-clnc(’ii (Ox. 14.59) ipii sont vraisemblablinuent des extraits uu des abréviations de l’Açoka avadâna. — Ajoutons à cette liste probablement incomplète la traduction de l’Avadâna-Çataka déjà citée, et constatons que la variété Avadâna est largement représentée dans la littérature bouddhique de la Chine. Mais, dans la plupart de ces recueils, il doit se trouver bien des récits qui ne sont pas, à proprement parler, des Avadânas.
Avadânas isolés. — Il existe un certain nombre d’Avadànas isolés, en sanskrit ; mais, ces textes se retrouvant presque tous dans les grands recueils, il n’y a pas lieu d’attaclier d’importance aux copies séparées qui en ont été faites. Les Avadânas isolés du Kandjour, à cause de la place qui hnir est donnée dans un recueil officiel, méritent de lixer d’abord l’attention ; mais quelques-uns d’entre eux figurent aussi dans les grands recueils ; tel est le Sùkarika (Mdo, XXIX, 3), dont j’ai donné la traduction dans le tome V des Annales du Musée Guirnet (pages 292-. !)) et qui fait partie du Divyaavadàna. Du reste, dans le tome II de ladite collection, j’ai donné, à la fia de l’Analyse du Kandjour, la liste ali>habétique de ces Avadânas isolés, très peu nombreux, aussi bien que des Vyàkaranas. Je ue la redonnerai pas ici. Je dirai seulement que c’est principalement sur l’existence de ces Vyàkaranas isolés du Kandjour que j( ? m’ap[iuie pour constituer la classe des Vyàkaranas comme variété de la classe Avadàna.
Je passe maintenant aux Avadânas de la littérature bouddhique du Sud.
Peta et Vimâna. — Le Bouddhisme du Sud a aussi ses Avadânas du vice et du démérite ; seulement, il ne leur a pas donné ci :’ nom d’Avadâna qu’il semble en effet réserver aux actions méritoires. Le Peta-vatthu, septième section du Khuddaka-nikàya, et qui conqite 51 textes répartis dans cinq chapitres, est bien certainement un recueil d’Avadânas dont les héros sont des héros du mal. Par contre, le Vimàna-vatthu qui le précède, étant la sixième section du Khuddaka-nikàya. est, en réalité, un autre recueil d’Avadânas qui montre les bonnes actions récompensées par l’élévation au rang de^s dieux.
Avadânas épars. — Mais les trois ouvrages que nous venons de citer ue sont pas les seuls qui représentent la classe Avadâna. Dans les commentaires de tous les textes du Tipitaka, on trouve mêlés à des explications dogmatiques et grammaticales un nombre plus ou moins grand de récits qui sont de véritables Avadânas. C’est par des extraits du commentaire du Tipitaka qu’on formera le recueil des Avadânas du Sud.
Forme des Avadânas de Sud. — Du reste, pour les ouvrages dont nous avons parlé précédemment, tels que le Peta-vatthu et le Jàtaka lui-même, c’est dans le commentaire qu’on trouve l’Avadâna. Le Texte consiste en stances détachées qui, en général, ne se comprennent que si elles sont replacées dans le récit d’où elles ont été extraites ; c’est le Commentaire qui nous fournit ce récit indispensable. Toutefois rA[iadâna fait exception ; on a pu voir, par la description sommaire que nous en avons donnée, que les textes de ce recueil sont des récits suivis. Sans doute ils réclament souvent les éclaircissements d’un commentaire ; cependant, ils se comprennent par eux-mêmes. On aura remarqué en même temps que leur ordonnance n’est pas du tout celle de nos Avadânas sanskrits ; et il y a lieu de croire que le commentaire (qui nous manque et que nous ne connaissons pas) ne les en rapproche guère. Malheureusement ils s’en éloignent encore jiar le fond autant que par la forme. Plusieurs textes de l’Apadâna ont même titre que certains de nos Avadânas et se ra})port<’nt visibliîment aux mêmes personnages ; or, les détails qui pcrmetteuit d’établir l’identification sont rares, peu précis, peu concordants, quand ils ne font pas absolument défaut. 11 en est autremi’ut du Peta-vatthu. Ce n’est pas que l’accord des détails soit toujours frappant et que l’identité des personnages saute aux jeux : la rédaction présente, en général, d’assez grandes divergences : mais au moins le plan du récit est le même ; nous avons de’vant nous de véiitables Avadânas. C’est ce que le lecteur pourra constater d’après lessi)écimens de l’Apadâna et les analyses du Peta-^•allllU qu’il truuvera dans ce volume. Je regrette seulement de n’avuir pas donné la traduction intégrale d’un au nioins des récits de ce dernier recueil.
