Au Pays de Rennes/Le Champ de Mars

Hyacinthe Caillière (p. 77-78).
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LE CHAMP-DE-MARS


Le Champ-de-Mars n’est séparé de la caserne Kergus que par le boulevard de la Liberté. Voici son histoire :

Les sécheresses extraordinaires de 1720, 1722 et 1723 obligèrent la ville de Rennes à rechercher les moyens de se procurer des eaux potables, et la municipalité fit creuser à cet effet, en 1724, un puits au pied d’une butte, dans les prairies dites de Beaumont appartenant à la communauté des Carmes.

Plus tard, en 1785, notre ville ne possédant pas de promenade, le Comte de Montmorin, gouverneur de Bretagne, s’entendit avec la municipalité pour en créer une, sur la hauteur qui dominait le puits. La butte fut écrêtée, des allées furent tracées et on planta des ormeaux. Cette promenade qui s’étendait depuis le chemin dit de Lorette jusqu’au bas chemin conduisant à la ferme de Beaumont, reçut le nom de Terrasse des champs de Montmorin.

La prairie de Beaumont située entre la promenade et les douves qui entouraient les murs (occupées aujourd’hui par le boulevard de la Liberté) devint à l’époque de la Révolution, par suite de la confiscation des biens des Carmes, une propriété nationale. Ce fut dans cette prairie qu’eut lieu, le 22 Mai 1790, la fête de la Fédération.

Un décret de 1802 prescrivant la création d’un Champ-de-Mars dans toutes les villes ayant une garnison, Rennes donna ce nom à la prairie de Beaumont.

En 1811 la ville vota les fonds nécessaires pour l’exécution des travaux de nivellement et aussi pour mettre en bon état le chemin conduisant au puits.

En 1819 la butte de Montmorin fut prolongée jusqu’à la ferme de Beaumont, et l’on planta une allée de marronniers tout le long de la partie Ouest du Champ-de-Mars.

L’établissement des lignes de chemins de fer au sud de la ville, la construction de la gare de Rennes, ainsi que l’ouverture de l’avenue qui y conduit, ont permis de compléter le Champ-de-Mars tel qu’il existe aujourd’hui.

La butte actuelle a été replantée ; le boulevard Magenta a remplacé avantageusement un ruisseau et des masures sordides, et la suppression de l’allée des marronniers a mis en communication directe la caserne du Colombier avec le Champ-de-Mars.