Tolra et M. Simonet, éditeurs (p. 67-81).



IV

l’homme n’est jamais content



I l était dix heures du soir. Une foule brillante et compacte se pressait dans les salons de l’hôtel de Navailles, splendidement décorés d’arbustes et de gerbes de fleurs.

De tous côtés, les invités causaient avec animation et le thème des conversations était partout le même : la résurrection du comte de Navailles. Car, dans le monde, un homme ruiné est un homme mort. C’est à peine si, quelques mois après sa débâcle, on prononce encore son nom.

La rentrée triomphale du comte dans la société surprenait donc au plus haut point. Pendant un an il avait complètement disparu, et tout à coup, sans que l’on s’y attendît, l’hôtel de Navailles avait rouvert ses portes. Bien plus, on parlait d’un voyage dans un pays merveilleux où l’or se trouve à fleur de terre. Hâtons-nous de dire que cette version, comme tout ce qui est vrai, rencontrait un certain nombre de sceptiques. Parmi ces derniers se trouvait le marquis de Liserot, jeune homme d’un blond fadasse, aux traits fatigués, le cou serré dans un haut faux-col qui lui donnait l’air de ces prisonniers chinois que l’on promène dans les rues, la cangue au cou.

— Pour ma part, disait-il d’un ton railleur, je ne crois point à cette histoire de contrée dorée. On ne fonde pas facilement une société minière, et je sais pertinemment que le comte était, il y a un an, dans l’impossibilité absolue de se procurer les capitaux nécessaires à l’exploitation d’une mine d’or.

— Cependant, répondit le baron de Versac, homme d’un certain âge, la fortune de notre ami est rétablie, et à moins qu’il n’ait employé des moyens que la loi réprouve…

— Qui vous parle de cela ? reprit le marquis. Je vous dis seulement que je ne crois pas à l’histoire que chacun colporte.

— L’évangile dit : Ne jugez pas témérairement. Or, en ce moment, vous me semblez très disposé à faire, sur le compte de M. de Navailles, des suppositions fort désobligeantes pour son honneur.

— Pourtant, vous avouerez que l’on ne trouve pas ainsi, en se promenant, une vingtaine de millions.

— Sa fortune est-elle aussi considérable ? demanda le baron, étonné à l’énoncé de ce chiffre.

— C’est du moins ce que l’on suppose.

Ce spécimen des conversations qui se tenaient dans tous les groupes prouve assez que la nouvelle fortune du comte avait excité la jalousie et envenimé les langues, ce qui n’empêchait point les lèvres de sourire gracieusement à M. de Navailles qui, accompagné de son ami Charles Vernier, circulait en distribuant des poignées de mains et adressait à chacun de ses invités un mot aimable.

Quant à l’officier de marine, ne connaissant que peu de personnes dans cette réunion mondaine, il suivait machinalement son ami, plus ennuyé que joyeux dans ce milieu frivole. Le rude marin eût cent fois préféré se trouver à bord, parmi ses anciens camarades, que dans ces salons où son oreille avait déjà surpris quelques-uns des propos malveillants qui circulaient relativement à la nouvelle situation du comte qui, ne se doutant de rien, semblait marcher dans un rêve, recueillant les sourires que l’on prodigue toujours au Veau d’or, qu’il personnifiait en ce moment, car les suppositions les plus fantaisistes étaient émises sur la fortune qu’il avait rapportée de son lointain voyage et on la décuplait volontiers. D’ailleurs, la magnificence déployée pour cette soirée donnait assez raison à cette rumeur.

À minuit, les invités commencèrent à se retirer, mais non sans avoir comblé M. de Navailles, les hommes de poignées de mains, les dames d’aimables et plus ou moins sincères compliments ; et lorsque le jeune homme se trouva seul avec son ami, il fixa sur lui un regard radieux.

— Eh bien ! lui demanda-t-il, que penses-tu de ma soirée ?

— Je pense que tu as dépensé beaucoup d’argent bien inutilement, répondit froidement Charles Vernier.

