Au clair de la dune/Marine sentimentale

Théo Hannon ()
Dorbon aîné (p. 22-23).
◄  Revanches
Pieuvre  ►

VIII

MARINE SENTIMENTALE


J’ai vu la mer, j’ai vu la mer immense et blonde
Elle étalait sa nappe au large horizon gris
Et l’on eut dit, là-bas, le firmament et l’onde,
Deux lèvres de géant closes dans un souris.

Au soleil emperlant son dos frangé, la vague
S’en venait se rouler sur le sable étoilé
De coquillages blancs où dort la plainte vague
De quelque néréïde à l’amour envolé.


La mouette rayait, grise, le flot qui gronde…
J’ai vu la mer, j’ai vu la mer immense et blonde
Elle poussait vers moi son grand rugissement.

Mais sa voix ne saurait étouffer dans mon âme
L’inoubliable et doux et long bruissement
Du chaud baiser d’adieu de sa lèvre de flamme.