Au clair de la dune/Pleins battus

Théo Hannon ()
Dorbon aîné (p. 60-62).

XXVI

PLEINS BATTUS

« La saison de Machin-sur-Chose bat son plein. »
Les Journaux.


Voici s’exaspérant l’exode
Des prisonniers de nos cités
Par les vacances excités.
Gratte ton luth, pauvre rapsode !

Au doux coin qu’un rêve estompa,
Que chacun désormais prétende :
Les uns se salent vers Ostende,
Les autres se ferrent à Spa.


Avec véhémente allégresse
Dans quelque petit trou pas cher,
D’autres s’en vont durcir leur chair
Où fondre leur excès de graisse.

Emportant chien, bonne, poupart,
Le citadin quitte son home ;
L’époux avec l’épouse part,
La femme file avec son homme.

Les chemins de fer sont lestés
De la foule cosmopolite
Des voyageurs moins attristés
Que feu les coursiers d’Hippolyte,

Lors, secoué par le wagon,
On vole vers l’éden paisible…
Déjà monsieur est moins bougon,
Madame n’est plus irascible.

Le train a beau siffler, moqueur,
Les bienheureux touristes roulent
Vers un nouveau printemps du cœur
Où les soucis d’hier s’écroulent…


Puis, devant la mer, le mari :
« Que d’eau. » Sa bourgeoise étonnée
Mais nature, pousse ce cri :
« Dieu, quelle belle savonnée !! »