— Ah ça ! deviens-tu fou ?…

— Pas le moins du monde. Tu me demandes mon avis, je te le donne, voilà tout.

— Ainsi, tu trouves que j’ai payé trop cher les témoignages de sympathie que j’ai recueillis ce soir et qui m’ont prouvé que, quoique absent, on pensait toujours à moi ?

— Aveugle, qui ne veut voir que ce qui peut flatter sa vanité, dit Vernier en haussant les épaules.

— Ma foi ! dit le comte avec humeur, je ne comprends rien à ta sortie que je n’hésite pas à qualifier d’étrange, pour ne pas dire intempestive.

— C’est que, plus indifférent que toi, j’ai vu, ce soir, autre chose que les sourires de commande qui ont si fort chatouillé ton amour-propre.

— Et qu’as-tu vu ?… voyons, raconte-moi cela, dit le comte en s’allongeant nonchalamment sur un canapé.

— Vu n’est pas exact ; je voulais dire entendu.

— Alors qu’as-tu entendu ?

— Des propos qui, si tu les avais remarqués comme moi, t’eussent fait monter au front le rouge de l’indignation.

— Explique-toi plus nettement, s’écria le comte en se dressant d’un bond… D’abord, quel est le misérable qui a osé tenir sur moi des propos injurieux ?

— Que veux-tu lui faire ? demanda tranquillement Vernier.

— Je lui ferai rentrer ses paroles dans la gorge ! s’écria M. de Navailles, hors de lui.

— Eh bien ! répondit Vernier, de plus en plus calme, extermine donc tous tes invités car il n’y avait qu’une voix pour suspecter l’origine de ta fortune.

— Enfin, que disait-on ?

— Rien de positif… des insinuations.

— Et je n’ai rien entendu !…

— Tu étais bien trop occupé à écouter les fadaises et les compliments banals que l’on te débitait, pour entendre autre chose.


Et je n’ai rien entendu !


— Mais alors j’ai été parfaitement ridicule !

— Assez comme cela, dit Vernier en souriant… Quand on veut être encensé, il en résulte toujours quelques désagréments… Je t’avais pourtant donné de bons conseils, mais tu n’as pas voulu les suivre… Te les rappelles-tu seulement ?

Et comme le comte se taisait, pâle de colère et les dents serrées, il continua :

— Lorsque tu eus racheté ton hôtel, que te dis-je ? Que tu devrais renoncer à ta folle existence d’antan et tenir noblement ton rang dans le monde où ta fortune reconstituée te marquait une place… Dans quelque temps, tu eusses épousé une jeune fille de bonne noblesse, car les gens de ta caste tiennent à ces sortes de principes. Au lieu de cela, tu t’es mis à courir les salons et les clubs, racontant à tous notre expédition qui, à force de passer de bouche en bouche, a fini par être considérée comme invraisemblable. On est venu chez toi, ce soir, par pure curiosité, et tout en mangeant tes sandwichs au caviar et en buvant ton champagne, on ne tarissait pas en calomnies sur ton compte… J’ai même vu le moment où l’on allait te soupçonner d’être chef d’une bande de brigands, ajouta Vernier en riant.

— Tout ce que tu viens de me dire est bien vrai, n’est-ce pas ? fit le comte en posant ses mains sur les épaules de son ami.

— Je t’en donne ma parole d’honneur ! fit gravement ce dernier.

— C’est bien, dit le jeune homme en marchant d’un pas agité par le salon.

— Maintenant, que comptes-tu faire ? interrogea Vernier, inquiet de cette nervosité.

— Ce que je compte faire ! s’écria le comte, d’un ton véhément… Demain, nous partirons pour Fixin, où se trouve mon château, que mon notaire a racheté il y a quelques jours ; je mettrai ordre à quelques affaires et…

— Et ?…

— Et nous retournerons au Youkon. Mais, cette fois, je rapporterai tant d’or que j’en aurai suffisamment pour étouffer les envieux sous le poids de mon luxe… Ah ! l’on me calomnie !… Avant deux ans, tout ce monde là sera à genoux devant moi !

