Les Ailes d’or : poésies nouvelles, 1878-1880Bibliothèque-Charpentier (p. 135-136).

AUBADE FAMILIÈRE

Des bords vermeils du ciel changeant
Voici que la clarté ruisselle
Et que la rosée étincelle
Partout, en poussière d’argent.
— Quand sur la bruyère endormie,
Tu poseras ton pied mutin,
Toutes les splendeurs du matin
S’éveilleront, pour t’adorer, ô mon amie !

L’alouette dans le ciel clair,
Au bord du toit les hirondelles,
Partout un frémissement d’ailes
Met un frisson joyeux dans l’air.
— Quand près de la source endormie
Tu viendras parmi les roseaux,
Toutes les chansons des oiseaux
S’éveilleront, pour te chanter, ô mon amie !

Des bois qui bordent le chemin
Monte et se répand sur la plaine
Un souffle où se confond l’haleine
De la violette et du jasmin.
— Quand sous la feuillée endormie,
Nous marcherons d’un pas discret.
Tous les parfums de la forêt
S’éveilleront, pour t’embaumer, ô mon amie !