Il me reste à fournir quelques explications sur la manière dont j’ai conçu et exécuté la présente traduction.
Le manuscrit de l’Avadâna-Çataka. — Elle a été faite sur le Ms. sanskrit, D. 152, di’ la i ;i])liutlièque nati( :)nali un des C) Mss. sanskrits cripiés au Népal par les soins d(^ M. Brian lloughton Hodgson et envoyés par lui à la Société asiati(jue di_’ Paris en 1S3T. 11 existe deux autres Mss. du même ouvrage, également dûs à AI. Hodgson, l’un à Calcutta, dans la Bibliothèque de la Société asiatique du Bengale, l’autre à Londres, dans la Bibliothèque de rindia Oftice. Depuis, il en est arrivé en Europe deux autres, qui ont enrichi la Bibliothèque de l’Université de Cambridge, par les soins de AI. llaniel Wright eu 187.3 et 1876^^1. L’un d’eux, le n" 1380, coiiié pour le collectionneur, est récent, l’autre n" 101 1, datant de 1(3 ir), peut être considéré connne ancien.
1 Ils font partie d’iiie cjllectioa coiisidéi-able de Mss. ilii Népal dont les (iremiers sont entrés à l.idite liibliotheque, en février IS’3, k’S derniers en mai 1876.
Le Ms. que j’ai eu à ma disposition est d’une bonne, je puis même dire, belle écriture Devanâgari, par conséquent, très facile à lire ; mais il est très incorrect. Les substitutions de lettres, les laeuues de 1 Itres, de mots, et quelquefois de phrases, sont uond)renses. Il y a nièine tout un récit qui a disparu. Ces fautes ne sont [las toutes ini[mtahli’s au copiste du Ms. ; la plupart se Ireuvaiont déjà dans la copie sur laqui’Ue il a f ;iit la sienne. Tour aiiprécier la nature de ces fautes, il aurait fallu comparer notre Ms. avec les autres : ce que je n’ai jiu faire. Le Ms. d(.’ Calcutta ne m’il’tait [las accessiMi’ ; et j"ai cminu trop tard rexistmic’ d’- c-’lui de Londres. J’ai bien vu à Gand)riilge, en 1S79, les deux Mss. de M. D. A’ri,uht, ce qui m’a permis de fain’ quidques constatations : mais li’ tenais m’a manqué pnui laire une collation exacti ; et complète. Je puis donc dire que j’ai été réduit à ri'm[>loi d’un seul Ms., celui de notre Bibliothèque nationale.
La traduction tibétaine. — Heureusement, j’ai trouvé, dans la traduction tibétaine du Kandjour qui est à la même Bibliothèque, un secours précieux. J’ai pu, grâce à elle, soit combler des lacunes, soit résoudre des difficultés, soit obtenir un peu de lumière sur des passages obscurs, soit constater l’impossiljilité d’arriver à un résultat satisfaisant. J’ai en mènie temps noté les diliéreiices [leu nombreuses, du re^te, et peu iin[>orlantes, qui existent entre 11’ ti’Xte du Ms. et celui du Kandjour et, par conséquent, celui sur lequel la traduction tibétaine a été faite.