Vernier éclata de rire

— C’est tout ce que tu trouves comme vengeance ? fit-il lorsque son hilarité fut calmée.

— Mais… fit le comte interdit.

— Tes paroles n’ont pas le sens commun !… Tu es en butte à la jalousie, et pour imposer silence à ce démon qui engendre tous les vices, tu ne trouves rien de mieux que de l’exciter davantage !…

— Tout ce que tu me diras ne changera rien à ma détermination.

— Après ton Iliade, tu veux ton Odyssée !

— Raille tant que tu voudras, je retournerai là-bas…

— Ainsi, dit tristement Vernier, mon sacrifice n’aura servi à rien.

— De quel sacrifice parles-tu ?

— Combien y a-t-il de temps que, dans cet hôtel même, je te promis de t’aider à reconstituer ta fortune ?

— Quatorze ou quinze mois.

— As-tu jamais entendu dire que l’on accordât aux soldats de pareils congés ?

— Que veux-tu dire ?… Voyons achève.

— Je veux dire que, le ministre de la marine ayant refusé de prolonger mon congé, j’ai donné ma démission, c’est-à-dire renoncé à une carrière qui me plaisait par-dessus tout.

— Mais c’est de la folie ! s’écria le comte en proie à une véritable émotion.

— Le refus de mon chef me mettait dans la nécessité de déserter ou de quitter la marine, car je voulais à tout prix t’empêcher de mettre à exécution ton funeste projet. Or, aujourd’hui que, par l’abnégation dont j’ai fait preuve, tu es redevenu ce que tu étais autrefois, c’est-à-dire riche et heureux, du moins je le croyais, tu viens me dire : ce bonheur ne me suffit pas… Malheureux ! tu ne comprends donc pas que tu veux porter un défi à Dieu qui déjà t’a sauvé une fois !

Le comte était atterré. Ce qu’il venait d’apprendre le bouleversait. Un homme avait trouvé dans son amitié la force de briser volontairement une carrière qu’il aimait et qui s’annonçait comme devant être brillante. Ce sublime dévouement trouvait enfin un écho dans son cœur.

D’un bond il fut au cou de son ami.

— Pardonne-moi, lui dit-il, mais j’ignorais cela.

— Fais donc en sorte que je ne regrette pas la résolution que j’ai prise, car ce n’a pas été sans souffrir beaucoup que je m’y suis décidé.

— Dès demain, nous nous rendrons à mon manoir, et là, loin du monde, mes pensées s’apaiseront… Maintenant que je connais le tribut que tu as payé à l’amitié, qui nous lie, sois certain que je ne serai pas en reste avec toi.

Le lendemain, les deux amis, accompagnés du fidèle Valentin, montaient dans le train qui devait les emporter vers la Bourgogne.

Prévenu de leur arrivée, les bons paysans de cette jolie contrée avaient organisé une petite fête pour saluer l’héritier des comtes de Navailles, qu’ils avaient pensé perdre à jamais le jour où le château avait été vendu.

Quand la voiture qui amenait les voyageurs de la gare arriva en vue du château, un groupe de jeunes filles offrit au comte un superbe bouquet, tandis que trois violons faisaient entendre leurs plus joyeux airs, et que les paysans criaient à pleins poumons :

— Vive monsieur le comte !

Cette réception, à laquelle il s’attendait si peu, toucha profondément le cœur du frivole jeune homme. Les cris des vignerons, les robes blanches des jeunes filles, les senteurs printanières, tout cela parlait délicieusement à l’âme ; aussi, le comte se demanda-t-il sérieusement si ce bonheur champêtre, si simple et si doux, n’était point préférable à tout ce qu’il avait rêvé.

Pour remercier les villageois, le comte fit organiser immédiatement des réjouissances dans la cour du château, et ce fut lui qui, après le souper, ouvrit le bal au son des violons, dont les braves musiciens jouaient avec plus d’entrain que d’accord.

