Hyacinthe Caillière (p. 75-77).


KERGUS


En 1746, l’abbé de Kergu fonda à Rennes, avec le concours de M. de la Rive, une maison d’éducation pour les enfants des gentilshommes pauvres de Bretagne. L’établissement fut d’abord créé pour trente jeunes gens ; mais plus tard les États de Bretagne et les dons particuliers permirent d’y fonder de nouvelles bourses. Louis XV approuva la création de cette maison par lettres patentes de 1748 et permit de prendre dans sa forêt de Rennes, le bois nécessaire à la construction de l’édifice qu’on désigna sous le nom d’Hôtel des Gentilshommes.

La création de cet hôtel, fut chaudement encouragée par les états de Bretagne qui contribuèrent à son entretien et à son extension par de nombreuses subventions prises sur leur budget particulier. (De même à chaque tenue un certain nombre de bourses de 1200 à 2000 livres étaient attribuées à des gentilshommes sans fortune, nombreux en Bretagne, et qui sans ces allocations n’auraient pu venir prendre part aux délibérations des États).

Le nom de Kergus a été donné par erreur à l’ancien Hôtel des Gentilshommes.

Les familles de Kergu et de Kergus formaient en Bretagne deux maisons distinctes, et le fondateur de l’établissement est Jean-François-Jacques de Kergu, né le 1er novembre 1713 à Landebia, ancienne paroisse de l’évêché de Dol, et décédé à l’hôtel des Gentilshommes le 14 Février 1783. L’abbé de Kergu fut enterré à Lorette, près Quineleu, dans une propriété dont il avait fait l’acquisition de concert avec l’abbé de la Rive, son zélé coopérateur, pour servir de maison de campagne aux pensionnaires de l’Hôtel des Gentilshommes.

Nous avons lu quelque part que Châteaubriand fut quelque temps pensionnaire à Kergus.

On ne recevait dans cet établissement aucun enfant qui ne fût noble et pauvre.

Ces deux conditions étaient requises. La pauvreté se prouvait par l’attestation de l’évêque diocésain et de deux gentilshommes désignés dans chaque évêché. Quant à la noblesse, elle se justifiait par les anciennes réformations ou tout au moins par celle de 1668. L’âge de réception était de sept à douze ans. Dès que les jeunes gens avaient atteint la classe de sixième, ils allaient étudier aux collèges de la ville. Aux études ordinaires, on joignait tout ce qui pouvait concourir à leur donner une éducation complète : l’histoire, le blason, le dessin, la géographie, les fortifications et la navigation. Les élèves étaient tous nourris de la même façon et étaient vêtus, les laïques d’un habit blanc avec des boutons en cuivre doré, et ceux qui se destinaient à l’état ecclésiastique d’un vêtement noir.

La Révolution fit disparaître cette institution et, depuis cette époque, l’Hôtel des Gentilshommes a été transformé en caserne qui porte le nom de Caserne Kergus.