Autres balades, Texte établi par Maurice RoyFirmin Didot (p. 208-209).


II[1]


[Éloge de Charles d’Albret.]


Or est Brutus ressuscité,
De qui Bretaigne fu nommée,[2]
Et qui de Romme la cité[3]
Fu consule, et qui mainte armée
Fist en son temps, et tant fu sage,
Preux, vaillant et plein de bernage,
Qu’a tousjours renom en remaint,

Et tant fa après sa mort plaint ;[4]
Charitable le fist Dieux naistre
Si com tous vaiilans doivent estre.

De cil Brutus est recité
Maint hault bien pargrant renommée ;[5]
Les dames en adversité
Confortoit, ne par lui blasmée
Ne feust de fait ne de langage
Femme ; ainçois qui feist oultrage
Aux dames, par lui fust estaint
Le méfiait et le bien attaint ;
Leur champion fut en tout estre,
Si com tous vaiilans doivent estre.

Or l’ensieult par grant charité
Charles d’Alebret, qui amée
A la voie de vérité,
Dont ja partout est voix semmée
De lui et de son vacelage,
Pour dames garder de dommage ;
Se de tort nulle se complaint,[6]
Veult estre, sanz avoir cuer faint,
Leur deffension et main destre,
Si com tous vaiilans doivent estre.

Au bon Brutus de hault parage
Retrait Charles, car d’un lignage
Descendirent, ce scevent maint,
C’est des Troyens qui furent craint ;
Pour ce ensuivant est son ancestre[7]
Si com tous vaiilans doivent estre.

  1. II. — La 3e ballade dans B
  2. 2 A1 Du quel
  3. — 3 B Qui puis
  4. II. — 8 B Qui
  5. — 12 B M. beau fait
  6. — 27 B Se de t. aucune se plaint
  7. — 35 A1 P. ce est suivant s. a.