Vernier était enchanté de son ami, qui semblait prendre un plaisir extrême à se retremper au souffle de cette calme et ravissante nature. Mais, hélas ! cet accès de sagesse ne dura pas, et le comte ressentit bientôt les atteintes de l’ennui. Huit jours s’étaient à peine écoulés, qu’il regrettait Paris, seul endroit où, selon lui, il fut possible de vivre.

Puis ce furent des allusions à un nouveau voyage au Youkon.

Vernier laissa passer, sans les relever, ces allusions plus ou moins claires ; mais il dut enfin répondre catégoriquement, et voici à quelle occasion :

Un jour que le comte avait prié à dîner le vieux curé du village, qui l’avait connu tout enfant, il déclara nettement que l’oisiveté lui pesait et que l’existence champêtre lui semblait dénuée de distractions.

— Mais, monsieur le comte, lui dit le curé, que ne vous occupez-vous à administrer vos biens ? Vous êtes rentré en possession de vos vignobles, qui sont considérables, gérez-les vous-même.

— Je n’entends rien à la culture de la vigne, répondit en riant le comte… C’est là besogne de vilain.

— Qu’entendez-vous par vilain ? demanda tranquillement le prêtre, comme s’il n’eût pas compris.

— Les paysans… les…

— Les gens qui vous nourrissent, interrompit vivement le vieux curé.

— Monsieur le curé !… s’écria le jeune homme.

— Peut-on désigner autrement ceux dont la sueur féconde la terre pendant que vous jouissez de l’or qu’elle vous procure ? reprit le prêtre… S’il existe une caste de privilégiés, c’est que Dieu l’a voulu ainsi, mais il ne s’ensuit pas que les favoris de la fortune soient d’une pâte autre que les déshérités… Pardonnez-moi, mon ami, de vous parler ainsi. J’ai peut-être été un peu vif, mais je vous aime beaucoup et il m’est pénible de vous voir professer des idées qui ne sont plus de mode. Tous les hommes sont égaux devant Jésus-Christ, sachez-le, et parmi les vilains, dont vous parlez si dédaigneusement, il est plus d’un homme de génie qui, s’il était connu, deviendrait la gloire de son pays. Croyez-moi, juger plus sainement les hommes et les choses, et vous vous en trouverez bien.

— Bravo ! monsieur le curé, s’écria Vernier. Vos paroles sont l’écho de celles que je lui fais entendre depuis longtemps, et je suis heureux que vos cheveux blancs soient venus à mon aide, car mieux que moi vous êtes apte à faire pénétrer la vérité dans une cervelle bourrée de préjugés.

— Deux contre moi ? dit le comte en esquissant un sourire contraint.

— Eh ! non, pas contre toi, mais bien pour toi, car c’est dans ton intérêt que nous te parlons ainsi… Tenez, monsieur le curé, voilà un gaillard à qui j’ai retiré un pistolet de la main au moment où il allait se brûler la cervelle…

— Oh ! fit le prêtre avec un mouvement d’horreur, tandis que le comte rougissait jusqu’au blanc des yeux.

— Après l’avoir désarmé, je lui ai dit : tu veux mourir parce que tu es ruiné : viens avec moi, et dans un an tu auras reconstruit ta fortune. Cela pouvait sembler un rêve, n’est-ce pas ? pourtant j’ai tenu ma parole. Eh bien ! au lieu de remercier Dieu qui nous a manifestement protégés, au lieu de jouir en paix des deux millions que je lui ai donnés, il ne songe qu’à une chose : retourner au pays de l’or… Ne t’en défends pas, ajouta-t-il en voyant son ami faire un geste de protestation, car j’ai parfaitement compris tes allusions depuis que nous sommes ici. Autrefois, deux millions te semblaient l’idéal, car c’était à peu près ce que tu avais dilapidé ; aujourd’hui, ils ne te suffisent plus : il t’en faut dix, vingt, cinquante, peut-être… Tiens, je regrette presque ce que j’ai fait pour toi, car je crains bien de t’avoir mis au cœur la soif de l’or.

— Ne regrettez rien, dit vivement le prêtre, car vous avez empêché votre ami de commettre une action abominable !

