Hyacinthe Caillière (p. 44-45).


LA MOTTE


Sous la féodalité, on élevait près des châteaux et des manoirs des seigneurs, des buttes de terre ou mottes, comme indice et marque de la puissance seigneuriale. Une éminence de ce genre se trouvait anciennement comprise dans l’enceinte de l’abbaye de Saint Georges.

En 1420, Jean V, duc de Bretagne, ayant fait procéder à l’exécution des travaux de la seconde enceinte de la ville de Rennes, la Motte à Madame, comme on l’appelait en souvenir de la haute juridiction de l’abbesse de Saint-Georges, resta en dehors de cette enceinte.

En 1785, la Motte fut entourée d’une murette et en 1789, l’architecte Abeille dressa un plan de création de promenade sur cet emplacement. Une terrasse inférieure, dite Petite Motte, à laquelle on accédait par un escalier, fut ajoutée à la promenade. Cette dernière partie disparut en 1825, lors de l’ouverture de la rue Charles X (rue Victor Hugo), et fut remplacée par l’escalier monumental descendant à la rue de Paris.


Porteur d’eau devant la promenade « La Motte »

La Motte possédait une ancienne plantation d’ormeaux de très belle venue. Ceux qu’on y voit aujourd’hui datent de 1836.

L’étendue de cette promenade a été réduite par les travaux d’amélioration de la place de la Préfecture et de la rue de Belair. Elle le sera encore davantage, à une époque plus ou moins éloignée, pour l’élargissement de la rue qui la longe dans sa partie Ouest.

Cette promenade est d’ailleurs bien abandonnée aujourd’hui.

Au sud de la Motte se trouve le vieil hôtel Cuillé qui fut, le 2 Juin 1788, le théâtre de la scène la plus émouvante de nos annales parlementaires :

« Le Palais de Justice ayant été fermé par les ordres de M. de Thiard, commandant militaire à Rennes, le Parlement, auquel il avait été défendu de siéger, se réunit quand même à l’hôtel Cuillé, qui est aussitôt cerné par la troupe. Malgré cela, la Cour délibère avec calme dans le salon qui aboutit à la Motte, d’où l’on entend les cris du peuple aux prises avec les soldats.

« Soudain, M. de Melesse, grand prévôt de la province, envoyé par M. de Thiard, notifie au Parlement 48 lettres de cachet émanant du roi. Les magistrats indignés, cèdent devant la force, tout en protestant de la façon la plus énergique contre la violence déployée à leur égard. Ils quittent tous l’hôtel Cuillé aux acclamations de la foule, qui les accompagne jusque chez eux. »