Les redites du texte. — J’ai naturellement cherché à rendre h texte sanskrit avec la plus grandi’ lidelité possible, sans rien omettre ni rien ajouter. Toutefois, pour éviti’r des répétitions fastidieuses, j’ai trailuit à paît et mis en tête du recueil la traduction d’un certain nombre de développements qui reviennent souvent dans d :’S termes iilMitiques, en leur donnant un numéro c’t un intituh ré[iétés, cliaqui’ fois que ces développements se présentent dans les récits, à la place où ils s.’ trouvent. Malgré cela, il reste encore beaucoup de ré[iétitions. Il n’i'tait guère possible de traduire une fois pour toutes c-Artcn^r’ dos phrases ipie h’ texte répèle ; et j’ai ouljlié (|uelques-unes de celles qui auraient pu liguier parmi les traductions séparées. En général, j<.’ ni suis résigné à les répét ’r ; (pii’iijuefois copendant je les ai abrégées par un etc., (pii, je l’espère, ul’ généra pas le lecteur ou par un renvoi aux pages où elles ont été reproduites dans leur entier.
Chaque décade est précédée, dans le texte sanscrit et la frailncfion tibotaino, d’un « U<hh’nia )i — qui, dans les textes méridionaux, vient à la tin au limi de venir en tête du ehapitre, — sim[)le liste de titres des récits composant la décade, aup-nientée quelquefuis d’un intitulé général. Je ne donne pas la traductien de ces Uddânas ; mais je signale les particularités qu’ils peuvent présenter et les variantes de titres qui s’y rencontrent ; car les récits de tous ces recueils ont souvent plusieurs titres, et il n’est [las rare de voir celui qui est donné à ti’l nu t^l récit remplacé par un autre dans l’Uddâna final ou initial.
Je pense que cette lacune n’est pas grave et qu’elle est remplie avantageusement par les « Préambules ».
Préambules et Résumés. — J’ai mis, en tête de chaque décade, un petit préaudjule dans lequel j’ai résumé les données principales des récits qu’elle contient et cherché à en déterminer le caractère ; j’ai de plus ajouté, à la suite, une liste alphabétique des héros des récits avec la mention des priucijiaux traits qui les distinguant. Les récits portent tous deux numéros : celui qu’ils ont dans leurs décades respectives (de 1 à 10) et celui qu’ils ont dans l’ensemble de la collection (de 1 à 100).
Notes. — Les notes mises au bas des pages ont généralement trait aux difficultés d’interprétation. En revoyant mon travail, au cours de l’impression, j’en ai supprimé quelques-unes, mais j’ai cru ne pouvoir me dispenser d’en ajouter quelques autres. J’ai fait mon possil)le pour n’en mettre ni trop lu trop peu ; je ne sais si j’ai réussi.
Rapprochements et remarques. — Les remarques et les rapprochements auxquels les récits peuvent donner lieu ont été placés à la suite de chacun d’eux sous ce titre : Rapprochements et remarques. — J’ai dû nécessairement restreindre cette partie qui aurait pu grossir démesurément le volume. La partie principale de ces « llapiiruchements et remarques » est l’analyse assez étendue, je n’ose dire complète, des récits correspondants des recueils congénères. Pour ceux du Kalpa-dr.-av., du Ratna-av. et du Dvâvimçati-av. , j’ai fait mesanalysessurlesMss.de la l !n}lint !K’que (Sk. U. 124,104, 118) qui sont aussi d’une très bonne main et que j’ai coiiiés pour mon usage aussi bien que l’Avadâna -Çataka. Pour l’Açoka-avadâna-malâ, n’ayant malheureusement pas prutité du Ms. qui était à ma portée, j’ai simplement recueilli les indications données par M. Bendall ; et encore, faute d’avoir noté à temps ces rapprochements, j’ai dû les rejeter à la tia do la tiadiiction dans un Appendice.
