Au fait, au fait !!! Interprétation de l’idée démocratique/Introduction


On me dit que c’est pour mon bien qu’on me gouverne ; or, comme je donne mon argent pour être gouverné, il s’ensuit que c’est pour mon bien que je donne mon argent, ce qui est possible ; mais ce qui mérite néanmoins d’être vérifié.

Outre, d’ailleurs, que nul ne peut être plus familier que moi avec les moyens de me rendre heureux, je trouve encore qu’il est étrange, incompréhensible, antinaturel, extra humain, de se dévouer au bonheur de gens qu’on ne connaît pas ; et je déclare que je n’ai pas l’honneur d’être connu des hommes qui me gouvernent.

Il est juste dès lors de dire, qu’à mon point de vue, ils sont vraiment trop bons, et, enfin, quelque peu indiscrets de se préoccuper autant de ma félicité, alors, surtout, qu’il n’est point prouvé que je sois incapable d’en poursuivre moi-même la réalisation.

J’ajoute que le dévouement implique le désintéressement, et que les soins officieux n’ont le droit d’être incommode qu’à la condition de ne rien coûter. Je suis trop bien appris pour discuter ici une question d’argent, et me préserve Dieu de mettre en doute le dévouement, et, par contre, le désintéressement de nos hommes d’État. Cependant je demande la permission d’attendre, pour leur exprimer ma gratitude, que les délicates attentions dont ils daignent m’entourer coûtent moins cher.

Toulouse, le____________________ 1848.