— Mais, monsieur le curé, vous ne comprenez donc pas que, s’il persiste dans ses idées, je devrai l’abandonner à son sort, et, alors, Dieu seul sait ce qui arrivera.

— Mon cher Charles, dit froidement le comte, que tu m’accompagnes ou non, je retournerai au Youkon. Tout ce que monsieur le curé et toi venez de dire est fort beau, mais rien, tu m’entends bien, rien ne me fera renoncer à mon projet.

— Ingrat ! dit Vernier.

— Non, je ne suis point un ingrat et tu sais fort bien que mon affection pour toi est aussi profonde que ma reconnaissance, mais j’ai sur le cœur ce que tu m’as dit à Paris, la nuit qui a précédé notre départ pour ce château. Je veux que tous ces gens qui, paraît-il, me calomniaient, viennent, éblouis, mendier mes sourires.

— Vous glissez sur une pente fatale ! dit le vénérable prêtre en hochant tristement la tête.

— Laissez donc, monsieur le curé, répartit en riant le comte ; je reviendrai sain et sauf, quelque chose me le dit et ce jour-là, je vous donnerai de quoi faire bâtir une belle église, car la vôtre est bien mesquine.

— Monsieur, fit gravement le prêtre, les prières sont aussi agréables au Seigneur, venant d’une humble église de village que d’une basilique.

— Je le sais, aussi n’ai-je voulu que vous prouver mon estime.

— Vous me la prouveriez bien davantage en suivant mes conseils.

— Vous en demandez trop, dit M. de Navailles en tendant la main au curé, qui s’était levé pour prendre congé.

Quand les deux amis furent seuls, Vernier, qui s’était levé pour saluer le prêtre, reprit sa place et regarda le comte bien en face.

— Ainsi, dit-il, tu es complètement résolu à faire un second voyage ?

— Oui, dit nettement le jeune homme.

— C’est bien : que notre destinée s’accomplisse.

— Ce qui veut dire ?…

— Que je ne te laisserai point partir seul.

Allons donc ! s’écria joyeusement le comte, je savais bien que tu finirais par te ranger à mon avis.

— Tu te trompes ; je ne partage nullement ta manière de voir : j’ai la conviction que tu vas faire une sottise, mais je suis trop ton ami pour ne pas veiller sur toi. Il est bien certain qu’avec le Caïman et un bon capitaine pour le commander tu pourrais, au besoin, te passer de moi, puisque tu connais la route à suivre, pourtant, je crois pouvoir t’empêcher de faire quelques folies, car, il faut bien le reconnaître, tu n’as pas l’étoffe d’un chef d’expédition.

— Tu n’es pas poli, dit aigrement le comte, froissé dans son amour-propre.

— Je suis sincère, ce qui vaut mieux. Le plus mauvais service que l’on puisse rendre aux gens, c’est de leur casser des encensoirs sur le nez.

— Ainsi, tu es prêt à partir ?

— Oui.

— Bien. Voici donc ce qu’il faut faire : je vais me rendre à Paris où je resterai une huitaine de jours, afin de régler quelques affaires en litige. Pendant ce temps, tu te rendras au Havre, et tu t’arrangeras pour trouver un équipage sérieux sur lequel nous puissions compter.

— Les hommes qui nous ont déjà accompagnés ne demanderont qu’à repartir ; je sais où les retrouver.

— Allons, allons, dit le comte en se frottant les mains, nous avons encore de l’or sur la planche. Ah ! messieurs les gens du monde, vous vous êtes permis de me calomnier ! … Attendez mon retour…

— Toujours ton sot orgueil, dit amèrement Vernier.

— Eh ! mon cher, chacun prend son plaisir où il le trouve. Le mien sera de voir crever d’envie tous ceux qui m’approcheront.

Au lieu de continuer sur ce sujet, Vernier haussa les épaules et fit dévier la conversation en parlant des préparatifs de départ.




Oh ! fit le prêtre avec un mouvement d’horreur… (page 77).