À ces rapprochements, qui s’imposaient, j’en ai ajouté d’autres, moins ndispensables, et auxquels je n’avais pas pensé tout d’abord, puisés dans le Tipitaka pâli. J’ai donn( l’analysi’ ou la ti’aductiou de plusieurs textes empruntés tant à l’Apadâna qu’au Petavatthu et au Dhanniiapada. Regrettant de n’avoir pas doinié [ilus d’ampleur à ces RapprochenK^nts qui, cependant, doivent avoir une limite, j’ai ajouti. dans l’Appendice dont je parlais tout à l’heure, la traduction d’un texlc du Divya-Avadâna et d’un récit du Karma-çataka, pour que ces inq^orlanfcs compilations soient représentées au moins par un spécimeu dans le présent recueil d’Avadânas.
En dehors de ces deux éléments, les « Rapprochements et remarques » contiennent peu de chose. Ce n’est pas qu’il n’eût été possible d’y mettre en abondance des observations et des discussions de toute nature ; mais cela eut été en dehors du plan que je m’.'tais tracé, < t, d’ailleurs, il fallait se borner.
Trois index. — Pour compléter ce volume par des Tables qui rendent la lecture plus agréable ou les recherches plus faciles, j’ai ajouté : 1° un Index des Noms propres, dans lequel clu^iue nom est accompagné d’une notice qui résume ou doit résumer tout ce qui se rajijKjrte à ce nom ; — 2" un Index des Mots sanskrits, où j’ai tâché de compléter quelquefois les renseignements fournis par la traduction ; .3" un Index français, un peu sommaire, mais qui a seulement pour objet de mettre en lumière les point-^ les plus dignes d’attirer l’attention.
Esprit du livre. Neutralité. — Je finirai celte introduction par une remarque sur les signes des tenq>s. Ci’ volume parait dans un moment où régne une sorte de propagande bouddhique, où le Bouddhisme jouit d’une espèce de faveur. Je crois devoir déclarer que je ne suis point Bouddhiste ; je ne le suis à aucun degré, ni Bhixu, ni Upasàka ; je ne le suis d’aucune manière, ni à l’asiatique nia l’européenne ; et mes regrets du retard que l’apparition de ce volume à subi S(Maient au.iimentés si l’on pouvait croire qu’il est destiné à servir la propagande bouddhique. Ce que j’ai dit dans la Préface sufdt à démontrer qu’il n’en est rien, puisque mon travail est fait depuis plus de dix ans ; et jo n’entends nullMuiMit bu donm ;rL’ caractère qu’on pourrait supposer. D’ailleurs on me permettra de dire que je ne prends pas le Bouddhisme européen et surtout le Bouddhisme parisien au sérieux. Je suis donc absolument étranger au mouvement bouddhiste, si « mouvement bouddhiste » il y a. Je ne fais pas ici autre chose que de livrer au public des documents, et mon unique souci est de les lui communiquer avec la plus grande fidélité et la plus grande sincérité possible. Car, si je ne seconde pas le « mouvement bouddhiste », je ne le combats pas non plus ; je suis à côté, et en dehors. J’ai pu commettre des erreurs, je n’ai pas, en plus d’une circonstance, dissimulé mes incertitudes ; mais je ne crains pas d’affirmer qu’un ne trouvera point, dans ce volume, un seul mot qui puisse être considéré comme appartenant à un plaidoyer pour ou contre le Bouddhisme, et qui aille à l’encontre de l’impartialité recommandée par le précepte inscrit au frontispice de ce volume :
Examiner toutes choses, retenir ce qui est bon.
- ↑ Annales du musée Guimet, V, p. 133-138.
- ↑ Le 16e récit répond au 32e de l’Avadâna-çataka, c’est-à-dire au 2e de la IVe décade ; seulement il reproduit une autre version ; c’est donc une correspondance imparfaite. Je le note avec un point d’interrogation.
- ↑ Add. 598. Voir Bendall. Catalogue, p. 134-35.